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EAN : 9782954126005
Les Inapercus (18/04/2012)
4.5/5   2 notes
Résumé :
La fleuriste est la meilleure, la plus douée, a
déclaré la voisine.
La commerçante a expliqué ces fleurs-là,
ces fleurs-là meurent jolies.
Vous pensez bien, je sais les choisir.
De toutes les mortes, ce sont vraiment les plus
jolies.


Immense et rouge | Akın Çetin et Marie Chartres
isbn 9782954126005
14 x 19 cm | 64 p. | 13,5 €
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est une voix qui se chuchote comme un conte, mais qui tisse, en piquetés rouges, l'après “ils se marièrent et eurent…” C'est une âme qui déploie, sous la féminité qui se craquelle, ses motifs fondateurs en chambre d'échos brisés. C'est une femme, prise dans le silence immense et rouge d'un mariage qui dissone avec les espoirs de ses livres d'enfant.

Ne lui reste plus qu'à “gaver le silence” de ses fleurs de mots aux pétales froissés de pourpre, pour dire ses mythes originels : la petite fille disparue sous le corps-fruit voué à faner (“elle est abricot. Elle a une pivoine rouge sang au milieu du ventre. Elle est un fruit, elle est une fleur. Bientôt pourri, bientôt fâné”); le ciel, immensité à écrire, qui s'acidule, “bleu bonbon“, ou se grisaille, infini cadavre ; le sang, flaque & “berceau” qui imbibe chaque souvenir, tantôt fleur de viscère promettant l'avènement du féminin, tantôt passé coagulé de terreurs ; l'oiseau qui, loin d'être le compagnon de la princesse de contes de fées, est cadavre, âme maternelle évanouie, memento mori berçant de ses ailes d'archange la narratrice.

Et la mort, la mort plus forte que cet amour déçu, la mort qui transfigure chaque promesse du conte...

La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/immense-et-rouge/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Immense et rouge est le récit poétique et troublant que Marie Chartres nous livre, autour de la déréliction d'un couple, de la folie qui guette, et du fardeau de la culpabilité qui ronge l'épouse désincarnée.

Les photographies d'Akin Cetin, jeune photographe et vidéaste turc, donnent corps à ce monde fuyant dans lequel l'épouse s'offre en patûre à l'humiliation et à la dévoration.
Lien : http://lesinapercus.fr/2012/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je ne veux plus rien savoir de cette histoire, je ne veux plus jamais l’entendre. Il baisse les yeux lorsqu’il le lui dit et puis il a ce mouvement de tête, toujours là, comme ça, comme s’il avait honte ou qu’il était blessé mais elle n’arrive pas à s’en empêcher. Elle veut toujours lui raconter l’histoire du petit oiseau au cimetière en caoutchouc. Un conte que l’on raconterait aux enfants avant d’aller dormir. Il fait cette tête de garçon fâché comme si son histoire n’avait aucun sens. Elle commence à parler fort et à rire, il y a ce spasme qui la secoue, un claquement sec, la chute d’un corps et elle dit tu ne peux rien contre ce qui s’est passé.

Il plie sa serviette de table, il passe les doigts sur les plis, une fois, deux fois, trois fois tandis qu’elle raconte le matin où elle a voulu sortir dans le jardin, il avait plu toute la nuit, il est très nerveux, quatre fois, cinq fois, si elle continue de parler, elle pense que tout ira bien, le temps restera immobile, les jours se suivront, diction, répétition et là c’est vrai que tout pourra aller, six fois, sept fois, elle est sortie du cellier, le ciel était gris et froid, elle a fait demi-tour pour enfiler ses bottes, elle a enfoncé son pied droit dans la chaussure, a forcé, forcé et en parlant comme si elle chantait, l’épouse a expliqué que la cruauté est un puits sans fond parce que durant de longues minutes, elle a continué de forcer sans chercher à comprendre, huit fois, neuf fois avant de saisir qu’il y avait une chose tout au fond, quelque chose de monstrueux qui changeait de forme sous la pression du pied, une sorte de tissu qui s’ouvrait en corolle spongieuse. Un printemps dégueulasse sous les orteils.

Le ciel est bas en couleur chrysanthème et lorsqu’elle a compris qu’il y avait là un oiseau mort, décomposé au fond de sa botte, elle a voulu hurler, il y a un cadavre sous mes pieds. Dans le jardin, les fleurs étaient rouges sanguines, elle s’en souvient très bien. Il continue de passer ses doigts sur les plis de la serviette. Elle a retiré son pied mais c’était trop tard, hein, trop tard parce que voilà, ça lui fera toujours penser à son mariage, le moment où il lui avait passé la bague au doigt, ce qu’elle avait ressenti lorsqu’il lui avait glissé l’anneau, elle avait eu la même sensation. Un dégoût et la corolle spongieuse.

Elle commence à pleurer en disant qu’elle a passé son pied à l’eau de javel, à s’en brûler la peau. Mais son mari à cet instant déplie sa serviette et prononce espèce de pute, il répète, pute, je vais te laisser. Un de ces jours, j’en finis avec toi et avec moi, un de ces jours, j’en finis avec nous. Tu me rends fou, je ne sais plus quoi faire avec toi.

La pièce est vide, la serviette à terre, le mot pute claque encore dans l’air, il n’y a plus qu’elle dans la cuisine. Elle voulait simplement raconter l’histoire de l’oiseau mort au cimetière en caoutchouc.

C’est tout,

Juste cette histoire d’oiseau décomposé sous son pied. Et la corolle qui lentement depuis se déplie au centre de son ventre.

Elle regarde le cadavre de la serviette pliée, martyrisée, petite flamme de l’enfer, tu me fais du mal à te voir jetée à terre.

L’épouse la ramasse et fait un nœud à la serviette devenue mouchoir pour se souvenir à l’infinitif que le petit oiseau est mort.
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