Un livre vraiment très intéressant qui m'a énormément servi à l'occasion de la rédaction de mon mémoire de fin d'études de psychologie.
Plein de concepts utiles et fins concernant, le travail prescrit, par exemple.
Beaucoup d'exemples qui clarifient les concepts, et une lecture qui je le crois est accessible.
Pour toutes les personnes qui s'intéressent ou sont amenées à s'intéresser au monde du travail et à ce qu'il y reste d'humain, c'est un livre qu'il sera bon pour vous d'entrouvrir, voire plus.
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"[...] Au pied du mur, in fait le boulot et les procédures et les papiers viennent plutôt après qu'avant. Le travail se fait. Au siège, il arrive même qu'on fasse des plans sur des modifications déjà faites dans la pratique ! Et pourtant ce travail est invisible d'en haut et même méprisé. A côté de ça, on gère tout. Même pour une centaine d'heures, on multiplie les états d'avancement. On gère et on gère encore. On met tout sur ordinateur et ça occupe du "mental". C'est de l'auto-occupation qui devient une vraie dérive." Un travailleur interrogé par l'auteur.
La métamorphose des significations dans le langage serait impensable en dehors d’une transformation du sens de l’activité des femmes et des hommes qui travaillent, c’est-à-dire sans l’élaboration de relations intersubjectives modifiées.
[Le rire est] acte d’affranchissement des dissonances ou des conflits d’une activité », du rire comme « procès d’émancipation symbolique des tensions réelles, comme puissance active dans la situation et non comme forme décorative de la conduite. [Il est] une régulation symbolique de l’action en raison même du fait qu’il se présente aussi comme une « échappée » qui la porte plus loin. Par le rire, l’activité s’échappe de son cours, se sépare d’elle-même, se dépasse.
L'état de dysfonctionnement à la fois permanent et invisible de l'extérieur, par lequel on peut définir les systèmes techniques contemporains, porte à considérer que "récupérer une situation" qui dérive est maintenant au coeur des activités professionnelles. "L'activité de récupération n'est pas entièrement définie par la tâche, elle dépend du travailleur, de sa conception du travail, de son style et, déjà, de ce fait est au coeur de l'analyse psychologique.
Tous les "microclimats professionnels" qu'il a été possible d'approcher ne trouvent, alors, dans aucune "météo" générale de quoi penser leur avenir. Du coup, il en résulte un trouble du confort intérieur de chacun, il dépasse la question - pourtant si douloureuse - des licenciements pour toucher au vif du sujet abordé dans ce chapitre : celui d'une subjectivité à la fois requise et répudiée.
Yves Clot - Travail et pouvoir d'agir