L'aquoibonisme ou la petite dépression larvaire comme hygiène de vie

Avec un titre comme celui de l'Aquoibonisme, on ne peut que penser à une chanson de Gainsbourg, et on ne peut que penser, au premier abord, à une oeuvre particulièrement déprimante. On pourrait le croire, oui, surtout si on commençait à le lire au premier degré. Ce serait une énorme erreur, car l'humour est là, entre les lignes, dans l'absurdité d'une vie que l'unique personnage nous livre. de l'existentialisme ? Ouais, mon petit, mais de l'existentialisme barré, comme celui que l'on peut vivre au quotidien.
L'auteur prend les situations les plus diverses et les plus humaines du quotidien et via son personnage nous balance un point de vue pour le moins étonnant. Oui, à quoi bon ? C'est la question qu'il se pose. En élargissant son spectre visuel (il parle de tout, mais vraiment de tout), avec un humour très second degré voire plus, il distille le morne et l'ennui qui touchent tout un chacun. Vie de couple, vacances, collègues, sexe, j'en passe et j'en oublie les meilleurs, tout est disséqué du point de vue du “à quoi ça sert tout ça ?” et du morne. Si on demeure un tant soi peu très enclin à prendre de fait ce qui est dit, on est bon pour une dépression (larvaire). Il n'empêche, l'humour est là, et bien sans là, sans nous rendre las.
Comment l'auteur est-il parvenu à rendre une oeuvre, où tout est fait pour nous rendre chèvre, attrayante et jouissive ? Tout simplement en nous balançant à la tronche toute l'ironie que nous offre notre vie au quotidien. Bref en nous parlant. En parlant à l'être qui sommeille (ou pas) en nous et qui en a parfois rien à foutre de tout. Oui, ça arrive. Tout le temps me concernant. Et parler au lecteur de cette manière n'est pas une mince affaire. “l'Aquoibonisme” nous interpelle et nous fait rire. Elle n'est en rien une thérapie, mais nous confronte à nos propres paradoxes tout en glissant à longueur de temps des traits d'humour détachés. Pas une page sans sourire. Pas une page sans rire même. Un peu comme le guide pratique pour les bébés “Bienvenue sur terre”, mais en beaucoup plus noir.
Aloysius Chabossot, avec ce que je pense être sa première oeuvre en tant qu'indépendant, est habitué aux succès mérités. En atteste “un drôle de cinéma”, sa dernière oeuvre, qui aurait mérité, je le pense sincèrement, un Prix Amazon (ouais, un peu marre de voir toujours les mêmes genres littéraires récompensés)...Et il aurait mérité plus d'attention avec “l'Aquoibonisme” tant, même si celle-ci demeure ancienne, nous montre tous ses talents d'humoriste dans un registre un peu moins habituel que celui qui l'a propulsé vers d'autres sphères. de l'humour sans doute expérimental, dirait-il. Mais de l'humour noir bourré d'humanité. Et ça, ça vaut bien des applaudissements tant l'exercice était délicat.
Le seule reproche que j'émettrai : “l'Aquoibonisme” n'est disponible qu'en format Ebook, alors qu'il s'agirait d'un cadeau apprécié dans mon entourage à l'approche de Noël.
Bref, chaudement recommandé pour ceux qui ont l'esprit ouvert et recommandé également pour les autres afin d'ouvrir, justement, leur esprit à d'autres contrées.