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EAN : 9782371141049
128 pages
Envolume (31/08/2021)
4.16/5   35 notes
Résumé :
Une rencontre, une belle rencontre. Inespérée. Mais très vite, des fausses notes, des fêlures, trois fois rien, des mots qui font mal, inutilement... Questionnements, doutes, c’est pire de jour en jour, jusqu’à l’évidence criante : "Tu" est sous emprise.


Animatrice d’ateliers d’écriture (notamment à Sciences Po Nancy) et désormais enseignante en Français Langue Etrangère, Ève Chambrot décide en 2012 de jouer avec ses propres mots. Pour elle, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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TU - Eve Chambrot - Récit - Éditions Envolume - Lu en septembre 2021.

Un tout grand merci aux éditions Envolume pour l'envoi du livre TU d'Eve Chambrot dans le cadre de la Masse Critique Babelio de septembre 2021.
Merci aussi à Nicolas de Babelio et à toute l'équipe.

TU, et IL, TU est la narratrice. IL est l'homme qui détruit TU. Aucun prénom ni nom ne sont écrits.

Vous avez déjà deviné où je vais en venir.

TU est professeure, elle s'éprend follement de IL lors d'une rencontre chez des amis. TU est plutôt discrète. IL est plutôt du genre "mas-tu vu", IL est beau, IL a une cours autour de lui, c'est un pianiste renommé.

TU n'imagine pas un instant qu' IL va jeter un regard sur elle. Elle se tient en retrait, observe, mais ne va pas vers IL. C'est IL qui vient vers TU.
IL a déjà compris qu'elle était une proie.

Et c'est le début d'une belle histoire aux yeux de TU.

Mais...

Au fil du temps, IL montre son vrai visage, le visage d'un manipulateur pervers narcissique.
TU s'interroge, pense que c'est elle qui ne le comprend pas, doute, se sent seule, se sent mal mais... elle l'aime.

Oh, IL ne frappe pas, non, pas de coups, pas de traces.

Des mots. Simplement des mots. Des mots qui frappent, des mots qui ne s'effacent pas, des mots qui humilient, des mots qui insultent. Des mots qui sont invisibles aux yeux de l'entourage. Car IL est malin.

"Ça rabote.
Ça mine, ça ronge.
Ça use" page 7

J'ajoute que ça peut tuer aussi les mots.

C'est le jeu du chat et de la souris, IL est parfois gentil, drôle, et ses mots alors rassurent TU.

Et puis, sans crier gare, les mots de IL sont mordants, cinglants, méchants.

"Tu tournes en rond, accablée, comme un poisson pris dans une nasse. Tu voudrais fuir, tu te cognes contre le grillage, tu cherches l'issue" page 85

TU pense qu'elle devient folle, elle maigrit, elle va mal, elle se sent disparaître.

Mais TU commence à comprendre, elle a la force de le mettre dehors et reprend petit à petit sa vie en mains, juste avant qu'il ne soit trop tard pour elle.

Quelques années plus tard, TU croise IL par hasard dans la rue, TU l'aime toujours !

" Tu sais très bien ce que tu ferais, s'il te regardait à nouveau avec le flamboiement du désir. Tu brûlerais"

Cette phrase est la dernière de ce récit, j'espère que TU ne retomberas pas dans son piège.

Eve Chambrot, en quelques pages bien senties nous explique le parcours de TU et sa lente descente dans le piège tendu par IL par le simple pouvoir des mots.
Nulle plainte dans dans ce récit. Juste des faits.

Des mots qui font mal, pour rien, pour le plaisir de faire souffrir, pour réduire à néant une personnalité jusqu'à ne plus être qu'un petit fantôme errant sans fin.

Parmi les lecteurs-lectrices babelionautes, il y en a qui se reconnaîtront peut-être dans cette lecture.
J'ai lu TU d'une seule traite, sans reprendre mon souffle cet après-midi. Ma critique est à chaud.

Et, bizarrement, lire TU m'a fait du bien.

TU est qualifié de roman, mais je le mettrais plus dans le récit.

Eve Chambrot est enseignante, elle a aussi animé des ateliers d'écriture (notamment à Sciences PO Nancy) . TU est son cinquième livre.



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L'emprise…
Tombée sous le charme d'un homme, l'héroïne de ce court roman se voit sombrer dans l'emprise et les tourments d'une relation machiavélique. En peu de pages, Ève Chambrot relate dans une économie de mots le parcours scabreux d'une femme parmi tant d'autres qui se laissent entrainer dans la dépendance affective au prix de sa santé. À coup de brimades, d'absences, de mensonges, de non-dits sous des faux airs d'ange, le mécanisme de l'emprise, de la maltraitance affective tisse sa toile.

Comment a l'heure actuelle est-il encore possible de se laisser embrigader dans une telle relation toxique totalement aveuglante ? Quel poison maléfique détient l'amour pour se laisser sombrer dans une telle déchéance ?
Pourquoi l'homme se joue t'il trop souvent de la femme qui l'aime ?

Trop de questions qui me dépassent. Tu, fait partie de ces livres qui font peur, qui font honte. Honte à l'amour. Honte aux hommes. Une femme ne devrait être aimée qu'avec douceur et tendresse, dans un lit de roses débarbouillées de ses épines.
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J attendais d avoir terminé l écriture de mon roman pour découvrir d autres ouvrages traitant du sujet des PN afin de ne pas être influencée de quelque manière que ce soit.

Il y a deux semaines, une amie Babeliote, Lady Birdy, a rédigé comme à son habitude, une belle critique sur le livre "Tu" et je dois dire que je lui fais une confiance aveugle dans ce qu elle écrit, tant je la trouve juste dans ses mots. C est donc avec empressement que j ai commandé ce roman, curieuse de découvrir un autre aspect que le mien pour parler de ce sujet.

La façon d écrire est très jolie, avec de beaux mots, un vocabulaire plutôt recherché, et le fait que le narrateur parle en "tu" est hyper intéressant et fait que l on plonge sans peine dans l histoire, qui est par ailleurs courte et se lit très vite.

Une jeune femme tombe amoureuse d un artiste, courtisé par toutes. Elle va chercher à ne pas lui déplaire, à se conformer à ses goûts, à s adapter à ses changements d humeur, accepter ses absences, ses allers et venues incessants. Petit à petit il devient de plus en plus humiliant et rabaissant. C est perfide, insidieux comme du poison dans les veines, et la "pauvre fille", comme dit cet homme, voit son corps céder, elle maigrit, vomit, est en proie aux crises d angoisses,...

J ai lu le roman d'une traite et je l ai globalement aimé. J ai trouvé le processus de l'emprise très bien tourné et expliqué.

En revanche, j ai trouvé peu attachants les personnages, pas assez fouillés, sans grande profondeur. On ne sait pratiquement rien ni de l'un ni de l autre, et les bons côté de l homme sont si peu brossés que l on n arrive pas à comprendre la jeune femme. On sait qu elle tombe amoureuse, certes, qu elle le trouve beau, qu il est musicien... Mais pourquoi cet attachement qu il ne nourrit pratiquement pas ? Il prend très peu la peine de la séduire et conquérir, ou du moins l histoire balaye très vite ce côté là et j ai trouvé cela dommage. Parce qu en tant que lectrice je n ai pas ressenti grande émotion.

Le style est très joli, le côté technique de l'emprise est vraiment bien réussi, mais il manque pour moi l émotion et l attachement au personnage. Ce n est évidemment que mon avis et je recommande cependant cette lecture.
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Constat glaçant d'une descente aux enfers brûlante : quand un manipulateur, pervers narcissique, prend le pouvoir sur une femme instruite et raisonnable.
L'amour n'est qu'affaire de sentiments, et la raison ici n'a pas de place. C'est bien vrai !
Eve Chambrot, par la netteté de ses phrases, par l'acuité de ses mots, par la franchise de ses ressentis, atteste ce qui existe.
Insidieux. Coupant. Tranchant. Affolant. Et je ne vous dis pas la fin !

Entendons-nous bien : Il ne s'agit pas ici de violence physique. Ce sont les mots qui blessent, et les attitudes. le mépris, l'indifférence, les sourires charmeurs quand la proie se dérobe…
Ce roman très court est à lire par les victimes de ces hommes, afin qu'elles se rendent compte qu'elles ne sont pas seules.
Il est à lire aussi par celles qui « jamais au grand jamais » ne tomberont dans ces rets infâmes, bien trop intelligentes qu'elles sont !
Il est à lire enfin par toutes les femmes, pour savoir comment agir « au cas où », comment aider une amie, une connaissance…

Je remercie les éditions Envolume pour leur proposition de lecture, avant l'arrivée en librairie fin août de cette année, et pour leur demande de critique. Je le fais d'autant plus joyeusement que j'ai adoré. J'aime beaucoup cette auteure très fine, Eve Chambrot, dont j'ai déjà lu « le noeud de pomme » et « La bonne distance ». J'avais dit dans une précédente critique que c'était une auteure à suivre, eh bien, j'ai eu raison.
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«  L'ironie est une marque de charité » .

«  La gangrène menaçait autour de «  TOI » ,tu le découvrais » .

«  Il t'étouffe patiemment dans ses anneaux de python » .

Trois petites phrases de ce court roman lu d'une traite qui claque et happe par le pouvoir des mots affûtés patiemment , «  comme le rasoir du barbier » .
Ou la puissance des mots , une arme : par leur netteté , leur brièveté , ces MOTS qui blessent , soufflent le mépris , pire: l'indifférence crasse, un amour pétrifiant , glacial. humiliant , étouffant , ou la lente et inexorable descente aux enfers d'une jeune femme pourtant instruite , raisonnable ….

Le lecteur assiste médusé aux fêlures de ces flèches acérées qui détruisent inutilement ,au mal être de «  Tu » , jamais nommée , à ses déchirements , ses questions sans réponses , ses doutes , ses renoncements aux choses et à elle - même , sa déchéance , sa perte d'identité , son effacement mental, ,sa disparition….

Un puissant piège tendu par l'unique et l'inique pouvoir des mots .

Et il suffit d'un regard , d'une parole pour retomber dans les griffes de ce pervers narcissique , prédateur toxique: plus d'échanges froideur , se réduire , se taire , s'étioler , se dessécher . comme un poisson pris dans des filets se cognant inlassablement en tournant en rond….

C'est coupant , affolant , dur , criant de vérité , de l'amour ÇA ?
Comment vivent les personnes manipulées , fragiles, exclues , sous emprise? .
Une très belle découverte grâce aux amis de Babelio qui m'ont fait acheter ce livre ! Merci à eux !

L'auteur nous happe , manie les mots avec justesse , précision , richesse ,sans pathos , à l'aide d'une plume concise, sèche , poétique , envoûtante , fluide , ciselée .
Chaque mot est à sa juste place !
Puissant !
Chacun devrait le lire !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ça rabote.
Ça mine, ça ronge, ça use.

Les mots rabotent, rongent. Ils ont ce pouvoir. Ils tarabustent sous la surface des choses, ils vous transforment en l’ombre de vous-même. Ou parfois en quelqu’un d’autre.

Caressants à l’inverse, ils font briller l’argenterie de votre ego. Ils endorment, rassurent, consolent. C’est selon. Le problème, c’est que l’on ne choisit pas. Les autres disent bien ce qu’ils veulent. Et après c’est trop tard : les mots sont prononcés. Tu connais ça par cœur, depuis le temps.

Tu l’as rencontré chez des amis musiciens. Des soirées où l’on buvait pas mal, quoique de manière élégante. C’est lui que tu as vu en premier, en pénétrant timidement dans le salon : tu ne sais jamais comment arriver, ni comment partir d’ailleurs. Il fumait, observant les autres avec une moue nonchalante. Il dominait le groupe par sa stature, Il intriguait par son silence, Il irradiait. Une prestance lumineuse, une classe folle, et toi, aveuglée dès la première seconde. Les autres femmes le regardaient de biais.

À un moment ou un autre de la soirée, la plupart d’entre elles étaient venues bourdonner autour de lui, un verre à la main. Il semblait trouver ça tout à fait naturel : Il régnait. Toi, tu l’observais depuis la cuisine, incapable de te joindre au groupe excité qui l’entourait. C’est pourtant vers toi qu’il s’était dirigé ensuite, te demandant pourquoi tu restais seule, debout devant l‘évier. Tu n’en revenais pas. Surtout ne pas lui déplaire, avais-tu pensé brièvement. À cet instant-là, tu ne savais même pas qui Il était, sinon tu aurais perdu tout courage. Vous avez quitté la soirée ensemble et Il t’a raccompagnée dans une invraisemblable voiture couleur sang qui vrombissait comme un avion. Fin de la scène 1 : les anges et le paradis, les trompettes, le nectar, les dorures.
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«  Ça rabote.
Ça mine, ça ronge.
Ça use.
Les mots rabotent, rongent. Ils ont ce pouvoir .
Ils tarabustent sous la surface des choses .Ils vous transforment en l’ombre de vous - même .Ou parfois en quelqu’un d’autre » ….
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« Chaque jour est un exercice de renoncement.
Renoncement aux choses, aux gens.
À toi-même. »

« Tu peines à trouver comment te situer, de quelle façon, à quelle distance.
Tu remâches de vieilles humiliations.
Tu vomis de la colère.
Masi c’est peut-être de ta faute, depuis le début. »
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Il avait tout de suite vu tes failles, dès le premier soir, dès la première minute peut-être, pendant que tu le regardais, en adoration déjà. Il s'y était engouffré.

Tu le comprends enfin.
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...Sous l'influence coupable du Malaga, Mogrhabine et Gastibelza s'assoupirent devant le feu moribond, la braise virait à la cendre et la cendre volait au vent, la nuit était silencieuse des cigales de l'après-midi...lorsqu'il vit le pain et le Niolo tombés de la besace de l'homme à la carabine, Victor Hugo songea avec nostalgie à Esmeralda et Quasimodo prisonniers du cri des gargouilles de Notre Dame de Paris...une larme se forma sous la paupière de son oeil gauche...

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