Elma, une vie d'ours, tome 2

Belle variante sur le thème du livre de la Jungle de Rudyard Kipling, teinté de Fantasy, avec un graphisme délicat et fin, un rendu de crayons de couleurs qui accentue la douceur de l'histoire avec un velouté tactile et lumineux, un histoire d'amour paternel entre un ours et une enfant sauvage. Il y a pourtant des moments durs dans ce récit, il y a beaucoup d'émotions. le seul reproche qu'on puisse faire, c'est que ça soit si court, sans doute parce que c'est destiné à un public jeune, l'histoire est donc simple, mais superbe.

Sous des airs du "Livre de la jungle" nous suivons Elma, petit bout de femme élevée par papa ours.
L'enfance d'Elma est sous le signe de la tendresse paternelle de cet ours qui désire avant tout le bonheur cette enfant abandonnée.
Entre un accompagnement éducatif empreint de douceur et les attitudes d'une petite sauvageonne qui a la bougeotte, les émotions sont vives. Mais le destin appelle Elma qui ignore tout de sa vie d'avant.
Avec l'aide de papa ours Elma se dirige vers la montagne aux aigles en affrontant de terribles dangers. Pourtant l'entraide est toujours au rendez-vous entre ces deux personnages.

Cette bd jeunesse en deux volumes respire la vie avec des dialogues savoureux et des illustrations où le gris bleu et le jaune des paysages se mêlent à merveille.
Chabbert qui a écrit "Les amies de papier" nous livre ici une bd sur l'attachement entre deux êtres différents.
On ne peut qu'être attendri par cette bd où l'amour familial est le coeur du sujet.

J'avais été totalement charmée par le 1er volet. C'est donc avec enthousiasme que je me suis jetée sur le second tome dès qu'il a été disponible à ma bibli.

Sans parler de déception, j'ai passé un très bon moment, ce 2nd volet est moins abouti que le précédent. En fait, tout va trop vite. On a à peine le temps de s'immerger dans l'histoire, de prendre la mesure des enjeux (intéressants d'ailleurs), que c'est déjà fini...

Bon, je pinaille un peu parce que les 2 tomes d'Elma constituent un très beau diptyque qui montre qu'on peut adopter un ton différent, teinté d'un peu de noirceur, lorsqu'on s'adresse aux petits.
Et que dire du dessin ?! Il est absolument délicieux, sans aucune mièvrerie mais avec plein de tendresse. Mention spéciale aux dernières cases. Cette ultime planche est un summum de la mignonnité.

Suite et fin de l'expédition d'Elma et son papa ours dans la forêt. Cette fois on apprend tous les tenants et les aboutissants de ce voyage périlleux : une sacré aventure qui revisite le fameux périple entre un enfant sauvage et un animal imaginé par Rudyard Kipling !
Avec un final triste (sans plus de détails!) mais émouvant pour public à coeur d'artichaut.

Le long et douloureux voyage se poursuit. Papa Ours est blessé et Elma s'agace ne pas comprendre où ils vont. Entre deux côtes à gravir, le fauve et l'enfant partagent de tendres moments de complicité. « Tu tendais les bras vers moi en riant. Ton rire, c'était le plus beau son que j'aie entendu de ma vie. » (p. 10) Mais la menace est omniprésente : Papa Ours révèle son destin à Elma, et il est lourd à porter. « On ne choisit pas sa destinée... mais moi, j'ai choisi de t'aimer comme si tu étais de mon sang. »(p. 24) La fin du voyage sera tragique, mais la promesse du vieil ours a été tenue.

J'aime beaucoup la façon dont l'histoire reste à écrire après la dernière page. C'est une autre forme de « Iels vécurent heureux·ses », une sorte de conte très grave, mais non dénué de lumière.

Récemment, j'ai découvert le travail scénaristique d'Ingrid Chabbert dans le grand méchant lapin qui m'a fait rire aux éclats. Voilà qui compense un peu pour cette lecture qui a fait couler de grosses larmes.