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EAN : 9782226435200
528 pages
Albin Michel (05/05/2021)
4.23/5   15 notes
Résumé :
« C'était mieux avant. » Avec la pandémie, l'unanimité de ce thème qui paraissait jusqu'alors marqué d'une nostalgie stérile revient avec insistance.
Mais de quel « avant » parlons-nous ? Celui de la société de consommation triomphante des années 1960-1975 ou de la société chrétienne millénaire qui l'a précédée ?
Dans une plongée vertigineuse vers notre passé récent, Patrick Buisson nous entraîne des coulisses du concile Vatican II aux assemblées génér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'ouvrage porte sur le processus de décomposition de la paysannerie, des valeurs liées à la "virilité", de la notion du "pater familias" et de la pratique du christianisme en France. L'auteur s'appuie sur de nombreux exemples et références littéraires et cinématographiques et il y a beaucoup à y apprendre à la lecture. L'essayiste s'abstient de commentaires personnels, de jugements de valeur et c'est important parce que son écrit induit beaucoup de questionnements. La seule fois où il s'autorise à tirer une conclusion est une erreur selon moi. Au début du livre, il interprète le concert des casseroles à 20h en période de confinement à une manifestation de valeurs obsolètes: l'entraide, la solidarité, la gratuité des services et des gestes. On pourrait tout aussi bien y voir l'expression d'une "servitude volontaire" à la pensée unique véhiculée par la télévision au sujet d'une pandémie qui, somme toute, comme le dit l'auteur lui-même n'aura pas causé tant de dégâts que cela. Pour ma part, j'ai trouvé le traitement de la perte d'audience du catholicisme beaucoup trop longue (250 pages sur 490) et sujette à des redites sous d'autres formes. Je me permets de suggérer aux lecteurs d'avoir bien présent à l'esprit, pour éviter toute connotation préoccupante aux questionnements qu'il ne manquera pas d'avoir au fil des pages, qu'il est dans la nature de l'homme occidental de toujours changer les choses sous couvert de "progrès", d'"évolution" toujours présentés pour le meilleur, bien entendu, et qui, invariablement, profite au Capital...
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Celui que l'on surnomme couramment " le mauvais génie de Nicolas Sarkozy " eut aussi l'oreille de François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan . L'expression " mauvais génie " contient certes le vocable " Génie " et à n'en pas douter P. Buisson est un homme instruit et un fin débateur , hélas ce vocable est fort justement accolé au terme " Mauvais " .

P. Buisson , ami avec François Duprat , ( numéro deux du FN avant d'être assassiné ) , ne peut cacher ses accointances avec l'extrême droite française .

Promu sous la présidence de Sarkozy au titre de Chevalier de la légion d'honneur et par le pape Benoît XVI Commandeur de l'Ordre de saint Grégoire le grand ( le pape a de bien mauvaises fréquentations ) , P. Buisson est déjà l'auteur de très nombreux livres qui confirment volontiers le coté mauvais de son " génie " . Ce dernier titre , de prime abord n'inverse pas la tendance . Je confesse ne pas l'avoir lu mais à quoi peut-on s'attendre de bon d'un si triste sire ?


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Depuis la crise sanitaire, gérée de manière si catastrophique, jamais le mal-être collectif n'a été aussi grand. N'est-il pas lié à la perte de toutes les valeurs du monde d'avant ? On les appelait gratuité, solidarité, entraide, dévouement au bien commun, primat de la vertu publique sur le calcul égoïste, sentiment d'appartenir à une communauté nationale et volonté de la servir, même au mépris de son confort et de ses intérêts particuliers. Tout l'inverse du monde nouveau promu par Schwab, Macron et autres mondialistes pour qui seuls les intérêts et les profits des plus riches et des plus puissants importent. Pour Buisson, tout s'est joué en 1960 et 1975 (fin des Trente Glorieuses) pendant lesquelles, sous nos yeux ébahis, nous avons pu assister à la désertification des campagnes, au démantèlement du catholicisme traditionnel au profit d'un syncrétisme humaniste depuis Vatican II et à la destruction de la paternité ainsi que celle de la famille. La conséquence en fut une victoire du libéralisme, libertaire sociétalement et totalitaire politiquement et économiquement, du consumérisme effréné et de l'hédonisme, cette jouissance sans contrainte.
« La fin d'un monde » est un essai historique et sociopolitique de très grande qualité. Patrick Buisson, surtout connu comme conseiller particulier et éminence grise de Nicolas Sarkozy, est également un authentique intellectuel qui nous propose, dans cet ouvrage bien écrit et particulièrement fouillé, une étude des 15 années qui nous firent basculer lentement d'un monde dans un autre. Un véritable travail de sociologue, d'historien, d'économiste et d'ethnologue. Ses analyses et descriptions de la mort programmée du paysan, du croyant et du père sont d'une belle pertinence et d'une grande finesse. Un vaste attirail de notes et références bibliographiques attestent du sérieux de l'oeuvre. L'auteur ayant sous-titré son ouvrage « Histoire de la révolution petite bourgeoise », on pourrait y ajouter celle d'une longue décadence, d'une inversion des valeurs et d'une disparition lente, insidieuse et organisée de toute une société. Autant l'auteur est précis et presque pointilleux sur le démantèlement du monde rural, de la chrétienté et de la paternité, autant il se fait discret sur l'invasion migratoire. Seule lacune de cet ouvrage par ailleurs aussi excellent que… déprimant.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
La France du vide
Une hécatombe silencieuse, une mort par asphyxie, une saignée ininterrompue : les images se bousculent, aucune n'est véritablement appropriée pour rendre compte du phénomène. En trente ans, de 1946 à 1975, l'agriculture française à perdu les trois quarts de ses effectifs. En trente ans, la population active agricole est passée de 7,5 millions à 2,1 millions et la main-d'oeuvre masculine a été divisée par trois, celle des femmes par six. Au-delà du bilan chiffré, Jean Giono y a vu l'oeuvre d'un implacable tri sélectif : « Si je fais une différence entre le paysan et le reste de l'humanité, c'est qu'à ce moment le départ s'est fait entre ceux qui voulaient vivre naturellement et ceux qui désiraient une vie artificielle. »
Une double mobilité caractérise alors ce vaste mouvement de déprise humaine et le différencie des périodes antérieures : d'une part les migrations intrarurales dans un périmètre réduit qui bénéficient aux petites villes et aux bourgs des campagnes, d'autre part un exode plus classique à destination des grandes villes ou des villes moyennes. A l'intérieur même de ces flux, les migrations rurales qui touchent les ouvriers d'usine, les employés, les commerçants et artisans se superposent aux migrations proprement agricoles qui concernent exclusivement les travailleurs de la terre pour faire du dépeuplement un processus complexe d'éloignements ou de glissements successifs.
Tout se conjugue, à partir du début des années soixante, pour lui donner une ampleur inédite : la crise de l'exploitation familiale écartelée entre la force de la tradition, qui impose à l'aîné de succéder au père à la tête de l'entreprise, et le désir de promotion qui entraîne les fils vers les métiers urbains aux revenus plus élevés et plus réguliers, la modernisation des méthodes de travail et une productivité toujours croissante qui suppriment, en l'espace de vingt ans, les deux tiers des emplois de salariés agricoles, les départs précipités à la retraite dont le mouvement est declenché par la loi d'orientation d'août 1962 instituant, dans le cadre d'une «politique des structures », avec l'indemnité viagére de départ (IVD), un supplément de retraite pour les cultivateurs agés à condition qu'ils consentent à céder leur domaine sous certaines modalités. Enfin, la loi qui porte à seize ans la scolarité obligatoire, en s'appliquant aux enfants nés en 1953, est devenue pleinement opératoire à partir de 1967. Elle va fournir les gros bataillons de l'émigration-promotion des jeunes diplômés dont les effets se cumulent avec l'émigration, plus ancienne, des pauvres et des déshérités.
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Pour comprendre l’élection du plus jeune président de notre histoire, il fallait revenir un demi-siècle en arrière au moment où, selon le schéma d’Hirschman, l’histoire avait changé de cycle. Tout s’était passé en l’espace de quinze ans, ces quinze années qui couraient entre 1960 et 1975 jusqu’à épuisement des « Trente Glorieuses ». Là était la matrice à partir de laquelle il devenait possible d’identifier les césures, d’inventorier les grandes fractures et de nommer enfin les origines de la crise que nous vivions. À savoir : le krach de la foi, la destruction programmée du catholicisme rituel et festif, l’effondrement du monothéisme et, avec lui, la fin du monde des hommes, l’offensive libertaire contre la verticalité et le « nom du père » comme principe d’autorité, la destitution biologique, juridique et sociale de la paternité, le changement d’attitude devant la vie, l’érosion irrésistible des fondements de la domination masculine, la promotion du droit au bonheur individuel contre la stabilité et la pérennité des familles, le sexe comme ersatz de l’amour, la prévalence du désir sur le devoir, l’invention du corps comme projet narcissique, la mode en tant que « liberté de l’uniforme » et tenue de sortie des nouveaux conformismes, l’exhibition comme défi à la pudeur ancestrale, la licence pour liberté, l’imposition par l’industrie naissante du divertissement d’une culture de masse étrangère aux traditions populaires, la rage improductive des jeunes « rebelles » convertie en décibels et en source de profits, l’ethnocide bienveillant des campagnes, la terre livrée à une intensive exploitation chimique, l’économique comme réenchantement du monde et l’homo oeconomicus en tant que modèle achevé de l’aventure humaine, la préférence pour l’immédiat aux dépens du long terme, l’éthique pour morale, la marchandise et le discours publicitaire en guise d’eschatologie, le marché et la consommation pour fins dernières.

Au terme du formidable développement économique qui caractérise la période, la société française est devenue méconnaissable. Les Français, toutes catégories confondues, se sont considérablement enrichis, mais toute une culture de la dette, du devoir et du sacrifice à plus haut ou plus grand que soi est en passe de s’éteindre. Certes, il y a encore des mères pour se dévouer entièrement à leur famille et à leurs enfants, des pères qui poussent l’abnégation jusqu’à l’héroïsme, des fils et des filles pour prendre en charge leurs vieux parents, des chefs pour exiger davantage d’eux-mêmes que de leurs subordonnés ; autant de chromos placés sous le signe des vertus chrétiennes ou des anciennes normes sociales. Mais il y a aussi plus de familles désunies et plus d’unions rompues, plus de crèches et d’hospices pour accueillir les deux bouts de la vie, plus de contestataires dans les facultés et d’insoumis à la conscription, plus de réfractaires à l’autorité, d’où qu’elle vienne.
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Tous les anthropologues font débuter l'histoire de l'humanité aux premières sépultures. L'homme devient humain à partir du moment où il consent à l'indémontrable, du jour où, ayant acquis une conscience douloureuse de sa finitude, il décide de changer cet événement biologique qu'est la mort en événement spirituel. En l'espace d'à peine deux décennies, la modernité lui a fait emprunter le chemin inverse. Et ce chemin ouvre une béance. Dans l'oubli de la mort, l'homme ne se sépare-t-il pas de lui-même? Ne met-il pas de côté son humanité?
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La pandémie de la Covid-19 aura fait en France environ 65000 morts en 2020. Soit une surmortalité de 9% par rapport à 2019. Sans doute les historiens s'interrogeront-ils devant le désarroi si ce n'est la panique qui se sont emparés des pouvoirs publics et d'une grande partie de la population face à un phénomène aux effets, somme toute, limités, sans commune mesure en tout cas avec les grands fléaux qui avaient jusque-là accablé l'humanité.
(incipit)
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En bref, nul n'était plus exclu de la possibilité du salut éternel et les bénéfices de l'affiliation à l'Eglise visible se trouvaient, du même coup, quasiment réduits à néant. On pouvait être sauvé sans appartenir à la maison Dieu via sa filiale romaine. A la stupéfaction de très nombreux fidèles, la divine Providence semblait abandonner l'enseigne évangélique du "beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" ( cf. Ma 22,14 ) pour s'offrir une licence d'open bar.
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Vidéo de Patrick Buisson
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Du concile Vatican II en 1965 aux événements de Mai 68, Patrick Buisson fait l'éloge d'une France forte de valeurs chrétiennes, patriarcales et communautaires, et se désole de les voir progressivement mises à mal pêle-mêle par la modernité, le féminisme ou la technologie.
Une condamnation du progrès social qui a parcouru la deuxième moitié du XXe siècle, de l'élévation du niveau de vie des Français, aux avancées du droit des femmes, à laquelle Marlène Schiappa répond en deuxième partie d'émission.
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