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Éric Chédaille (Traducteur)Michel Le Bris (Préfacier, etc.)
EAN : 9782752902207
400 pages
Phébus (02/11/2006)
3.52/5   23 notes
Résumé :

Voici la première édition intégrale en français d'un livre rare. Ces six nouvelles de jeunesse ; publiées d'abord dans la revue de son ami et rival Dickens, nous révèlent un Collins au sommet de son talent, qui nous transporte de l'Angleterre bourgeoise à l'Italie des bals masqués, en passant par la France révolutionnaire. L'auteur a eu la singulière habileté d'insérer ces textes a priori di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les amateurs de celui qui est considéré comme le précurseur du roman policier vont pouvoir découvrir la toute première nouvelle écrite par cet auteur prolifique, publiée dans Household (le journal chapeauté par Dickens en personne) en guise de feuilleton.
Il s'agit donc d'un recueil de nouvelles habillement agencé, comme dans d'autres spicilèges (la robe noire, histoires regrettables) qui empruntent le même schéma.
Cela donne une cohérence entre des histoires qui n'ont, entre elles, pas grand-chose à voir. Une sorte de conte des Mille et une Nuits dont Collins devait, je suppose, être un fervent adepte.
Un portraitiste est accablé d'une maladie qui l'oblige à reposer ses yeux. Autant demander à un avocat de se taire, retirer son permis à un routier, mettre au régime un chef trois étoiles, donner le mal de mer à un marin ou encore prier un footballeur d'ouvrir un livre.
Comme souvent chez Collins, sinon à chaque fois, c'est une femme qui va tirer son mari de cette impasse momentanée (s'il suit les prescriptions du docteur, au bout de six mois ses yeux seront sauvés). de par son activité, il dispose d'un sens de l'observation et une mémoire précieuse et, afin que ses clients gardent un naturel qu'il est quasiment impossible de conserver lorsque l'on doit poser plusieurs heures, il leur demande de se raconter : la concentration nécessaire à parler d'une passion, révéler une anecdote, relater un fait permet au sujet d'oublier qu'un artiste est en train de coucher ses traits sur le papier.
Le portraitiste aime souvent à rapporter quelques unes des plus singulières histoires que ses clients lui ont offert dans un double avantage : leur naturel revient au galop dès qu'ils s'épanchent et le peintre travaille tout en étant diverti. Alors pourquoi ne pas consigner les meilleurs récits dans un livre qui aura à la fois l'avantage de payer le loyer et d'occuper le temps oisif du portraitiste. Sa femme s'offre à transcrire sur le papier l'essence des récits récoltés. Shéhérazade des temps modernes. Elle envoie balader l'unique objection qui pourrait entamer sa motivation : n'étant pas écrivain, elle ne saurait s'épancher pendant des pages sur une description, fouiller la psychologie des personnages et sonder leurs intimités, leurs caractères. Peu importe puisque « on ne lit jamais ces interminables palabres « .
Voilà pour le cadre. Suivent quatre nouvelles de jeunesse où Collins met en scène tout ce qui fera sa renommée (Collins fut un feuilletonniste d'envergure au Royaume Uni du temps de Dickens, son ami, son protecteur et, parfois, son copieur).
Un sens du récit allié à quelques belles tournures très XIXème, la facilité à créer des ambiances mystérieuses, parfois comiques, le plus souvent donnant le frisson. J'aime assez à dire qu'il est le Hitchock de l'ère Victorienne.
Il sera question d'un lit à baldaquin assez effrayant, d'une histoire de rédemption en pleine Bretagne, des pires jours de la Terreur sous la Révolution Française et un séjour en Italie parmi les artistes sculpteurs où l'on croise un prêtre aussi retors que le célèbre comte Fosco de « la dame en blanc » autour d'une histoire d'amour découpée au scalpel pour ce qui est de l'intrigue. Féministe avant l'heure, Collins s'impose déjà par son sens du récit et du suspens en utilisant la langue de Shakespeare comme un acrobate dompte l'air.
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William Kirby, portraitiste itinérant, est atteint d'une cécité temporaire qui le contraint à l'inaction et condamne sa famille à la privation pour de longs mois. Cependant, son épouse Leah, jeune femme intelligente et pleine d'idées, lui propose de consigner par écrit les nombreuses histoires dont il a le secret. Sous sa dictée, "quand la nuit tombe", Leah transcrit les histoires que les modèles ont narrées à son époux lors de leurs longues séances de pose. Cette technique permettait au peintre de saisir leur visage naturel et leur personnalité et non un visage figé et contraint.

Modeste dessinateur, William se révèle cependant un excellent conteur à moins que ce ne soit les personnages hauts en couleurs qu'il rencontre qui rendent passionnantes les histoires qu'il en tire.

On retrouve avec plaisir ce qui a fait le succès des romans de William Wilkie Collins : intrigues, mystères, meurtres, vengeances, amours contrariés, usurpations d'identité... On découvre aussi l'intérêt de l'auteur pour la Révolution française dans plusieurs nouvelles.

"Soeur Rose" est une nouvelle où l'alliance des heures noires de la Terreur révolutionnaire avec les caractéristiques du roman gothique font merveille. C'est d'ailleurs à mon sens la nouvelle la plus réussie avec des péripéties qui tiennent en haleine le lecteur. Ces rebondissements jouent autant avec les nerfs des personnages qu'avec ceux du lecteur. La description d'un Paris sous la Terreur ainsi que la toile pleine de tensions et de violences sous-jacentes que tisse l'auteur autour de ses personnages auraient mérité un roman à elles seules. L'intensité qui s'en dégage se retrouve encore plus accentuée, à mon sens, dans "Le masque jaune", la dernière nouvelle du roman, où Collins nous transporte à Pise dans une histoire d'amours contrariés, de vengeances, de superstitions et de revenants qui n'a rien à envier au roman gothique.

La préface de Michel le Bris nous éclaire sur le rôle bon et mauvais qu'a pu jouer Charles Dickens dans la carrière de Collins. Il aborde également la question du statut des écrivains en Angleterre au tournant de la Révolution industrielle. Un focus est également fait sur la hiérarchie des genres littéraires qui condamne les raconteurs d'histoires comme Collins à la "littérature de bas étage" par l'utilisation de l'intrigue qui interpelle les sens contrairement à la "haute littérature" qui porte sur la psychologie des personnages.
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Un recueil de six nouvelles de jeunesse. Les amateurs du genre seront ravis par les intrigues rondement menées. Je l'ai trouvé un peu long. W. Collins était sans doute payé au feuillet, comme Dumas.

Extrait de la quatrième de couverture : « Pour Collins le succès fut au rendez-vous. Avec un sens inné de l'intrigue, il accumule dans ces pages complots, meurtres, vengeances et amours contrariées [ ] d'inspiration à la fois populaire et féminine, que la bonne société affectait de mépriser ».

Détail frustrant, la première nouvelle est tronquée, il y manque le moment clé ! Une brève investigation sur le web montre que même le texte en version originale pour la liseuse présente la même faille. Dommage !

De quoi parlent-elles, ces nouvelles ? « Un lit diablement singulier » : le narrateur se fait piéger dans une salle de jeu mal famé à Paris. Contraint de passer la nuit dans cette maison, il manque d'y laisser sa peau.

« La lettre volée » : un avocat sans scrupules subtilise une lettre compromettante pour le compte de son client.

« Soeur Rose » : une foule de rebondissements, ça se passe à Paris sous la Révolution, sous la menace de la guillotine. Un type tente de se débarrasser de son encombrant beau-frère : facile, il suffit de le dénoncer pour avoir agi contre la République. Il y a aussi un personnage ambigu, Lomaque, qui travaille pour la police secrète.

Préface signée Michel le Bris, où il est question de la collaboration et la rivalité Dickens – Collins.
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Ce livre de Wilkie Collins est composé de 4 nouvelles, reliées par un fil rouge narratif.
Trois histoires sont situées en France, la dernière en Italie, et les contextes sont crédibles, les décors bien plantés. Pas de préjugés désagréables sur les « Continentaux », « papistes» par surcroît, auxquels nous ont habitués certains auteurs du 19ème siècle, comme Charlotte Brontë par exemple dans Le Professeur
Le style est élégant, enlevé, et à cet égard je pense que la traduction est vraiment réussie.
Certaines situations frôlent parfois le pathos, on pourrait même parler parfois de « bondieuseries » mais Wilkie Collins est un auteur sincère et généreux, ses intrigues sont bien menées, et le charme l'emporte donc.
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J'aime beaucoup l'idée qu'a eu la femme du peintre, mettre par écrit les histoires mémorables que certains modèles on raconté à son mari. J'ai surtout adorer la première histoire, celle de l'homme et du lit singulier.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'était assurément plus dans sa prime jeunesse et, comme je le découvris par la suite, elle en était encore plus éloignée qu'elle ne le paraissait. Mais je ne me rappelle pas avoir vu chez aucune femme subsister une part aussi intacte de sa beauté passée. Certes, le chagrin était passée sur ce beau et calme visage, mais il n'y avait laissé pour toute trace qu'un air de résignation. En raison surtout de la bonté et de la candeur qu'on y discernait, son expression avait conservé un caractère de jeunesse. Seuls ses cheveux qui grisonnaient, ses mains maigres et pâles, les rides qui bordaient ses lèvres et la sérénité un peu triste de son regard trahissaient son âge et, plus encore que ses ans, la marque de quelque grande douleur surmontée mais non effacée. Et, ne fût-ce que d'après sa seule voix, le flottement particulier de ses inflexions sourdes et voilées, il était aisé de conjecturer qu'elle avait dû, à quelque époque de sa vie, traverser des tourments qui avaient rudement éprouvé sa noble nature sans toutefois parvenir à l'abattre.
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Le temps est plutôt dégagé, reprit-il après un moment en levant les yeux vers le ciel radieux de midi. Oui, plutôt dégagé, mais je crois voir un petit nuage déjà en train de se former au firmament d'une certaine maison -petit nuage qui cache beaucoup de choses et que, pour ma part, je vais avoir à l'oeil.
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Il s'agissait d'une vieille maison fort triste. La pelouse était abondamment parsemée de massifs de fleurs, et toutes sortes de plantes grimpantes s'accrochaient aux pilastres de l'auvent et aux meneaux des fenêtres basses. En dépit de ces ornementations pleins de couleurs, en dépit de l'état impeccable de ses murs et de ses toitures, cette grande bâtisse avait quelque chose de rebutant. De plus, il régnait en ces lieux un silence de mort qui me mettait mal à l'aise.
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Il s'agit d'événements hors du commun touchant une famille qui habitait autrefois une vieille demeure du voisinage. Cette personne se nomme Miss Welwyn; mais les bonnes gens des environs qui l'aiment tendrement et la révèrent de façon quasi superstitieuse, l'appellent plus simplement la dame de Glenwith. Attendez de l'avoir vue avant de me demander d'en dire plus. Elle mène une existence très retirée; je suis pour ainsi dire le seul visiteur qu'elle reçoit.
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La propriétaire de tous ces lieux vivait dans une époque révolue, au milieu de réminiscences et de souvenirs d'autrefois, résolument retranchée de tout ce qui avait trait au temps présent. L'agitation, le tumulte, les futilités du monde ne présentaient manifestement aucun attrait aux yeux de Miss Welwyn.
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Video de William Wilkie Collins (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Wilkie Collins
Bande annonce de The Moonstone (2016), mini série de la BBC et adaptation du roman de Wilkie Collins, paru en français sous le titre La pierre de lune.
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