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Je viens de finir de lire Mayacumbra de Alain Cadéo.
J'ai suivi pas à pas les différents personnages, ceux qui vivent à flanc de montagne, sur le plateau : Solstice, Balthazar, Cyrus, la mère Taloche, Biribine, Arnosen , Romulus, Raymond Souvignac, Pablo Moréno, le mari de Lita.
Rien qu'énoncer leurs noms me plonge dans ce monde étrange qui a choisi de regrouper en son sein des personnages hétéroclites et marginaux, comme on rassemblerait un échantillon représentatif d'humains sur l'arche de Noé avant la catastrophe.
Et puis, il y a Théo le petit clown, le poète, celui qui vit tout en haut sur la Corne de Dieu avec son âne Ferdinand, celui qui sait parler aux pierres, qui communique avec la montagne et qui en est devenu une partie inhérente. Théo qui ne peut s'empêcher d'écrire, capable d'entrer en fusion avec Lita et avec le volcan et qui finit par symboliser l'éternité par opposition à la survie bancale de l'espèce.
Mayacumbra est un livre sur la matière : l'auteur est devenu tellement puissant dans sa spiritualité que la pensée est devenue minérale : toucher la pierre, toucher Lita qui dit « elle » pour parler d'elle, comme si son propre « je » avait disparu dans la fusion absolue.
S'il fallait résumer Mayacumbra en quelques mots : je retiendrai Matière, Montagne, Volcan, Fusion, Pierres, Gemmes, Absolu, Eternité.
Impossible de sortir indemne d'un tel voyage qui nous conduit de la vie vers l'éternité !
Impossible cependant de ne pas se laisser tenter. On ne vous proposera pas ça tous les jours….

Rachel
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J'ai, par la lecture de ce roman, découvert la plume d'Alain Cadéo.
Un immense merci à Willy (l'ami passeur de mot Belge) qui m'a permis cette découverte.
Il y a de la poésie dans chaque page. Ce roman exhale un amour incroyable pour ces humains, cabossés de la vie, dont Alain nous parle avec tendresse, avec passion. En sachant mettre dans la lumière les failles et les qualités de chacun. de ces âmes perdues au bout du monde.

Extrait de la préface du roman écrite par Sylvie le Bihan :
« Il y a chez Alain Cadéo, le chant de la nature et la bienveillance aride des hommes élevés au soleil, il y a, dans ses textes, les ombres des forêts et de leurs bruits, de leurs cris qui n'effraient plus celui qui dort, niché la tête dans les étoiles, il y a dans « Mayacumbra » un style ciselé, enrobé par le rêve d'un amour impossible et il y a, chez Alain Cadéo, le petit garçon qui dessine des mots sur les nuages, un souffle, qui, chargé de ses contes, traverse les montagnes… »

L'histoire :
Celle de Théo, qui un jour a quitté la « civilisation », sa famille, bourlingué dans de nombreux endroits et fini par s'arrêter là. Au bout du monde. Plus précisément au-dessus du bout du monde. Sur le flan de la bête, juste endormie, ce volcan qui surplombe Mayacumbra. Il va aller au bout de lui-même, relever son défi, et construire de ses mains sa maison, son refuge, avec l'aide de Ferdinand son âne, son compagnon, son ami. Là, accroché à la bête qui peut l'écraser d'un soubresaut, il va défier les éléments et lui-même. Il va vivre en harmonie avec la nature âcre qui l'entoure et l'égayer de fleurs et de sculptures, tout comme il s'enivre de réflexions et de mots. Car Théo aime les mots. Il remplit des pages, pour ponctuer chacune de ses nombreuses transformations. Puis il y a les mots qui chantent pour celle qu'il aime. Celle pour qui il reste. Car au plus profond de lui, il sait qu'elle ne quittera jamais Mayacumbra, ni son mari. Lita, telle une fleur dans sa robe de velours rouge, égaye le paysage volcanique et illumine ses nuits. Elle est son trésor. Son éternité.

Lorsqu'il a besoin de provisions ou de compagnie, il dévale la pente qui le conduit à Mayacumbra. le village qui tient plus du bidonville. Un ramassis de bicoques et une boutique, la seule, le Kokinos, qui sert d'épicerie, de café et même d'hôtel. Certains inconscients s'égarent parfois jusque-là. Mais ne restent pas.
Ce lieu improbable est tenu par un couple qui ne l'est pas moins : Cyrus le patron, si gras qu'il a plus de seins que son épouse. Une asiatique acariâtre et méprisante. Elle n'aime que ses chats. Et dans ce lieu traînent tous ceux qui ont arrêté leur route là. Ils ont tous leurs raisons. Plus ou moins avouables. Mais ici seule la solidarité compte. Elle est la garante de leur survie dans ce lieu oublié. Vivent là :
Solstice, le garagiste. Celui qui a pris Théo sous son aile et présenté aux autres. Pablo Moreno, le mari de Lita. Biribine et Rolombus, les inséparables qui tiennent la scierie. Puis Arnosen, le flic maigre et fou. Balthazar le manchot, ancien guerrier Tchèque. le Duc qui sert entre autre de soigneur. Sauvignac, dit « Kaissacha » représentant illuminé de toutes les religions et enfin Giacimono, le dernier arrivé.

Tous échoués là. A cohabiter, dans le respect et la méfiance. Toujours se méfier pour survivre. Solstice le répète inlassablement à Théo.
Et la vie s'écoule. Au fil du temps, de la nature, des herbiers que Théo enrichit chaque jour, de son roman-bureau. Ce lieu qui l'abrite aussi bien que le ventre d'une mère et d'où sa création sortira. Il en est certain. Puis l'attente, douloureuse, délicieuse, des rares visites nocturnes de son amour. Tout cela en défiant La Corne de Dieu, le volcan auquel il est accroché.

Extrait P.80 : « Ah, le coeur des volcans ! Celui-là, le vieux Biribine prétend qu'il l'a entendu se remettre à battre, à gronder comme un soudard en goguette, il y a une dizaine d'années. Un gros rire sous cape, un roulement de tambour, un sale coup que l'on prépare. Biribine en est sûr, ça pétera au moment où on s'y attend le moins. »

Et Théo écrit pour occuper le temps qui s'étire :
Extrait P.254 : « - La pensée est une incorrigible errante, une sublime vagabonde. C'est plus fort qu'elle, il faut toujours qu'elle se barre dans tous les sens. Je m'étais pourtant juré de la dompter. Rien à faire, cette bohémienne n'en fait qu'à sa tête. »

Mais parfois le mal, le vrai, cette noirceur innommable est portée par l'humain. Elle est sournoise cette noirceur. Elle se cache. Et soudain, telle la foudre, elle frappe, encore et encore.
Et, lorsque qu'elle se déclenche, la nature se réveille pour tout balayer.
Et les légendes naissent.



Mon ressenti :
Un roman à part. Immensément lumineux.
J'ai entendu le vent souffler, bruire la source, senti les pierres rouler sous mes pas qui accompagnaient ceux de Théo et de Ferdinand dans le sentier.
J'ai rêvé de ce bureau enveloppant, tel un cocon, qui permet aux mots chrysalides de s'envoler au loin tels de somptueux papillons.
Un immense merci Alain pour ces mots et ces réflexions qui m'ont portée très loin et m'ont fait vibrer.
En espérant avoir la chance d'échanger un jour en face à face.

Ami(e)s lecteurs, vous l'aurez compris, ce roman m'a portée comme rarement. Amoureux des mots, je ne peux que vous encourager à vivre vous aussi cette expérience.

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Le coup de coeur d'Eppy Fanny
Un roman à part. Immensément lumineux. J'ai entendu le vent souffler, bruire la source, senti les pierres rouler sous mes pas qui accompagnaient ceux de Théo et de Ferdinand dans le sentier. J'ai rêvé de ce bureau enveloppant, tel un cocon, qui permet aux mots chrysalides de s'envoler au loin tels de somptueux papillons. Un immense merci Alain pour ces mots et ces réflexions qui m'ont portée très loin et m'ont fait vibrer.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Si vous avez envie de dépaysement et de sortir des sentiers battus, le bout du monde vous attend. Mayacumbra, pauvre village qui ‘'fait penser à une plaque d'eczéma, une tache de gale sur une immense peau rousse de bison étalée sous les derniers filets de brume'', est un lieu de vie quelque peu hostile au pied du volcan "la corne de Dieu", où une poignée d'hommes et de femmes arrivés de nulle part et d'ailleurs, tentent de reconstruire leur vie.
Théo doux rêveur, poète à ses heures, a quitté le monde douillet de sa famille pour atterrir loin de tout et vivre sur la pente du volcan dans une petite cabane construite de ses mains, avec pour seul compagnon son âne Ferdinand, et la présence occasionnelle de Lita. Il lui faut descendre au Kokinos pour trouver âme qui-vive, le café du village où se côtoient des personnages au passé pas toujours recommandable.
Par petites touches, l'histoire et les personnages sont révélés. Un univers particulier, souvent rude, des personnages rustres et divers, de l'amitié et de l'amour, des peurs et des superstitions, autant d'ingrédients pour faire un bon roman. Mais il ne serait pas grand-chose sans la magie des mots d'Alain Cadéo. Poète, romancier, conteur, il nous envoûte et nous offre un plaisir immense, celui que la justesse des mots et la maîtrise de la langue peuvent procurer. Un régal sans ostentation. Une pierre précieuse taillée avec art et simplicité afin de mettre en valeur sa pureté et tout son éclat.
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Théo s'est bâti une guérite sur la pente d'un volcan et un jardin sous les étoiles.
L'"étranglé souriant", lassé de jouer les bien braves, a tout quitté un matin pour s'en aller droit devant lui, et le vent l'a mené jusqu'à La Corne de Dieu dont il est devenu la sentinelle.
Il s'est acharné sur un coin de terre dérisoire pour en faire son univers, pour y créer une complicité avec ce chaudron de lave froide.
Une complicité qu'il grâve sur la pierre, sur les murs, sur le papier pour abolir le temps.
Pour ne pas perdre complètement pied aussi, car il s'est maintes fois posé la question de savoir ce qu'il foutait là, pourquoi cet entêtement absurde.
La réponse, sa seule justification, se trouve plus bas, sous les nuages, dans le bled perdu au pied du volcan.

Mayacumbra est un ramassis de bicoques où vivotent des personnages hétéroclytes, paumés et un tant soit peu magouilleurs.
Les hommes de Mayacumbra ont pourtant leur porte-bonheur, leur talisman.
La jeune Lita est le joyau, l'équilibre de cette misérable petite société mais elle est aussi le grand amour de Théo, celle qui lui donne la joie du ventre même si elle appartient à un autre.
Parmi toutes ces âmes perdues, Solstice, le vieux garagiste, veille sur celui qu'il appelle le "petit clown", ce gamin qui fonce tête baissée dans ses lubies, cet écorché vif qui partage sa vie avec un âne.

Vivre sur les pentes d'un volcan, c'est aussi en sentir gronder, gargouiller, chuinter les entrailles, en accepter la domination et, pour Théo, sa protection.

La très belle plume d'Alain Cadéo, poète et amoureux des mots, a su m'enchanter, me faire voyager au-delà des nuages, dans un univers sans cesse en mouvement dont le coeur gronde et crache sa puissance.
415 pages de lecture intense, vibrante dont pas une ne lasse !
Un grand coup de ❤
Merci à David pour ce très beau cadeau qu'il a eu de surcroît, la gentillesse de faire dédicacer à mon intention !

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La lecture de ce roman d'Alain Cadéo, 417 pages, m'a pris environ quinze jours mais j'ai lu en un jour les 150 dernières pages. Parce que ça s'emballe. Un mauvais pressentiment. Et il suffit de penser mauvais pressentiment pour que ça arrive. Car le réel n'est que la projection, la réalisation de nos pensées, désirs, rêves. On est en pleine mousse, mouise aussi, quantique. Ce qui n'était pas se met à exister parce qu'un désir le fait exister. Désirs de vie, désirs de mort, éros et thanatos.
Mayacumbra est le roman d'un éveillé. Cela est rare. Cela donne lieu à des bonheurs d'écriture innombrables. Un éveillé c'est-à-dire un homme qui sent, éprouve, vibre, au plus intime, du plus infime à l'infini, du moment présent, ici et maintenant à l'éternité installée dans ce moment présent, un homme qui ressent combien tout est relié parfois en harmonie, en grâce, en beauté, parfois en chaos, en conflit, en violence. C'est la qualité d'éveil de l'homme qui est le tremplin de l'écriture, inspirée, traversée de l'écrivain. Qui écrit ? L'homme, l'écrivain, la Voix derrière, la Source, la Bouche d'Ombre, la Bouche de Lumière, le Vide à haut potentiel d'où tout jaillit en fragmentation comme lave d'un volcan, la corne de Dieu.
Mayacumbra c'est une géographie à 4 niveaux,
la forêt humide où vivent les hommes invisibles, sans doute une tribu primitive, très organisée, adaptée à ce milieu, ce climat d'insectes, de serpents, d'animaux venimeux et d'oiseaux comme les ibis, aux environs de 1000 mètres d'altitude
la zone tampon, faite d'arbustes, buissons, herbes de toutes sortes, une sorte de bush entre 1000 et 1500 m
la zone du volcan éteint, la corne de Dieu, entre 1500 et 2300 m avec 3 étages / l'étage de la source qui, abondante, transforme le bas en bourbier, on patauge dans la boue à Mayacumbra, / la plateforme à 2000 m, où le jeune Théo, 27 ans, va s'installer, construire sa cabane, son refuge en bois puis l'habiller de pierres du volcan, choisies et jointées par ses mains et au-dessus jusqu'au sommet, jusqu'au cratère, / une zone de laves sèches, sans végétation
et si avec un camion, on descend la piste sinueuse puis la route droite, on arrive à la ville à environ 50 kms de Mayacumbra, fin de piste, rien après, cul de sac ; la ville et ses trafics, ses marchés, ses plaisirs monnayés, ses tentations, ses mystères et secrets (celui de Lisbeth)
Mayacumbra, ce sont de drôles de zozos, de drôles d'oizeaux, des hommes cabossés, en fuite, au bout du rouleau, au bout de la piste, en quête d'absolu, d'argent, d'émotions fortes, d'invisibilité, d'amour, de chair humaine ; s'y côtoient les contraires qui s'assemblent, les semblables qui se supportent jusqu'à ce que ça craque ; je ne donnerai pas leurs noms ; il y a une vraie jubilation à les découvrir ainsi que leur portrait, leurs actions, leurs interactions ; il y a deux femmes, la chinoise et Lita, la magnifique Lita, jeune femme entre trois mondes, médiatrice entre la forêt et le volcan, entre le marais et le bush, femme entre deux hommes, parlant d'elle à la 3°personne quand elle monte à la cabane voir celui qui se considère comme le gardien du volcan, Théo, le bâtisseur, contemplatif et actif « tu lui liras ? tes mots lui font du bien ; elle se souvient de tes phrases ; en bas elle se les récite ; c'est comme une prière »; là-haut, à 2000 m, sur une plateforme protectrice, la solide cabane qu'a construite Théo, 27 ans ; il cultive son jardin, cherche des pierres, aime Lita (il la rêve, elle viendra à lui), il tient son cahier de formules comme Montaigne en sa librairie, il sculpte érotiquement les poteaux porteurs de son refuge en compagnie de Ferdinand, l'âne; il est le facteur Cheval, le Gaudi du volcan.
Mayacumbra, c'est un roman de confinés aux confins du monde quand la vie, résumée aux petites habitudes, aux détails du quotidien pesant, soudain devient Vie par la part divine en nous, la part du jeu, de l'invention, de la créativité, la part du rêve éveillé, la part d'une graine qui envahit tout (le corps, le coeur, l'âme, l'espace) puis disparaît aussi vite qu'elle est apparue, la joie, quand aussi se déchaîne le Mal, la violence, la mort atroce, infligée par des hommes, quand enfin le feu, destructeur et salvateur à la fois, du volcan, bien vivant, de très ancienne mémoire, se déverse en lave en fusion emportant tout sur son passage, y compris la cabane et statufiant Théo.
C'est un roman de vibrations (p. 248) et pour l'écrire, il faut être un diapason et au diapason.
Lien : http://agoradurevest.over-bl..
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Quelle part d'Alain Cadéo contient ce roman ? « Vouloir à tout prix graver dans le marbre des sentences définitives avec l'air entendu de ceux qui pensent tout comprendre, c'est se brouiller le ciel. Les mots, aussi maladroits soient-ils, étaient pour moi, sont encore, une substance fluide et lumineuse, un ruisseau, un passage, une trame. Maladroits, sinueux, imparfaits, mais vivants ! Ils ne sont là, pirogues effilées, que pour poser, passer, glisser, traduire, faire circuler la cantilène liquide de l'univers » (Théo – p. 130)

"Mayacumbra'' me rappelle ce poème de Kamal Zerdoumi :
Il tâtonne dans le monde
et se blesse aux rires
des pierres sur son chemin
Sa quête se heurte au labyrinthe
du destin
lui qui aimait courir au soleil
de la tendre nuit
ou battaient o miracle
deux coeurs
à l'unisson
On lui demande d'ouvrir les yeux
qu'il garde fermés
dans un rêve sans fin
où une Femme
toujours la même
le tient par la main
éternel instant
à l'abri des flammes
du réveil.

Theo… personnage principal : j'ai la faiblesse de croire que ce prénom ‘'clin d'oeil'' (ou jeu de mot) n'est pas choisi au hasard pour nommer ce jeune homme épris d'absolu et qui s'installe sur les pentes d'un volcan, au-dessus des villages et forêts. «Que ne faut-il pas détruire, brûler, amputer pour singer l'idéal, s'en dicter les formules sans cesse fuyantes ? Au-delà de ces efforts, il en est sûr, seront exaucés les justes, les attentifs, les malheureux épris du virus ‘'absolu'', tous ceux qui auront abandonné toute pensée de confort, ceux qui, après avoir longuement hésité, auront lâché les rampes maigres de leurs caricatures, pour se jeter au fond du Temps. Ceux enfin qui n'auront jamais renoncé à porter leurs rêves à bout de bras.»
Une expérience qu'il va essayer de mener, soutenu par la belle Lita, en compagnie de son âne Ferdinand et avec des rencontres épisodiques avec une bande ‘'d'âmes perdues, d'errants, de vagabonds, tous magnétiquement attirés par ce coin du bout du monde'' (résumé éditeur).

Au milieu de cette nature aride (volcan) ou foisonnante (forêt) il y a l'ombre et la lumière, le bien et le mal.

« "Mayacumbra'', c'est l'irruption caricaturale du Mal dans un univers fait de grandeur et de faiblesses. C'est L'Humain tel que je l'ai rencontré et vécu. Et c'est surtout cela la Poésie, ce mélange irrationnel de solaire et de petitesses. Chacun d'entre nous contient des îles de splendeur et des continents d'amertume et de cruauté volontaire ou pas. Tremper son stylo dans le sang des viscères autant que dans la sève des mélèzes c'est rendre à l'Homme sa richesse, c'est restituer toutes les couleurs de sa palette intime.» (interview)


Alain Cadéo est bien cet « équilibriste, entre deux Mondes chancelants » comme il se définit dans un interview.




PS – Merci à Babélio et aux Editions La Trace pour ce livre reçu dans le cadre de Masse Critique de janvier. Et félicitations à Florence, éditrice et infographiste, pour la superbe couverture qui illustre parfaitement le contenu du livre.
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Bonjour à toutes et à tous…

Note de l'éditeur :

L'absence de chapitres dans ce livre,
s'explique par la dimension intemporelle du récit.
L'auteur, en effet, n'a pas souhaité marquer de
chronologie, les césures sont seulement
des respirations…



Moi, qui justement aime être rythmé lors de mes lectures par des chapitres, j'ai eu un peu peur… Mais finalement je m'y suis fait assez vite, d'ailleurs, c'est le rythme global du roman qui en a été impacté.

L'écriture d'Alain Cadéo est très différente de tout ce que j'ai lu jusqu'à présent. Alain Cadéo aime les mots, aime écrire. Cela se ressent très vite. Il n'y a pas que le fond qui est important, la forme prend toute sa place dans ce récit. Peut-être un peu trop parfois, créant certaines longueurs, que j'ai vite pardonné, car se sont justement ces phrases là, qui m'ont permis de trainer en étirant le temps, créant ainsi un véritable univers à part entière. Des phrases qui résonnent comme une musique, comme un poème…

L'auteur nous emmène dans un endroit magnifique nommé Mayacumbra.
Sur un volcan, dans une petite cabane vit Théo et son âne Ferdinand. Théo a fuit ses démons et les villes.
Il vit seul près d'un hameau perdu au milieu de nulle part.
En effet, c'est l'endroit où il souhaite être, où il se sent bien, où il se sent vivre, où le bonheur lui tend les bras…

… Et ce bonheur se nomme Lita. Mais Lita est mariée à Moreno…

J'ai écouté Théo me raconter ses paysages, j'ai vécu sur le volcan, j'ai entendu le moindre bruit, ressenti la moindre brise sur ma peau.
Je me suis promené avec les habitants de ce bout du monde, j'ai caressé la peau de Lita, j'étais Théo…

Un volcan qui vit, un hameau de paumés, une cabane perdue à la limite du néant, de pauvres villageois aux gueules burinées…
Lita et Théo, Théo et Lita qui se donnent quelques heures de passion et de tendresse…
Alain Cadéo est un vrai poète, il joue avec ses mots, les manie comme un magicien.
Il m'a permis de voyager sans aucune contrainte, autre que celle de me laisser aller à travers ce beau roman initiatique.

Mayacumbra” fait partie de ces ouvrages qui m'ont transporté dès les premières phrases, c'est un vrai baume au coeur.
Merci à Tom Noti et aux Éditions La Trace, pour cette très belle découverte.

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Extrait :
« Il faut posséder un hamac pour comprendre le temps et ses méandres. Théo a enfin remonté la pendule afin que tout soit parfait. Un « parfait » illusoire, arrangements humains, le droit aussi à ces détails qui sont comme un répit. Puis il s'est accordé un moment de repos, une sorte de sieste féconde. Il s'est dit qu'il allait avoir un des meilleurs sommeils qui soit, un coma bien heureux… Et il s'est balancé, doucement, laissant auparavant venir dans sa tête un flot de pensées claires qu'il note dans son dernier cahier. Ça, comme on l'appelle, c'est le temps de Dieu. Et rien, absolument rien, ne peut gâcher de tels moments.»
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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Mayacumbra est le dernier roman de Alain CADEO publié aux éditions La Trace en cette fin d'année 2019.

Fan inconditionnel de l'auteur, à la fois de sa plume et de sa personne, je ne pouvais pas faire l'impasse. Et pourtant… En ces temps noirs et difficiles, en ces temps de doutes et de remises en question, en ces temps de fatigue accumulée et de perte d'envie, rien n'était gagné.

La vraie littérature à l'écriture exquise

Un texte de Alain, c'est forcément fort et marquant, c'est forcément littéraire et érudit, c'est forcément un apprentissage tel un cours de lettres des plus grands spécialistes. Lire Alain CADEO, c'est réfléchir, c'est s'élever, c'est revenir aux fondamentaux, à la réelle signification de l'écriture, du poids et de la valeur des mots, du sens des valeurs.

Je me suis donc refusé de lire Mayacumbra sans envie, sans moral, sans temps disponible.

« Où que l'on se trouve dans le monde, on ne peut jamais être tranquille longtemps. On passe sa vie à attendre, le pire ou le meilleur. »

Vous l'avez compris, j'attendais d'être débarrassé des charges mentales destructrices, j'attendais ce break de fin d'année non pas à l'ombre du noyer comme l'été, mais au calme de mes forêts landaises. Là où les odeurs sauvages se mélangent avec les champs des oiseaux, le cri du coq…, là où pollution et embouteillages sont des mots inconnus, là où règne calme et sérénité.

Et quel meilleur lieu pour cheminer avec Théo et son âne Ferdinand sur les chemins. A l'instar de Théo, je suis un solitaire, je revendique ma liberté mais j'aime l'humain, j'aime le contact multiculturel qui enrichit, qui rend humble et utile.

Dans notre monde de trahison, cupidité, orgueil et culte de l'image, à l'instar de Théo j'ai envie de fuir. J'ai envie de tout quitter et de partir sur les chemins. de Compostelle me concernant… ou de Santiago du Chili… et donc de Mayacumbra. Mayacumbra, Compostelle… si éloigné si proche, si comparable.

« Il n'y a que les choses en lesquelles on croit qui existent, tant pis pour ceux qui doutent ».

En cheminant au fil des pages, on se délecte de la musicalité des phrases, du choix des mots, des digressions toujours fort à propos de Alain. S'il donne son avis, il ne l'assène pas, l'impose encore moins. A l'inverse, il « pose cela la » comme il serait d'usage de dire aujourd'hui. Il interpelle, il jette un pavé dans la mare ou une bouteille à la mer. Chacun est libre, selon sa sensibilité, de saisir la balle au bond et approfondir. Souvent cela fait mouche tant cela pique et c'est documenté. C'est surtout d'une immense justesse.

S'il n'y a pas de chapitre, on est loin d'être perdu ou découragé. Bien au contraire, il est difficile de lâcher le livre tant la poésie nous subjugue, les références à De Nerval, Rimbaud, Baudelaire nous éclairent. Si le rythme se confond avec celui du marcheur, comme lui il est plus ou moins dynamique en fonction des chemins, de l'état de fatigue ou de moral au fil des pages. La encore, soulignons que la volonté d'avancer est inébranlable. A petit pas ou à grande vitesse, s'arrêter est inconcevable.

Ce livre est un met addictif mais tellement sain. On le savoure tel qu'il est : point besoin d'ajouter quoique ce soit. Il nous ravit, il nous fait sourire, il nous émeut. Ce livre est une pépite d'or massif, ce livre est source de lumière. Ce livre est salvateur.

Alain CADEO, ce pèlerin des mots…

Alain CADEO confirme ici qu'il est un orfèvre, qu'il est un auteur majuscule, un pèlerin des mots.
J'ai évoqué précédemment le choix des mots et la musicalité des phrases. On constate en effet que l'auteur est particulièrement attentif à la fabrication de ces dernières, à « l'assemblage » des mots. IL se lit agréablement et dois également être une pure merveille à écouter. Souvent j'ai lu à voix haute des passages et ai eu une sensation encore plus forte, plus marquante.
L'écriture, c'est la marque de fabrique de Alain CADEO. Elle est tellement caractéristique et reconnaissable. Comme le bon vin, elle se bonifie dans le temps.
L'auteur laisse une empreinte, une trace durable, indélébile dans nos esprits de lecteur, d'amoureux des livres.

« Quel est le con qui pourrait dire que les mots ne sont rien ? C'est sans doute celui qui est entouré d'une foule de bavards inutiles. »

400 pages c'est long ? Vraiment ? N'êtes vous pas les premiers à foncer voir le dernier Star Wars qui dure un temps certain ? Ou un Tarantino ?
Non vraiment, ouvrez Mayacumbra, adoptez Théo et son âne Ferdinand, découvrez Lita.

Je vous assure que ce conte restera longtemps gravé en vous, que non seulement vous ne le regretterez pas, mais que vous en sortirez réconcilier avec la littérature, la vraie, celle qui mérite qu'on dépense une grosse vingtaine d'euros. le temps n'est rien quand il est bien utilisé. On ne perd jamais de temps avec les belles et bonnes choses.

Un ami disait cet après-midi « tout le monde devrait écrire, mais seuls quelques-uns doivent publier ». Mon cher Alain, surtout ne nous abandonne pas ! Je sais que tu écris tous les jours, je ne peux te croiser sans un cahier, une feuille, un bout de nappe et ton stylo. Offre-nous encore de somptueux textes, incite-nous encore à réfléchir, maintiens dans l'actualité des thèmes et des auteurs que le monde actuel veut banaliser, oublier. Compte sur moi, compte sur nous pour en parler.

Il est dur pour moi d'écrire et de vous faire imaginer tout ce que j'ai ressenti en lisant Mayacumbra. D'aucuns diront que je manque d'objectivité. Je le sais, je l'assume et le revendique. Les auteurs à texte, ceux pour qui l'art est dans la phrase, le choix méticuleux des mots, les rythmes entrainant, les expressions travaillées, les temps inusuels… non seulement il faut les remercier mais il faut les faire connaitre, les mettre en avant.
Un dernier mot ? Pour ma part, ce sera vivement… la suite 😉

Je vous souhaite une bonne lecture et vous laisse avec l'auteur : « Ne dit-on pas que les grandes rencontres sont des électrochocs ? Elles nous laissent vidés, sonnés, coeurs battants, comme en apnée, dans une zone se situant entre le cortex et le bassin, là où enfin il n'est plus nécessaire de réfléchir. Là, où il est simplement lumineux, évident, que l'urgence est d'assembler, enfin, ce qui était perdu, disséminé depuis la nuit des temps. ».

5/5 INCONTOURNABLE – COUP DE COEUR


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Il y a des rendez vous que l'on devance, des rendez vous que l'on esquive, des rendez vous que l'on reporte. Mayacumbra fait partie de la troisième catégorie en ce qui me concerne. Suite aux billets de DavidG75 sur les livres d'Alain Cadéo, j'avais mis ce titre sur liste d'attente parmi d'autres. Et puis dans la dernière sélection de Masse Critique, j'ai vu passer ce Mayacumbra et je m'en serai voulu de l'esquiver. Je remercie donc Babélio et les éditions La Trace pour l'envoi de ce livre.

J'avoue que quand j'ai ouvert le colis, j'ai regretté tout de suite mon choix. C'est idiot mais 400 pages, c'est beaucoup pour moi, surtout quand je ne sais pas trop ce qui m'attend.
Univers initiatique, poétique, êtres cabossés, lieux mystérieux, roman mystique, que de promesses même si le coté mystique aurait plutôt tendance à me laisser à la porte. Bref, j'ai passé le pas et ça n'a pas été sans douleur. J'y suis allé sans envie en ayant dans la tête « putain, 400 pages ». C'est probablement pour ça que j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire.
Théo quitte tout pour se retrouver au bout du monde, seul en tête à tête avec le sens qu'il veut donner à sa vie. Deux fidèles compagnons quand même, Ferdinand, un âne, et un volcan sur lequel il a bâti sa cabane. Génial, 400 pages, ça va être l'éclate totale.
Ca n'a pas été simple ce début. J'ai avant tout, cherché la poésie promise mais parasité par l'état d'esprit du début de lecture, je n'ai rien vu venir, je n'ai rien ressenti. Autant dire que le « Ca (s) déo » allait vite être réglé.
Et puis et puis, petit à petit, si le coté poétique m'a malheureusement complètement échappé, je me suis attaché à Théo, à Ferdinand et aux habitants du village de la vallée. Des êtres cabossés, promesse tenue sur ce plan même si l'auteur reste très discret sur les bosses de certains.
J'ai oublié l'initiation mystique sans aucun mal parce que là aussi, je suis passé à coté… pour mon plus grand bonheur. de là à dire que Mayacumbra est entré dans une quatrième catégorie de rendez vous, celle des rendez vous manqués, il n'y a qu'un pas que je franchis. Manqué parce que si je n'ai pas spécialement aimé, je n'ai pas détesté ce livre. J'ai même tourné la dernière page avec une sensation de lecture agréable mais pas « enrichissante » comme l'aurait probablement souhaité l'auteur. J'ai lu une histoire sympathique, bien écrite mais sans ce petit quelque chose qui me fasse vibrer, qui me fasse réfléchir. Je n'ai pas été réceptif au message ou à la manière de le faire passer, c'est en cela que j'ai manqué ce rencard.
La bonne nouvelle, c'est qu'on peut lire ce roman sans être porté sur la poésie, sans se poser de questions existentielles toutes les deux phrases. On peut juste se laisser porter par l'histoire et en tirer ce qu'on peut si quelque message nous a parlé. Au pire, comme pour moi, on aura passé un bon moment (si l'on n'est pas dans un état d'esprit borné comme au début de ma lecture) avec des personnages attachants dans une nature plus ou moins accueillante.
Comme tout avis ne vaut que pour soi, j'encourage à aller lire le billet de David pour avoir un ressenti bien différent qui saura vous emmener sur les pentes du volcan.
https://www.babelio.com/livres/Cadeo-Mayacumbra/1177034/critiques/2084459
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