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EAN : 9782070148103
128 pages
Gallimard (19/02/2015)
3.43/5   7 notes
Résumé :
«J'ai eu le courage de parcourir le bateau, de visiter les émigrants, de descendre aux cales. Et tandis que partout ce n'est que pleurs et grincements de dents et récriminations, tandis que tous à genoux récitent, en commun, des prières et des psaumes – juifs, protestants, catholiques, orthodoxes, mahométans, persans – réjouissant baragouinage – je les méprise encore plus avec leur Dieu, même au bord de la mort et jusqu'en plein naufrage.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Freddy Sauser (futur Blaise Cendrars) livre ici son premier texte autobiographique à travers le court journal de sa traversée de l'Atlantique pour rejoindre New York et celui de son retour vers la France, quelques mois plus tard, plus proche cette fois d'un cahier de notes et de croquis que d'un véritable journal de bord.

Un récit de voyage particulier, loin d'être une invitation à l'évasion, loin de ressembler à un désir de conquête du Nouveau Monde, qui laisse plutôt entrevoir chez l'auteur, une grande solitude, un besoin de fuir les gens, teinté à la fois d'arrogance et d'orgueil, mais aussi contemplatif et poétique, d'inspiration baudelairienne.

En novembre 1911, le narrateur quitte Saint-Pétersbourg en train pour rejoindre Féla à New York, une jeune étudiante juive polonaise qu'il a rencontrée en Suisse et qui deviendra sa future première épouse. Il embarque à Libau (aujourd'hui ville côtière de Lettonie) à bord du « Birma » avec la crainte d'être refoulé en Amérique pour cause de drachomae (inflammation des yeux) et prêt à envisager le suicide en ce cas.

Quinze jours de traversée le séparent de son amie, quinze jours pendant lesquels il va pouvoir se recueillir, laisser s'épanouir son amertume et se détacher des gens. « J'entreprends ce voyage pour être loin de l'hideuse face humaine […] L'épouvantement de la face humaine va cesser pour quinze jours ». Sans émotion ni excitation, il quitte le continent européen, part pour écrire et observer le spectacle grandiose de la mer, sans intention de se mêler aux passagers.

« Je ne puis les voir en sympathie […] Je ne puis faire des concessions qu'à la mer. C'est bien assez d'être avec une pareille compagne ». Et le mépris, le dédain qu'il laisse entrevoir, par petites touches, dans les pages de son journal à l'égard des hommes et des femmes sur ce bateau contrastent avec l'émotion qui le saisit lorsqu'il contemple l'océan, éprouve la tempête et le mal de mer, proche du vertige et de l'euphorie.

"La formidable beauté de l'immense".

Avec une précision remarquable, toute empreinte de lyrisme, Blaise Cendrars étudie le bateau vacillant, nous fait entendre le bruit des cordages sous le vent, le claquement des vagues contre la coque, le ronronnement des machines (elles « poupoufonnent »), intensifie avec grâce la masse des flots, offre un spectacle grandiose et très visuel de la mer déchaînée, sans cesse renouvelé, si musical que le lecteur se surprend à lire les pages à voix haute, impressionné et intimement confronté, à son tour, à cette immensité.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Avoir en main un livre sérieux, personnel, illuminé d'aperçus philosophiques, d'éclaircies, de pensées, d'une prose soutenue, mais d'une rédaction interrompue, touchant à tout, sans suite, et dont on peut facilement interrompre la lecture- Dichtung u. Wahrheit, Voyages en Italie, Autobiographies de Goethe- C'est le livre, par excellence, du voyage.
Goethe fait aussi cette remarque, que le voyage maritime est propice au travail poétique. (p. 25-53)
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Je ne fais plus attention à mes gens quoique encore parmi eux. Je ne les crains pas. Ils ne me blessent plus. Je suis à moitié absent. J'erre au loin sur la mer. Mon coeur s'apaise, mon coeur s'apaise. Je grandis, je m'absente, je deviens grave. (p. 15)
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Si l'on y pouvait mieux écrire, je serais prêt à passer toute ma vie dans les trains, devant une bougie allumée, face à face avec moi-même. (p. 22)
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Une puce me pique. Chouette, une heure après l'embarquement je jouis déjà d'ineffables démangeaisons.
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Un bateau, c'est fait pour bouger, non pour attendre, ancré près des hangars. Le mouvement est l'expression de son architecture. Il flotte, comme une femme s'avance, dans une longue traîne, majestueux. (p. 35)
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Videos de Blaise Cendrars (73) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Blaise Cendrars
Interview de : Pierre Corbucci pour son livre : LA DISPARITION D'ARISTOTELES SARR
paru le 18 janvier 2024
Résumé du livre : Un roman aux accents tragiques qui entraîne le lecteur au coeur de la forêt amazonienne dans le combat qui oppose l'humain à la nature.
Amérique du Sud, années 1920. Lieutenant du génie, Aristoteles Sarr est chargé d'aménager une piste d'atterrissage au coeur de la forêt amazonienne. le survol de cette zone jamais cartographiée doit permettre de prolonger le chemin de fer. Convaincu du bien-fondé de sa mission, le jeune lieutenant n'a pas conscience que la jungle est animée d'une vie propre, que ses ténèbres fourmillent de dangers, et qu'à vouloir dominer la nature, on a tôt fait de s'en attirer les foudres. Aux abords de l'extravagant palais de la Huanca, dernière enclave humaine avant l'inconnu, d'étranges disparitions se multiplient.
Un roman picaresque aux mille nuances de vert, aussi puissant qu'une tragédie antique.
Bio de l'auteur : Pierre Corbucci est né en 1973. Après une enfance varoise, il étudie et enseigne l'histoire et la géographie avant de mettre sa plume au service de diverses agences de communication. Esprit curieux, mélomane avisé, voyageur alerte, il est toujours à l'affût de nouvelles histoires. Son goût marqué pour les littératures d'Amérique latine et le roman d'aventures lui donne envie d'explorer de nouveaux horizons littéraires. Fervent admirateur de Blaise Cendrars et de Gabriel García Márquez, il entraîne ses lecteurs aux confins de la jungle amazonienne à travers ce second roman.
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