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EAN : 9782845168886
293 pages
Pu Clermont (14/11/2019)
4.67/5   3 notes
Résumé :
De par sa situation insulaire, l'Angleterre n'a cessé de s'approprier les récits des catastrophes naturelles qui ont façonné son histoire pour se forger une identité poétique qui lui est propre et affirmer une sensibilité particulière aux phénomènes extrêmes. Cet ouvrage se propose d'explorer la première modernité anglaise (XVIe-XVIIIe siècles), époque du "petit âge glaciaire" où l'écriture du moi l'emporte peu à peu sur l'écriture du nous, à travers le prisme de ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie vivement les Presses universitaires Blaise Pascal et Babelio qui m'ont donné l'occasion de découvrir ce précieux ouvrage.
Je ne pensais pas lire les chapitres de manière linéaire mais plutôt commencer par ceux qui m'intéressaient le plus et terminer par les autres. Mais après avoir lu l'introduction, j'ai été happée par le premier chapitre puis le suivant et ainsi de suite jusqu'à la fin.
Des recherches passionnantes et intelligibles pour le lecteur non averti, des analyses littéraires, historiques, théologiques ou encore philosophiques abordées par le prisme de la "catastrophe naturelle".
Cette dernière n'a cessé d'alimenter l'imagination de l'homme : des livres d'heures aux oeuvres littéraires sans oublier les livres de bord.
J'ai trouvé les analyses des pièces Une tempête et Macbeth de Shakespeare extrêmement passionnantes. Je les avais déjà lues ce qui a grandement favorisé ma compréhension.

Voilà un excellent ouvrage dont je vous recommande la lecture dans le cadre de vos recherches universitaires ou pour étancher votre soif de savoirs.
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Un livre érudit compilant treize études, présentant par le biais de la littérature la britannique manière de réagir aux événements climatiques du 16ème au 18ème siècle.
En effet la perception des catastrophes et leurs représentations dans la production d'écrits forgent la spécificité de la culture britannique.

Chapitre 1 : Interprétations religieuses : la manifestation de Dieu
Les catastrophes naturelles avaient une dimension surnaturelle et représentaient des punitions divines. L'exemple d'un manuel de prières de Thomas Bentley (16ème siècle) fournit des incantations spécifiques lors d'événements climatiques ordinaires ou extraordinaires afin d'apaiser la colère divine face à la médiocrité de l'homme. La dégénérescence morale et spirituelle de l'époque serait en effet la cause des catastrophes naturelles vécues, le repentir et le changement des comportements étant indispensable.

Chapitre 2 : Débats philosophiques : la rationalisation de l'impensable
Petit à petit, les manières de penser évoluent avec l'idée, tout d'abord, que l'homme n'est plus au centre de l'univers. Ainsi, la perception des catastrophes naturelles change, on observe une réponse stoïcienne face à celles-ci. Elles sont inévitables et représentent une renaissance. L'homme est ainsi libéré de sa culpabilité.

Chapitre 3 : Explorations maritimes : luttes, témoignages et constituions des savoirs
Les explorateurs de l'époque ramènent témoignages et données chiffrées de leurs périples. Les Européens découvrent les conditions climatiques extrêmes de la Nouvelle-Angleterre et comprennent que cette zone est pourtant habitable. le capitaine Cook ramène une pléthore de données sur l'océan Antarctique dans ses livres de bord. Les hommes découvrent ainsi la diversité des événements climatiques et s'adaptent.

Chapitre 4 : esthétiques du désastre : de la musique au théâtre
Dernière partie sur une mise en scène des événements climatiques. Dans les broadside ballads tout d'abord. Aux 16ème et 17ème siècles, ces chansons imprimées sur feuille volante étaient vendues à bas prix et rapportaient des épisodes sensationnels de la vie quotidienne mais aussi des événements climatiques exceptionnels. On y retrouve l'exhortation à se repentir face à cette punition divine, mais ce qui est le plus notable est le fait qu'elles donnent la parole à ceux qu'on n'entend jamais : les gens du peuple qui témoignent. Mise en scène donc avec données chiffrées des dégâts occasionnés, témoignages pleins d'émotion, mais également humour et dérision. On peut trouver un autre exemple de théâtralisation avec es tempêtes providentielles comme celle qui sauva l'armée britannique en dispersant l'invincible Armada espagnole.

Bref un livre très enrichissant, passionnant et instructif.
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Autant l'avouer tout de suite, cette chronique est très différente de celles que je propose habituellement parce que son thème et sa construction le sont également.
Cette compilation de travaux thématiques sur la première modernité britannique et sa façon d'appréhender les catastrophes a largement fait travailler mes neurones et j'ai beaucoup aimé cette stimulation néanmoins accessible.
Au long de quatre parties thématiques, les contributeurs de cet ouvrage ont proposé une étude de l'usage que la littérature anglaise de la première modernité a faite de la catastrophe. le premier temps traite de l'interprétation religieuse de la catastrophe; le second des mécanismes de rationalisation du XVII° siècle. Dans le troisième volet, on se penche sur les voyages scientifiques et l'expansion, coloniale et commerciale, avant de finir sur un temps passionnant qui traite de la catastrophe comme un objet esthétique.
Dans chacun de ces articles, qui brille par sa clarté et la richesse de ses sources, un aspect de la question est abordé à travers des textes classiques, plus ou moins connus du grand public.
Évidemment, il est plus simple de suivre l'article consacré à la Tempête de Shakespeare ou de la prise en compte des catastrophes dans les différentes mises en scène de Macbeth parce qu'on a lu l'oeuvre, mais grâce à de larges citations et à des explications particulièrement claires, je n'ai pas ressenti non plus de difficultés particulières sur des textes que je connaissais moins.
J'ai même pris un net plaisir à entrer de plain pied dans l'univers des boadside ballades, ces textes publiés sous forme de feuillets, souvent chantés, et qui reprennent largement les phénomènes naturels touchant Londres ou Cork.
Car l'enjeu est là. Bien avant la création de la météorologie au sens moderne et des débats sur le dérèglement climatique, l'Homme a été confronté à des catastrophes naturelles, des événements exceptionnels ou extrêmes.
Si au départ de la période étudiée, on y voit surtout un châtiment divin, et le rappel de l'omnipotence de Dieu, capable de détruire et de sauver, l'évolution religieuse du royaume fait de plus en plus la part belle à la responsabilité de l'Homme dans son destin et, inversement, une manifestation de la puissance des Tudor. de même que le paysan voit les signes avant-coureurs de la catastrophe et la surmonte grâce à sa connaissance et à son expérience, de même, Elizabeth I° triomphe des éléments et des obstacle. L'art sur la littérature emblémique est à cet égard simplement passionnant.
Je suis restée un peu perplexe dans la troisième partie. Il n'y est plus question de catastrophe naturelle mais des rigueurs du climat sous des latitudes différentes. Tentatives d'hivernation en Arctique ou tempête sur la route des colonies, on y voit la façon dont la rudesse environnementale apparaît comme un obstacle, mais aussi une épreuve qui renforce le mérite du colon.
Cependant, là encore, l'analyse proposée est riche et intéressante, tout autant que les annexes sur les productions des artistes que Cook emmena avec lui dans ses expéditions et leurs aquarelles, de William Hodges notamment.
Au final, c'est là un livre qui offre un regard pointu et pourtant accessible sur un temps où on commence à chercher une cause plus "scientifique" au monde que la seule volonté divine. Un temps, celui des débuts de l'anthropocène où l'attitude de l'Homme peut être vue comme impactante sur la nature qui l'entoure, ... une leçon qu'il eût été bon de retenir avec plus de recul.


Lien : https://melimelodegwen.fr/in..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La tempête est spirituelle ou elle n'est pas.
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C'est en devenant sensible que les êtres et les choses acquièrent la possibilité de s'affecter les uns les autres.
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