L'étrangeté d'un dessin élégant s'étale dans une succession de compositions statiques étrangères à tout mouvement. Les personnages féminins, à la beauté froide et altière, mystérieuses et racées digne d'une Greta Garbo ou de
Marlene Dietrich traversent le récit dans des décors à la fois frugaux et minimalistes. Rien n'est de trop dans ses compositions spartiates. Les personnages y occupent la majeure partie de l'espace et l'environnement n'y est qu'accessoire. La parcimonie des dialogues renforce le poids du graphisme.
Les couleurs sont appuyées et sombres, les décors stylisés et contrastés aux franches couleurs primaires. Les contours sont gras et appuyés. Ils contribuent à appuyer la dramaturgie du récit, à noircir les coloris. Les traits minimalistes aux imperfections de perspectives et de proportions, conférent au dessin un aspect assumé faussement naïf.
Le coté théâtral et géométrique de courbes par moment exagérées rappelle le trait d'un Fernand Leger adoptant également le caractère trapu et massif de ses silhouettes. Une inspiration Art déco suinte de chaque case. On y ressent la prohibition, les mafias ethniques, « Il était une fois l'Amérique », dans un New York industrieux.
Les liens fraternels se brisent sur les sentiments amoureux. Les tueries « frivoles » remplacent les traditionnels carnages mafieux de quartier jusqu'au drame définitif. La belle mais sépulcrale Ida en vaux-t-elle la chandelle ?