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Jean Guiloineau (Traducteur)
EAN : 9782253142676
505 pages
Le Livre de Poche (01/10/1997)
4.19/5   39 notes
Résumé :
Kristien s'était juré de ne plus revenir dans son pays, l'Afrique du Sud, révoltée par l'apartheid comme par la frilosité des progressistes. Durant dix ans, elle a vécu sur un autre continent une vie librement choisie de femme moderne. Il faut l'appel d'Ouma, sa grand-mère, grièvement blessée dans un attentat, pour la convaincre de revenir.Ouma entreprend de lui conter la vie des neuf générations de femmes qui les ont précédées. Neuf générations de rebelles, qui tis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai fait ce voyage en Afrique du Sud aux côtés d'André Brink il y a plusieurs semaines déjà et pourtant les souvenirs de cette terre lointaine ne s'estompent pas. Ce récit initiatique, sur les pas des origines de Kristien m'a attirée, enivrée, possédée. J'ai l'impression d'avoir foulé cette terre, d'avoir observé son ciel, d'avoir connu ses peuples, sans jamais y être allée.

L'auteur a un vocabulaire expressif et descriptif. Aucun détail, aucune émotion, aucune musique, aucune rencontre nous échappent. La plongée dans l'histoire de cette famille à travers les récits d'Ouma m'a bouleversée et touchée au point d'avoir l'impression parfois d'en faire partie.

Ce qui est sûr, c'est que les questions de Kristien sur le sens de la vie, sur ses origines, sur les injustices qui dévastent son pays ne m'ont pas laissée indifférente. Ce qu'elle a vécu est un chemin d'humanité. Il s'adresse à chacun d'entre nous.
Pour savoir qui on est, où on va, il faut savoir d'où on vient.

Ce livre est un diamant comme il y en a tant dans ces contrées australes. N'hésitez plus. Plongez dans les pages de ce livre et volez avec les oiseaux colorés de ce coin de terre.
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Va falloir de l'imagination sans tomber dans les sables... Mouvant...
Comment raconter un tel ouvrage ? On est peu de temps avant l'élection de Mandela, auprès d'une femme qui renoue avec ses racines du ciel. Qui retrouve sa soeur Anna, sa grand-mère Ouma (personnage emblématique du récit). Kristien Muller la femme qui nous raconte ses émotions, des anecdotes, son enfance, sa féminité, sa difficulté à se créer dans un monde brut fait d'une frontière définie entre deux entités le noir et le blanc...,
Kristien nous prend par la main et nous conduit dans cette Afrique du sud qui vit encore à ce moment là de son histoire ; l'Apartheid.
La poésie magique du roman d'André Brink fait penser à cent ans de solitude, au vieil homme qui lisait des romans d'amour, à l'allégresse des auteurs d'Amérique Latine ( du moins dans la tonalité, dans la couleur et la lumière). Quand Ouma raconte les histoires de la famille, on l'accompagne dans les légendes de l'Afrique, et alors on se laisse emporter.
Les oiseaux qui tout le long du roman sont les compagnons d'Ouma donne une impression surréaliste, mystique à ce personnage, et la magie opère, ça ne semble pas surprenant.
Je ne veux, je n'ose dévoiler l'intrique, ou s'il faut donner une trame avouer juste qu'il s'agit de l'histoire d'une femme qui renoue avec son passé, son avenir, avec son pays, qui pense à son parcours de vie, qui est Africaine, blanche, militante de l'A.N.C, qui parle avec une sincérité touchante de ses soucis, de ses amours…
Alors ce n'est pas le roman le plus fort de Brink, j'avoue, ce n'est pas un chef d'oeuvre incontournable (à mon humble avis), mais si vous avez l'occasion, s'il vous tombe dans les mains comme cela a été le cas pour moi, si cette période de l'histoire vous intéresse, si vous voulez voyager, ressentir les nuances de cet Apartheid, remonter le temps et vivre cet époque là, ce roman est pour vous.
Et dire que tout ça est écrit par un homme. André Brink.
Quel talent…
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Les Imaginations du Sable/André Brink
Kristien Müller, la narratrice, installée à Londres depuis une dizaine années doit rentrer au pays, l'Afrique du Sud, car Ouma sa grand-mère avec qui elle a toujours eu une relation privilégiée, a été attaquée par des incendiaires dans sa ferme en pleine campagne et grièvement brûlée a besoin de soins.
le présent du récit se situe au moment des premières élections libres multiraciales, en Avril 1994, élections remportées par l'ANC, mouvement politique au sein duquel milite depuis toujours Kristien, notamment à Londres. C'est à la suite de ces élections que Nelson Mandela devient le premier président noir du pays.
Kristien retrouve sa soeur Anna, mariée à Casper, un personnage raciste et militant contre l'ANC. Alors que Kristien qui a retrouvé ses racines et renoué avec son passé est à son chevet, Ouma lui conte par fresques successives l'histoire de ses ancêtres, une histoire dont Kristien a parfois bien du mal à distinguer l'affabulation surréaliste enjolivée ou fantasque, de la vérité historique. L'histoire de neuf générations de femmes qui vont se succéder tout au long de ce roman de 500 pages est écrite par un homme, André Brink, ce qui est une prouesse. Des femmes de caractère, rebelles mais généreuses. C'est aussi l'histoire souvent tragique et violente de cette terre d'Afrique du Sud qui est évoquée au travers des aventures de ces femmes : les guerres, les treks, les migrations… Blancs et Noirs sont également attachés à cette terre, et cet amour incommensurable fut de tout temps la source de guerres et de raids meurtriers.
Et puis le présent revient avec d'autres drames et Kristien jusqu'au dernier moment s'interroge sur son avenir. Peut-elle envisager de ne pas rentrer en Angleterre ? Son amour du pays sera-t-il plus fort que le compagnon qui l'attend à Londres ?
Extrait du passage racontant le lendemain des élections de 1994, alors qu'un immense vent d'espérance balaie le pays :
« Chaque personne que je croisais dans la rue s'arrêtait pour me saluer et me serrer la main. Pendant des années, alors qu'il n'y avait pas d'animosité ouverte ni de soupçon, les Noirs et les Blancs restaient invisibles les uns aux autres, faisant comme si l'autre n'existait pas : maintenant, il y avait un sentiment de découverte dans la reconnaissance de notre présence mutuelle. »
Un très beau roman et bien écrit d'André Brink, mort en 2015, et qui toute sa vie a lutté contre l'apartheid.
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Plusieurs éléments étaient présent pour me plaire. Une belle plume et du réalisme magique qui me rappelle un peu 100 ans de solitude. Par contre, la chronologique utilisée pour rapporter les récits des différentes générations ne semblait pas avoir de logique et je me perdais dans tout ses générations. Aussi, j'ai été dérangé par la sexualité omniprésente et non nécessaire dans ce roman. Ça semble presque une obsession, allant de celle qui partage sa joie de la maternité pour sentir du lait maternel coulé sur son corps au trop nombreuse fois où les hommes semblent abuser des femmes. Je pense vraiment que le livre ce voulait être un vecteur d'empowerment pour les femmes, mais je percevais beaucoup trop une écriture/regard d'homme pour apprécier le tout.
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Kristien s'était juré de ne plus revenir dans son pays, l'Afrique du Sud, révoltée par l'apartheid . Durant dix ans, elle a vécu sur un autre continent une vie librement choisie de femme moderne. Il faut l'appel d'Ouma, sa grand-mère, grièvement blessée dans un attentat, pour la convaincre de revenir. Ouma entreprend de lui conter la vie des neuf générations de femmes qui les ont précédées. Neuf générations de rebelles, qui tissent les mille et une nuits de l'Afrique du Sud. de Kamma, changée en arbre, à Lottie, disparue à la recherche de son ombre, de Samuel, qui étrangla son mari dans ses cheveux, à Rachel, enfermée dans une cave, peintre de fresques scandaleuses et ineffaçables, ces destinées prises entre légende et histoire incarnent l'insoumission des femmes à la brutalité coloniale et raciste. Leur héritage ? Un imaginaire commun à tous, Blancs et Noirs, enracinés dans le même amour de la terre africaine. Poésie, imaginaire fécond et toujours une sensualité vibrante éclairent les livres de André Brink.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C'était un vieil homme merveilleux. J'ai toujours pensé qu'il ressemblait à un prophète de l'Ancien Testament. Sa famille était venue de Lituanie en Afrique du Sud, en survivant aux pires épreuves. Il avait coutume de dire que deux choses l'avaient aidé. Le rire et les histoires. Avec eux, affirmait-il, rien ne peut tuer ton esprit. Dans le Talmud, on dit que Dieu a créé les hommes pour qu'ils lui racontent des histoires, me confiait-il; mais ensuite, ils l'ont malheureusement oublié, ils ont oublié qu'au début, ils n'étaient eux-mêmes que des histoires racontées par Dieu. Et depuis lors, si l'on devait croire le vieux Moishe, les hommes et les femmes se racontaient des histoires. Pour combler le vide puisque le Grand Conteur s'était endormi. Il était merveilleusement intarissable sur sa propre existence qui, chaque fois, devenait différente. Pour lui, la vie était une longue fête. Il me racontait comment, quand il était enfant et pauvre comme Job, il gagnait de l'argent en pleurant aux enterrements. Pour une prestation de pure forme, on le payait un shilling, et pour des sanglots bruyants il en gagnait cinq. S'il pleurait de façon inconsolable au point de dégringoler dans la tombe, ça pouvait monter jusqu'à une livre. Inutile de dire qu'il finissait invariablement dans la fosse d'où on devait le tirer. C'est ce qui l'avait mis sur le chemin de la prospérité. Pas étonnant que le vieux Moishe, avec ses histoires et ses livres, même s'il ne venait que deux fois par an, m'ait sauvé de la solitude.
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C'est ici que je veux être, que j'ai eu besoin d'être, depuis si longtemps. Pleurer - pas de façon hystérique, mais dans un flot régulier et incontrôlable. Je m'accroche à lui comme si je me noyais, enveloppée par son corps immense et bon, encouragée par sa voix, et ses mains caressant mes cheveux. Je pleure pour Ouma Kristina, pour mes défunts parents, pour toutes les femmes derrière et autour de moi, ressuscitées dans les histoires d'Ouma et acceptées maintenant comme une part de moi-même; je pleure pour mon enfant mort et pour les amants que j'ai perdus, pour Michael; je pleure pour Anna et ses souffrances, pour Lenie avec son soutien-gorge neuf et la joyeuse ignorance de la petite Nannie; je pleure pour Sandile et pour Nizopho et tous ceux qui sont comme eux; je pleure pour les enfants qui ont mis le feu à cet endroit, pour Jacob Bonthuys dans la cave parmi les étoiles, pour Langenhoven et la jeune fille qui vivait avec le monstre Brolloks et pour Loeloeraai, pour Trui et sa famille; je pleure pour les vivants et les morts, pour le gâchis que nous avons fait de ce pays, pour l'incommensurable tristesse du monde, pour les oiseaux qui sont partis, pour le sang répandu des femmes au coeurs des âges, je pleure, je pleure.
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Après le déjeuner, alors que nous sortons par les portes de verre, un vieil homme quitte le bar, à petits pas comptés, en faisant tout son possible pour qu'on ne voie pas qu'il est soûl. En même temps, au prix de grands efforts, il met son chapeau; mais à l'envers.
Du comptoir, le barman, sérieux comme un pape, crie : "Oom Lamie, tu as mis ton chapeau à l'envers !"
Le vieil homme s'arrête, vacille, se retourne et répond avec une grande dignité : "Comment sais-tu dans quelle direction je vais ?" Et il sort.
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Sandile était une source d'émerveillement constant. Il pouvait se montrer infiniment attentif; mais quand il y avait du travail à faire, rien, pas même mes tentatives les plus provocantes, ne pouvait le distraire. Il était dévoué, passionné. Il aimait mes pieds. Il était gaucher, comme moi. Il était poète, en secret. Il était brillant. Il était, surtout, marié.
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Si l'optimisme était une maladie, Abel serait en soins intensifs.
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Vidéo de André Brink
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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