La Dernière Prophétie, tome 1 : Voyage aux enfers

"La Loge noire" est une collection de bandes dessinées de l'éditeur Glénat à dominante ésotérique dirigé par le désormais bien connu Didier Convard. Mais bon sang ne saurait mentir (ou chassez le naturel, il revient au galop ^^), et Gilles Chaillet pioche dans son amour de toujours pour la Rome antique pour la série intitulée "La Dernière Prophétie" (c'est assez dingue qu'un tel amoureux de cettre période ait consacré l'essentiel de sa carrière à la série médiévale "Vasco"… Peut-être un complexe d'infériorité vis de son mentor Jacques Martin et de sa série culte "Alix" ?)


Le récit de ce tome 1 ayant pour titre "Voyage aux Enfers" se déroule en 394 après J.-C., et commence directement par la Bataille de Rivière Froide vue et vécue par le patricien païen Flavien qui participe à l'événement : au nord-est de l'Italie, cette nouvelle lutte fratricide entre l'Empire Romain d'Occident et l'Empire Romain d'Orient s'achève par un ultime combat entre les soldats francs du fier Arbogast et les soldats wisigoths du loyal Stilico. L'Empereur chrétien intolérant Théodose triomphe (les trésors de l'héritage grecs détruits sur son ordre ne le remercient pas !) et son camp l'emporte en réunifiant l'Imperium ! Mais à quel prix ? Les pertes sont très élevées dans les deux camps et les armées romaines mettront longtemps à s'en remettre alors même que les frontières craquent de toutes parts sous les assauts des Germains, des Perses, et bientôt des Huns…

Nous assistons ensuite à la réorganisation de Rome par Stilicon, un magister utriusque militiae sobre, sérieux et sévère, mais aussi austère voire puritain, à la limite d'un Oliver Cromwell (bien différent par exemple du Stilicon brillant et volubile de "L'Aigle de Rome" de Wallace Breem).
Sur fond de mesures de rétorsion contre les anciens cultes polythéistes, la tension monte entre chrétien et païens tandis qu'une série d'enlèvements d'enfants frappe la communauté des patriciens romains n'ayant pas encore opté pour la religion des vainqueurs.
Flavien pense mettre les siens à l'abri en les envoyant à Tibur, mais son fils est enlevé à son tour et son épouse est assassinée. C'est à ce moment que la sibylle prend contact avec lui pour lui fait entreprendre un voyage spirituel dont la première étape sera une traversée des Enfers qui emprunte largement à l'"Enéide" de Virgile…


Un récit plus historique qu'ésotérique donc, magnifiquement mis en image par le regretté Gilles Chaillet, assisté par son élève Christophe Ansar aux décors, et par son épouse Chantale Defachelle aux couleurs… Ben oui, tous ces panoramiques qui s'étalent sur 2 pages c'est du travail de titans ! (à commencer par cette bataille qui sort du cadrage traditionnel mais qui ne fait qui ne fait que 4 pages, et qui s'arrête de manière frustrante à la première charge des combattants)
Après c'est de la BD franco-belge old school avec toutes ses qualités et ses limitations, sinon ses défauts : on sent qu'on a du mal à dessiner les enfants qui semblent changer d'âge et de taille au gré des pages, le charadesign réaliste fait davantage la part belle aux tronches à la Goya qu'aux beaux gosses et aux belles gosses, la traversée des Enfers sur fond noir, qui s'inspire du cinéma fantastique italien pour ne pas dire celui de Mario Bava, est peuplée de créatures fantasmagoriques pas très convaincantes… Mais tout ceci n'est pas grand-chose comparé à la majesté des décors en technicolors qui nous emporte dans une reconstruction historique de qualité qui a du demander des recherches pour les monuments et les vêtements dignes d'un moine d'un moine cistercien ! Gilles Chaillet, c'est toutes les petites mains d'un film hollywoodien à lui tout seul, et l'auteur et nous offre un beau voyage dans cette Rome antique qu'il affectionnait tant.


A suivre…
Lien : http://www.portesdumultivers..

En Syrie, dans l'ombre maléfique d'un temple dédié à Ba'al, se tramait un complot qui devait plonger l'Empire dans les ténèbres de la folie. Curieusement, personne ne sut interpréter les signes divins qui annonçaient la deuxième prophétie. Le temps des fléaux allait s'abattre sur Rome....
p48

Excusez ce propos quelque peu trivial,
beaucoup de mort pour un vulgaire trou de Ba'al
.....Bis repetita placent. T'as pas cent balles !?
mais pour ce prix là maintenant, t'as peau de balle

4* pour cet album antique
Riche en dessin et propos historiques

Ce premier tome de la série La dernière prophétie est une excellente façon de revoir l'antiquité romaine à une période charnière. 394, l'empereur Théodose venu de Constantinople marche sur Rome. Théodose, dernier empereur régnant sur l'ensemble de l'Empire, charge son maître de cavalerie Stilico de chasser les idoles païennes de Rome et d'imposer par la force le christianisme post concile de Nicée.

Dans le même temps, les enfants de notables issus de vieilles familles romaines restées païennes disparaissent, enlevés par des individus non identifiés. Est-ce le fait d'un groupe chrétien secret, la rumeur prétendant que les chrétiens mangent leurs enfants ?

Pour le sénateur Flavien, l'enlèvement de son enfant et l'assassinat de sa femme, sont le début d'un voyage aux enfers.

Très bien documenté, passionnant sur le plan historique, ce premier tome bénéficie d'une qualité graphique rare, les recréations des cités antiques sont d'une précision et d'une beauté magnifique. Il suffit de laisser son regard traîner sur la reconstitution double page du Forum en pages 14-15 pour y découvrir mille détails.

Cette série est d'autant plus poignante que son créateur, Gilles Chaillet, n'a pas pu la terminer, les Parques ayant soudain décidé de lui faire emprunter la barque de Charon.
Gilles Chaillet, dont la passion pour la Rome antique n'avait d'égal que son extraordinaire coup de crayon, y compris pour le moindre détail (le lecteur trop pressé se prive d'un grand plaisir s'il ne laisse pas son regard glisser lentement sur la minutieuse précision des décors de chaque case), nous entraîne ici dans la Rome des derniers feux, à l'époque où Jupiter Optimus Maximus se fait évincer par un nouveau venu dont la tolérance n'est pas la vertu principale. "La dernière prophétie" nous fait découvrir, ou redécouvrir, des épisodes de l'histoire de Rome que le grand public ne connaît pas forcément, notamment le règne, bref mais hors norme, de l'ébouriffant Elagabal.
Avec un bijou comme celui-ci, il est impossible de prétendre encore que la bande dessinée est un art mineur.