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Christian Garcin (Traducteur)
EAN : 9782374253473
64 pages
Rue de l'échiquier (05/05/2022)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Le récit intime et évocateur d'une passion interdite par Otis Kidwell Burger, écrivaine américaine emblématique encore méconnue en France.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'amour est une saison et pour Otis Kidwell Burger, un été sera cette saison, l'été 1957.
Dans une préface sincère, l'autrice évoque le contexte dans lequel éclos cet amour : une vieille maison isolée et inconnue, des vacances estivales avec famille, amis, enfants et les Catskills comme terrain de jeu (baignades, barbecues, randonnées, cueillettes de baies etc.), un belvédère vibrant, témoin de chassés-croisés amoureux.

C'est dans ce refuge temporaire, installé au coeur des monts Catskill, dans ce havre de paix et de vie que Otis Kidwell Burger à la faveur de nuits scintillantes écrit des poèmes, des sonnets, une forme particulière adoptée pour la première fois, à l'homme qui l'a éveillée mais cela elle ne le sait pas encore. Un cadre et un lieu inspirant qui dès la première nuit convie l'autrice à coucher ses ressentis sur du papier alors que la présence d'âmes défuntes, de fantômes rodent autour d'elle : une peur présageant d'une grande joie, une solitude aux aguets en attente de partage pressentant une rencontre.

Quarante six sonnets pour Quarante six pauses d'instants capturant l'essence d'une union, d'une harmonie, de son atmosphère. Un recueil, fruit d'une histoire d'amour dont la trame se tisse au gré des fils affectifs et émotionnels. Des mots qui éclatent, jaillissent sans entrave, se dilatent pour devenir intemporels, des visions d'une passion naissante, vivante.

Les mots d'Otis courent, glissent tendrement comme des caresses échangées par des amants. Un débordement de reconnaissance à son homme Pan qui lui offre aux crépuscules, dans la magie d'un été, les mystères et les secrets de l'amour, de la vie et du vivant avec la complicité du ciel et de la terre. Des textes marqueurs d'émotions, des jours et des nuits qui s'égrainent dans le bruissement du vent, le fourmillement de la nature, et les courants des torrents. Oui, l' amour est une saison .
« L'amour est une vacance, un séjour dans un autre pays. Pourquoi le coeur le confond-il toujours avec un retour chez soi ? » .

Une parenthèse poétique, une célébration de l'amour, de la liberté et de la nature ; une très belle découverte dénichée dans l'étagère d'une petite librairie indépendante.

Retrouvés par Otis Kidwell Burger dans le tiroir d'un vieux bureau ces textes ont été publiés de son vivant sous forme de recueil en 2018. Je remercie Christian Garcin pour cette traduction qui m' a envoûtée et nous permet de découvrir cette auteure décédée en 2021 à l'âge de 98 ans.
L'amour est une saison a été édité par Rue de l'échiquier en 2022.

Un gros coup de coeur.
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Heureusement que ces sonnets, retrouvés au fond d'un tiroir soixante ans après, en 2018, ont été publiés car voilà pour moi une pépite!

L'auteure, âgée au moment de leur parution de quatre-vingt quinze ans, explique dans la préface, poétique déjà en elle-même, les circonstances dans lesquelles ces textes ont été écrits. Elle a passé avec ses enfants plusieurs mois de l'été 1957 sur un haut plateau des Catskills , en co-location avec un autre couple, encore ensemble malgré leur désir de séparation, car venant d'apprendre la maladie incurable de l'épouse.

Leur attrait commun pour la vie sauvage va rapprocher le mari et Otis, et ils tombent amoureux, sachant pertinemment que cet amour sera voué à être éphémère. A la fois tendue par cette situation inconfortable et exaltée par ses sentiments, l'auteure trouve dans l'écriture un exutoire.

Il est important, je trouve, de restituer le contexte pour mieux comprendre les poèmes. Fusionnant la nature et le bouleversement intérieur, les mots sont intenses, émouvants, profonds:

" Etre avec toi est simple et violent;
C'est comme être emporté vers l'aval d'une rivière,
Là où les larges eaux dérivent lentement, ondulent
Entre les champs verts, et les herbes entraînées frémissent"...

On suit toutes les nuances de ses émotions , l'évolution de cet amour , sa fin tourmentée. Cependant, les textes évoquent aussi la beauté de cette montagne isolée , la maison qu'elle apprend à chérir:

" Comme la terre est belle, comme le matin emplit
D'une vaste et lente lumière l'agitation mouvante du flot
de nos vies hasardeuses...feuille, torrent, et vallée, collines
S'élargissant sans cesse au-delà de la faible portée de l'oeil..."

J'ai été emportée par cette dimension cosmique donnée à l'élan passionné. Figure emblématique de Greenwich Village jusqu'à sa mort en 2021, j'espère qu' Otis Kidwell Burger, grâce à ce recueil magnifique, sera moins méconnue en France. Elle le mérite.





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critiques presse (1)
LesInrocks
02 août 2022
Ode au désir et au végétal, l’œuvre poétique d’Otis Kidwell Burger est une révélation
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
8

Souffle et fleuris, ô monde, et ouvre-toi grand
Au ciel et au vent, à la nuit et au midi de l’été.
Absorbe cette lumière et cette chaleur pénétrante
Dans tes racines, tes graines ; endors-toi sous la lune
Quand le soleil s’est obscurci à l’ouest ;
Prends ce qui est offert ; cela ne durera pas ;
Et garde tout, sans réfléchir, dans ton coeur…
L’obscurité aussi bien que le jour, la griffe du faucon
et le chant de la grive,
Ne laisse rien partir, rien sauf les regrets,
Ta prise leur est hommage, chaque partie
Ne valant pas moins que le tout. Oublie tous les remords ;
Ils sont un bandeau posés sur les coeurs clairvoyants,
Et il y a du temps – ou peut-être pas – pour regretter
Davantage ce que l’on n’a pas fait que ce que l’on a fait.
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Un chêne fait pleuvoir ses papillons de nuit comme des bijoux dans la pièce.
Je t'entends, quelque part en bas, dans la pénombre dense et fleurie,
Verrouiller portes et fenêtres, éteindre les lumières
Contre un ennemi intime...qui sait? peut-être du gel,
Et allongée seule, dans un cercle rétréci de nuits,
Criblée de lune, toujours plus magiquement fragile et perdue,
J'entends moi aussi au-delà des murs et des branches chargées de feuilles,
Le lent empilement sur les rebords des fenêtres ; le raide sifflement de la neige secrète.
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Je t'entends comme le sang dans mon propre corps
Ou comme le vent qui siffle autour de la maison;
Invisible, tu tisses un fil que je suis la seule
A pouvoir suivre; aussi secret qu' une souris
Suivant ses chemins sous l'herbe des prés
Tu glisses le long des sentiers que le soleil déclinant
Dessine dans ton esprit; je t'entends passer
Ici et là, autour de la maison, allant d'une
Confusion a une autre incertitude...oh mon amour...et moi,
Immobile a l'intérieur, rongée par la confusion aussi,
J'ai hâte de sortir et de te retenir quand tu passes;
Sauf que tu entendrais ce qui chante en moi;
Sauf que...oh, continue sans savoir, et sois libre!
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Comme le soleil s'éternise en cette après-midi;
Comme les ombres dorment, chaudes et tranquilles, entre Les pierres et les racines des herbes; comme si le midi éclatant
Pouvait durer éternellement, dans l'immobilité verte
Er silencieuse de cette lumière, où collines et vallées
S'étendent sans fin devant nous, et où le ciel N'a pas un seul nuage, pas une seule ombre pour gâcher La plénitude assoupie de ce toi et moi, De ce jour qui, pour notre bien, hésite tant
A partir ou changer. Oh, ne parle pas. Nous pouvons Peindre ensemble cette maison pour toujours, à moins que l'un de nous fixe
La limite à ne pas franchir. Le temps, en retard, Nous rattrapera si nous parlions... l'ombre s'allonge
Sous ton pinceau. Le dernier jour s'en va.
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Oui, j'ai déjà aimé, je crois, et j'aimerai
Encore quelque chose : la musique, pour le plaisir,
Ou la lune, ou la lumière des étoiles sur une autre colline;
Mais rien, plus tendrement que l'espace,
Ne chantera en moi comme l'a fait ton visage illuminé de lune.
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