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Jean-Paul Manganaro (Traducteur)Camille Dumoulie (Traducteur)
EAN : 9782267020694
106 pages
Christian Bourgois Editeur (21/01/2010)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Tolstoï a quatre-vingt-deux ans. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1910, il quitte la propriété familiale de Yasnaïa Poliana. Sans prévenir sa femme ni ses enfants, il s'enfuit seul dans l'hiver glacial. Après quatre jours d'errance, il échoue dans la petite gare d'Astapovo, où il meurt une semaine plus tard. Comment expliquer cette fuite ? Alberto Cavallari mène l'enquête grâce aux journaux des rares témoins directs et à Tolstoï lui-même qui, dans la gare, écrira su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dix jours avant sa mort, par un froid hivernal précoce, Tolstoï, âgé de quatre-vingt-deux ans, réalise soudain nuitamment le rêve qu'il a nourri depuis plus de trois décennies : il fugue. Il abandonne sa grande demeure familiale, son fameux divan de peau verte sur lequel il était né, « ce radeau sur lequel il aurait voulu accomplir son voyage dans l'océan de la vie, de la naissance jusqu'à la mort » (cit. p. 15) ; se sépare surtout de sa femme Sophia, présentée à la fois comme normalisatrice et hystérique, comme avide, persécutrice et passionnée, envers laquelle ses rapports sont tout aussi ambivalents.
Pris d'une fébrilité et d'un élan d'énergie vitale (et/ou létale ?) extrêmes, accompagné et entouré de plusieurs des siens, il se soucie dans sa course folle non de sa destination mais de fuir en brouillant les pistes, angoissé par la perspective d'être reconduit chez lui contre son gré.
« Cependant, puisque fuir signifie toujours se fuir soi-même, en sachant que c'est justement cela qui est impossible, car dans la fuite ou dans le voyage “on s'emmène justement soi-même” [Sénèque], Lev Tolstoï n'avait pas d'explications. » (p. 27)
La course se termine par six jours d'agonie, entre délire et reprise de conscience, hôte du chef d'une petite gare. « Seule l'intéressait la continuation de sa fuite, devenue désormais différente, non plus éloignement furtif et précipité des autres et de lui-même uniquement, mais voyage sans fin, course libre à travers le monde, aventure d'Ulysse qui ne s'achève pas, que personne ne voudrait voir achevée malgré la vieillesse et la mort. » (p. 95)

Le célèbre journaliste italien, dans la force de l'âge, mène une enquête purement textuelle sans jamais céder à la tentation facile du roman, comme d'autres l'auraient fait, bien que matériau romanesque il y ait, et de la meilleure qualité…
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En 1910, dans la nuit du 27 au 28 octobre, Tolstoï, qui a 82 ans, quitte la propriété familiale avec son secrétaire, sans prévenir sa femme ni ses enfants. Il prend un train, puis un autre, essayant de brouiller les pistes. Ses proches sont prévenus, certains viennent le retrouver et essaient de le convaincre de rentrer. Mais il repart jusqu'à Chamardino où habite sa soeur, puis reprend un train mais, fiévreux, doit s'arrêter dans la petite gare d'Astapovo où il mourra quelques jours plus tard.

Hasard de l'édition, après les derniers jours de Zweig, voilà ceux de Tolstoï. Pourtant il n'y a pas grand-chose de commun entre ces deux fins de vie. Tolstoï fuit sa propriété essentiellement pour des raisons familiales. Sa femme, avec laquelle il est mariée depuis presque 50 ans, est très instable psychologiquement et lui fait de nombreuses scènes. Certains de ses proches la soutiennent, d'autres au contraire sont du côté de Tolstoï. Celui-ci cherche un peu de paix, un peu de calme pour continuer à écrire.

Le travail de recherche de Cavallari a été facilité par la quantité de sources parlant de cet épisode. Il faut dire qu'à cette époque en Russie tout le monde écrivait, tout le temps ! Chacun tenait son journal intime, les gens s'envoyaient des lettres, des télégrammes. Pendant ces quelques jours, je n'ai pas compté combien de courriers ont été échangés, mais c'est assez impressionnant. Et on peut ajouter les témoignages écrits des personnes qui ont reconnu Tolstoï ainsi que les articles des journaux locaux qui mentionnent son passage. Inutile de dire qu'il n'a pas réussi à garder longtemps son incognito !

J'ai trouvé vraiment très intéressante cette plongée dans l'intimité de Tolstoï pendant quelques jours. On suit ses réflexions, son travail, ses inspirations, ses tiraillements entre la vie confortable et la vie austère qui l'attire...Il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je me replonge dans Anna Karenine ou Guerre et paix...
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Dommage dans cette Fuite de Tolstoï qu' Alberto Cavallari ait arrêté son enquête une fois le souffrant arrivé à la gare d'Astapovo. Il a su si joliment nous dire que le vieillard avait tenu à voyager en 3e classe à peu près de niveau wagon à bestiaux, je passe sur les détails prosaïques, je lui dame le pion en disant que l'administration russe ordonna pour convoyer le corps l'aménagement d'un train spécial.

Le confinement dans l'Italie du nord d'où est originaire Alberto Cavallari a fait que bien souvent on a assisté à un convoi funeste de dépouilles de vieillards réduits au plus petit caisson en partance pour le funérarium. On ne choisit pas toujours !..

Mais je sais gré à Alberto pour le bon travail qu'il a fait !
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La fameuse année 1910 de Tolstoï, qui se termine par sa fuite et sa mort est un sujet éminement romanesque, ou plus exactement qui peut se prêter à mille conjectures. En plus de celui-là, je peux vous citer deux livres sur le sujet : Une année dans la vie de Tolstoï de Jay Parini dont vous pouvez trouver un billet chez Dominique (j'ai le livre dans ma PAL depuis son billet) et Tolstoï est mort de Vladimir Pozner dont vous trouverez un billet chez Lili Galipette.

Ici, on ne parle que de la fuite de Tolstoï. le récit est donc ramassé entre la nuit du 27 au 28 octobre et le 31 octobre où Tolstoï arrive à la gare d'Astapovo où il mourut le matin du 7 novembre. Quand j'ai lu la quatrième de couverture, je me suis dit ça c'est une mort à la Edgar Poe. On ne sait pas ce qu'il a fait pendant sa fuite, ni où il était mais comme il avait 82 ans, ça a été trop éprouvant pour lui. Je rappelle que je ne connais pas la vie de Tolstoï ni ses romans mais seulement quelques nouvelles (je suis en train de me rattraper. Comme le dit George, des fois, j'ai l'impression de n'avoir rien lu).

Si vous êtes comme moi, sachez que dans la famille Tolstoï, on se dit tout (mais alors absolument tout) ou plus exactement tous les membres du cercle de Yasnaïa Poliana (et ils sont nombreux) tiennent un journal et ils se le lisent entre eux. Quand Tolstoï décide de partir tout seul pour fuir sa vie, sa femme et tout le reste, c'est quand même avec un médecin et un serviteur en prévenant la moitié de sa famille et en écartant sa femme qu'il ne peut plus supporter après quarante huit ans de mariage. Tout ça est un peu extravagant. Mais c'est Tolstoï, un homme plein de contradictions, qui ne peut arriver à vivre selon son idéal (ce qui le désespère et je le comprends),

On découvre donc ici un Tolstoï à la fois fragile et déterminé, vaillant et malade. On découvre aussi sa manière de voir sa famille à travers des extraits de son journal que l'auteur incorpore en italique dans le texte comme si il faisait parti du texte. L'auteur ne prend pas parti ni pour Sophie (la femme) ni pour Tolstoï même si on suit Tolstoï (on a donc plus tendance à prendre son parti). L'auteur a priviligié une sorte d'enquête journalistique sur le sujet et donc un ton neutre. Cela ne donne pas l'impression de lire un roman ou une biographie romancée mais plutôt un article qui pourrait avoir été écrit au cours de la fuite, au jour le jour par un journaliste qui suit la compagnie.

En conclusion, j'ai trouvé que c'était instructif et plutôt pas mal. Je lirais sûrement les deux autres livres cités précédemment.
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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