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EAN : 9782290142608
253 pages
J'ai lu (19/01/2000)
3.75/5   53 notes
Résumé :
Ils ont le langage rude et les mains abîmées par le travail, mais leur courage est immense, et leur dignité farouche.
Ils sont les héros de ce sixième volume des oeuvres complètes de Bernard Clavel. Clavel est célèbre pour ses personnages inoubliables, tous des humbles, des hommes et des femmes du peuple. Dans ses romans de la maturité, on les retrouve encore grandis, les travailleurs qu'il aime et qu'il connaît pour en avoir été : un ancien boulanger (Quand ... >Voir plus
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Bernard Clavel n'est plus guère à la mode aujourd'hui, c'est peut-être pour cela que j'en ai trouvé plein à Emmaüs, qui attendaient sagement preneur. Un peu trop vite épinglé comme romancier du terroir, c'est aussi un humaniste, et j'aime ses livres qui, même si ce ne sont pas des monuments de littératures, sont des valeurs sûres. On n'y trouve pas vraiment de méchants, et il y a toujours une large place faite aux sentiments simples et francs.
Après ce préambule, je dois avouer que j'ai été un peu déstabilisée par cet opus, qui dévie un peu de la route que suivent habituellement les romans de Clavel (ou du moins ceux que j'ai en mémoire, j'ai l'air de m'ériger en spécialiste de cet auteur, ce que je ne suis absolument pas). Les Roses de Verdun, c'est le récit qu'Augustin Laubier fait à Clavel des derniers mois de la vie de son patron, l'industriel Martinon, et, à travers le récit d'un voyage en voiture vers Verdun et Aulnois, des grands événements de la vie de celui-ci. Une vie marquée par deux guerres, l'une qu'il a passée aux commandes de son usine, et l'autre dans laquelle il a perdu son fils.
Au soir de sa vie, cet homme interroge ses choix et sent monter sa culpabilité face à ceux qui, comme de très nombreux camarades de son domestique Laubier, ont perdu la vie dans les tranchées, puis face à ceux qui ont fait leur devoir jusqu'au bout face aux armées nazies. Fabriquer des obus de qualité dans ses usines, est-ce un argument suffisant pour ne pas aller soi-même au front, ou cela fait-il de lui un « planqué » ? C'est la question lancinante de ce court roman Et il faut toute la plume douce de Bernard Clavel, le regard tendre qu'il porte à tous ses personnages quels qu'ils soient, pour rendre la complexité de ce débat intérieur sans la trahir.
C'est un livre qui laisse un goût d'inachevé. Mais je crois que cet inachevé est voulu par Clavel, à chaque lecteur de porter le jugement qu'il veut sur le personnage ou, justement, comme Clavel, d'essayer de ne pas juger, de reconnaître la complexité d'une vie et des choix qui l'ont jalonnées, sans émettre de jugement définitif et péremptoire qui sont rendus si faciles a posterio par le temps écoulé et par la connaissance de la fin de l'histoire. C'est Laubier, en double de Clavel, qui a probablement raison. Il conte les événements, il les commente à peine et il reste à sa place, il est témoin. Un livre qui laisse pensif, méditatif.
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Les Roses de Verdun :: Deux hommes : l'un serviteur : Augustin, rescapé de l'enfer de Verdun (guerre 14-18) est embauché comme chauffeur par un brillant homme d'affaires pendant 30 ans.
"Monsieur", le maître, féru de cyclisme pendant sa jeunesse, grand amateur de belles automobiles, deviendra le grand patron d'une usine de fabrication de pièces détachées automobile, de camion et ...d'obus, à la veille de la seconde guerre mondiale. Il commercera avec l'armée française et fera fortune. Devenu grand bourgeois, demeurant dans une grande propriété close de murs, jalousé par certains, il sillonne les routes de France pour ses affaires accompagné de son chauffeur.
Entre les deux hommes au cours de ces années un lien se nouera, respectueux pour Augustin, presque d'amitié pour "Monsieur". Augustin deviendra jardinier, homme de peine tout en restant chauffeur. Logé avec sa femme et son fils Pierre dans une petite maison située dans le grand parc de la propriété, le fils de "Monsieur", Régis et Pierre, grandiront ensemble.
En 1939 à la déclaration de la seconde guerre mondiale, "Monsieur" tentera de protéger son fils (lieutenant) en le faisant embaucher comme ingénieur-spécialiste (hors des combats) dans une usine d'instruments électriques, dirigé par un de ses amis..
Je ne dévoilerai pas la suite laissant au lecteur la découvrir.
J'ai lu ce livre en deux soirées. Je ne le regrette pas. C'est une histoire tragique, humaine, dans un style simple,, avec un regard sur les différences de mentalité entre deux classes sociales :maître et serviteur, dans un contexte historique contemporain.
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Un voyage, un ultime voyage que Lucien Martinon, au seuil de la mort, ravagé par le mal de Bright, partage principalement avec Augustin Laubier, son factotum depuis une trentaine d'années. Un voyage au coeur des souvenirs, heureux et moins heureux, des remords et des regrets, qui nous dévoile la solidité des liens qui se sont tissés entre les deux hommes de classe sociale opposée au fil du temps.

Les petits bonheurs issus des jeunes années de leurs enfants, élevés ensemble dans la grande propriété possédée par les Martinon dans la vallée du Rhône au sud de Lyon - région bien connue de l'auteur - ou de leurs folles escapades ici et là pour les affaires de Monsieur, sillonnant les routes au volant de belles automobiles conduites avec dextérité et audace par l'un ou par l'autre.
Les blessures engendrées par les deux conflits sanglants qui ont meurtri la France durant le siècle dernier. Pour Lucien, les remords d'avoir échappé au front du premier et d'avoir construit une partie de sa fortune sur la vente de pièces d'artillerie durant celui-ci ainsi que son impuissance à sauver son fils lors du second ; pour Augustin, l'enfer des tranchées et la culpabilité d'en être sorti vivant.

" Comme bien des gens simples qui ont toujours vécu très près de la nature, Augustin Laubier avait un langage à lui, sans fioritures et pourtant d'une certaine richesse. Voulant reprendre son histoire qui ne m'a jamais quitté, j'ai tenté de reprendre à peu près sa langue. ", confie Maurice Clavel dans le prologue de l'ouvrage. Installant l'humble domestique comme narrateur, l'auteur opte pour une plume complètement dénuée de grandiloquence, en parfaite adéquation avec l'image qu'on se construit de l'employé des Martinon.

Ce roman à l'atmosphère nostalgique, écrit avec sobriété, chargé en émotions et que je méconnaissais totalement avant de tomber dessus de façon fortuite, m'a grandement touchée.

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Un roman inattendu chez Bernard Clavel, mais qui démontre l'étendue et l'éclectisme de son talent.
Il est ici capable de nous emmener avec beaucoup de douceur et de sentiments dans la dure réalité des conséquences d'un conflit comme de l'arrivée de la vieillesse, des derniers jours.
Très beau roman, et quand on le termine, on referme le livre et on reste un moment silencieux, à méditer ce que l'on vient de lire... d'apprendre, de prendre.
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J'ai aimé ce livre ! le style de Clavel est brillant : il choisit comme narrateur un vieux domestique et trouve en toute circonstance le ton qui convient au personnage : à la fois simple et distingué.

On sent même une certaine tendresse de la part de Clavel pour ce domestique, Augustin Laubier, car il est respectueux et aime faire son travail le mieux possible. Ses patrons sont paternalistes, parfois agaçants à nos yeux aujourd'hui mais c'est de leur époque. En tout cas, ils l'estiment et le traitent lui et sa femme, domestique à leur service aussi, avec beaucoup d'humanité. Personne n'est parfait mais chacun fait de son mieux vis-à-vis des autres : modèle à suivre !

De plus, Laubier évoque avec discrétion et retenue l'horreur extrême de la guerre de 14-18, la vie dans les tranchées, la peur inévitable que même les plus courageux y ont connue et la mort quotidienne à Verdun de la plupart de ses camarades…
Certaines pages sont exceptionnelles. Cet homme tout simple nous touche profondément avec ses réflexions et sa sagesse, il est estimable et même plein de grandeur. En cela, on reconnaît le talent et l'éloquence pudique de Bernard Clavel.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il pleuvait toujours autant. J'avais froid. J'avais mal. Une envie de pleurer me serrait fort la gorge et je me suis un instant imaginé parcourant ce cimetière en lisant les quinze mille noms. J'étais certain que je retrouverais des copains.
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Nous placions chaque corps à l'entrée de notre trou à rats. Leur empilement nous protégeait. On entendait les éclats s'y enfoncer avec un bruit mou que je n'ai jamais pu oublier. Nos morts empêchaient la mort de venir jusqu'à nous.
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- Laubier, je suis foutu!
Sur le coup j'ai été choqué, mais j'ai pensé qu'il parlait comme on peut le faire quand on se sent vieux, fatigué ou déprimé.
-Allons, Monsieur, solide comme vous êtes.. vous..
Il a levé sa longue main blanche pour m'interrompre.
- Non, je sais ce que je dis.Depuis si longtemps que nous nous connaissons, vous faites un peu partie de la famille.
- Merci, Monsieur, je suis très touché.
-Je ne vous en ai jamais parlé, mais vous le savez bien. Ce sont des choses qui se sentent, n'est-ce pas ?
Comme je voulais lui rappeler les bontés qu'il a toujours eues pour nous, il m'a encore fait taire pour poursuivre :
Je vous demande de tarder ça pour vous.
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La vieillesse et la maladie s'entendent à merveille pour faire de nous des ombres de ce que nous avons été.
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Cette route, c'était une artère. Au bout, il y avait une blessure par où le sang coulait... Et il en fallait toujours davantage.
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