J'ai du mal à exprimer ce que je ressens après cette lecture. En lisant le dernier chapitre, mon coeur s'est complètement brisé, et j'ai du mal à mettre des mots sur ce qu'il se passe en moi.
On rencontre Lola, Patrick, et Julien, qui vivent ensemble suite au décès des parents de Lola et Julien. Patrick les a rejoint pour aider Julien à s'occuper de Lol. Ce sont trois personnages meurtris par différentes situations familiales : des parents soudainement décédés pour Julien et Lola, des parents alcooliques pour Patrick. On se rend compte tout de suite de la façon dont la famille et les événements traumatisants forme la personnalité et les choix d'une personne. Chacun des personnages y fait face à sa façon, et on ne peut que s'attacher à eux. J'ai ressenti beaucoup de compassion pour chacun d'entre eux. Même pour Julien, qui prend des décisions questionnables et dont le comportement est problématique. Mais les événements permettent de comprendre ses choix. Même si j'avais souvent envie de le secouer, je ne me voyais pas le brusquer non plus. Lola est un amour, une jeune adolescente qui a besoin d'attention mais qui en même temps ne veut pas déranger avec ses problèmes. Et Patrick, qui se bat pour ne pas reproduire le schéma de ses parents et à qui je ne voulais que le meilleur.
Les relations entre les personnages montrent aussi les difficultés de compréhension que créent des événements traumatisants. Même en ayant vécu la même chose, on réagit différemment. Malgré la dureté, j'ai trouvé beaucoup de moments de tendresse aussi, l'amour qui se montre dans certaines paroles ou certains gestes, même s'il est difficile à reconnaître.
Ce roman met en lumière certains profils de personnes rapidement jugées négativement dans la société, sans que l'on prenne le temps de comprendre les causes de ces comportements. Il met également en lumière les difficultés pour réagir et sortir de cercle vicieux. Changer, oui, mais pour quoi ? Où trouver une autre source de soulagement ? Et qui est là pour nous soutenir, vraiment ? Je trouve que le ton du livre est approprié et évolue avec les situations des personnages, complétant l'ambiance créée. L'espoir, mais aussi le réalisme et le défaitisme transpirent dans chaque page. J'ai cependant trouvé certains passages un peu long, et certains presque cliché par rapport à certains comportements, ce qui a rendu ma lecture moins agréable par moment.
La fin, quant à elle, m'a beaucoup surprise. Je ne m'y attendais pas une seconde, et elle montre pourtant tellement de choses de notre société actuelle qu'elle m'a parue très réaliste et tristement logique et naturelle.
Ce n'est probablement pas un roman sur lequel je me serai arrêtée dans une librairie, mais je suis très contente de l'avoir reçu dans le cadre d'une masse critique, car j'ai pu élargir mes horizons.
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Lu en 2 jours! Étant donné que je lis très lentement, ça veut tout dire.
Je suis entrée dans l'histoire tout de suite, comme si j'avais été là, à côté des personnages.
J'ai tourné les pages en imaginant la suite et la fin.
Et la fin écrite par Mélissa n'a rien à voir avec celles que j'avais imaginées. Merci pour cet excellent moment.
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Ensuite mon père avait perdu son boulot. J’avais dix ans. Restructuration à la Poste. On l’avait renvoyé à la maison avec un joli pactole pour qu’il n’aille pas voir son syndic et une lettre de recommandation qui n’était jamais sortie de la boîte à gants de notre vieille Renault. À quarante-huit ans, il n'irait plus travailler. Il avait les vertèbres en compote et une colonie de durillons à la place des orteils. Sur le dos de son livre de mots croisés, ma mère avait fait ses calculs : s’ils ne claquaient pas trop et passaient l'été à Ostende, ils pourraient tenir six ans sur les indemnités du père. Six de plus avec leurs économies. Après on verrait bien. Née fatiguée, ma mère avait arrêté de bosser pour en profiter elle aussi et ils étaient entrés dans une phase d’hibernation que rien ne venait perturber, à part la vacuité du réfrigérateur qu’ils réalimentaient tous les trois jours. Le père répétait qu’on était bien tintin et ils s’étaient mis à fêter l’oisiveté que leur permettait enfin la vie en s’enfilant à la queue-leu-leu bières, pastis, bières et, quand il faisait beau, des rosés rafraîchis par des glaçons en forme d’étoiles.