Plus de 15 ans après la lecture de
la défense Lincoln - et après avoir vu le film puis, plus récemment, la série Netflix adapté du Verdict du plomb -, j'ai eu le plaisir retrouver autant Connelly que son personnage de Mickey Haller. Et je crois que j'avais fini par oublier à quel point c'est bien !
Un Mickey Haller qui passe pour une fois du côté de l'accusation et va travailler avec son demi-frère Bosch. le district attorney vient en effet recruter Haller comme procureur indépendant pour un procès peu commun. Car Jason Jessup, jugé coupable en 1986 du meurtre d'une fillette, vient de réussir, après 24 ans passés en prison, à faire annuler son verdict par la Cour suprême : l'analyse ADN d'une tâche de sperme retrouvée sur la robe de la victime, et qui à l'époque lui avait été attribuée, indique un autre profil génétique. Alors que Jessup clamait son innocence depuis des années, désormais il entend bien assigner la ville en procès et obtenir une fortune en dédommagement. Mickey Haller sait pourtant qu'il ne s'agit pas d'une erreur judiciaire et, avec Bosch comme enquêteur et son ex-femme Maggie McPherson comme adjoint, il est chargé de mener l'accusation "au nom du peuple".
J'avoue que j'avais oublié l'efficacité de Connelly et le plaisir de retrouver ses personnages fétiches. Les chapitres vont alterner, entre ceux où Haller parle à la première personne du singulier et nous immerge dans les arcanes judiciaires américaines, et ceux où l'auteur relate à la 3ème personne l'enquête de Bosch et de ses collègues du LAPD, chargés de la filature nuit et jour d'un suspect qui est parvenu à se faire libérer et qui a de bien inquiétantes activités nocturnes. du côté de leur vie personnelle, si Haller n'a la garde de sa fille qu'une semaine sur deux, Bosch, lui, apprend à vivre avec la sienne depuis qu'il l'a retrouvée un an plus tôt. Dans cette affaire, tous deux vont se révéler particulièrement complémentaires et vont tenter de renvoyer en prison le tueur d'une fillette qui leur rappelle immanquablement leur propre fille.
Après quelques chapitres d'installation, on se retrouve vite en immersion dans cette affaire et j'avoue qu'après un roman de
Grisham un peu mou - mais heureusement bien raconté -, quel régal de se faire embarquer dans un thriller judiciaire aussi haletant !
On vibre avec Bosch et Haller. Avec Mickey qui peut se faire coincer au tribunal par l'avocat de Jessup avec la roublardise dont lui-même faisait preuve lorsqu'il était du côté de la défense. Et qui assiste à la comédie de ce même avocat s'employant à faire passer son client aux yeux des jurés pour un opprimé et une victime du système judiciaire. On ressent leur pression, leurs frustrations et leur tension. Comme eux, on a la même crainte que l'accusé parvienne à duper le jury et être déclaré
non coupable.
Que ce soit pour l'enquête de Bosch et ses filatures nocturnes, ou pour les scènes de prétoire, de la sélection des jurés à la préparation des témoins, ce qui frappe c'est l'expertise absolue de Connelly, la crédibilité impressionnante et le sens du rythme qu'il arrive à insuffler à son roman. Même son dénouement sans happy end est bien amené, et son côté sombre non dénué d'amertume et de questions laissées sans réponses le rapproche encore davantage du réel.
Avec
Volte-face, Connelly prouve qu'il reste un maître du genre et livre un polar de haute volée, d'une efficacité redoutable et d'un réalisme de chaque instant, qu'on a le plus grand mal à lâcher.
Une chose est sûre : je n'attendrai pas encore 15 ans pour me ruer sur la suite (
Le cinquième témoin) !