Si, fort des connaissances disponibles et dans l'esprit d'une science-fiction presque réaliste, nous nous livrions au jeu de la Création, construire un homme en suivant le plan de son génome décrypté ne nous prendrait ni plus de temps ni plus de matériaux que fabriquer une souris. Sur le terrain de la psychologie, nul ne peut désormais se rallier à la position d'un Descartes ou d'un Buffon et affirmer que les bêtes agissent sans but. Elles ont des sentiments, des objectifs, elles pensent, s'organisent socialement, ont le sens de la famille et du groupe ; elles peuvent voyager mentalement dans le temps, dans le passé ou vers le futur ; elles imitent, possèdent très vraisemblablement une théorie de l'esprit ainsi qu'une conscience ; elles savent, et parfois, elles savent qu'elles savent ; elles créent ou développent des cultures qui se différencient au gré des traditions et de l'histoire locales. Bien entendu, elles souffrent quand on leur fait du mal. Elles possèdent parfois le sens de la mort. Et enfin, quand on s'efforce de l'étudier avec finesse, leur monde cesse de nous apparaître aussi pauvre que ce qu'en dit Heidegger.
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