La première partie consacrée à l'hindouisme est comme un flot de notions savantes avec moult références, submergeant allègrement mes modestes connaissances, à l'image du discours des brahmanes de l'époque de Bouddha. J'étais prêt à abandonner mais la deuxième partie, consacrée au bouddhisme, m'a paru relativement plus accessible. La difficulté de ce texte, c'est que sa compréhension et son appréciation nécessitent une bonne connaissance du védisme et de l'hindouisme dont ne dispensent pas les nombreuses notes. Un livre qui ne s'adresse en conséquence qu'à des lecteurs déjà avancés sur le sujet.
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Courte, mais dense et riche entrée (comparative) dans ces deux religions. Coomaraswamy s'y attache à faire comprendre les principes.
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Dieu est une essence sans dualité (adwaita), ou, comme certains le soutiennent, sans dualité mais non sans relations (vishishtâdwaita). Il ne peut être appréhendé qu'en tant que Essence (asti), mais cette Essence subsiste dans une nature duelle (dwaitîbhâva), comme être et comme devenir. Ainsi, ce que l'on appelle la Plénitude (kritsnam, pûrnam, bhûman) est à la fois explicite et non explicite (niruktânirukta), sonore et silencieux (shabdâshabda), caractérisé et non caractérisé (saguna, nirguna), temporel et éternel (kâlâkâla), divisé et indivisé (sakalâkala), dans une apparence et hors de toute apparence (mûrtâmûrta), manifesté et non manifesté (vyaktâvyakta), mortel et immortel (martyâmartya) et ainsi de suite.
Quiconque le connaît sous son aspect prochain (apara), immanent, le connaît aussi sous son aspect ultime (para), transcendant. Le Personnage qui se tient dans notre cœur, mangeant et buvant, est aussi le Personnage dans le Soleil. Ce soleil des hommes, cette Lumière des lumières, que « tous voient mais que peu connaissent en esprit », est le Soi Universel (âtman) de toutes les choses mobiles et immobiles. Il est à la fois dedans et dehors (bahir antach cha bhûtânâm) mais sans discontinuité (anantaram) ; il est donc une présence totale, indivise dans les choses divisées. Il ne vient de nulle part, il ne devient qui que ce soit, mais il se prête seulement à toutes les modalités possibles d'existence.
Il est d'usage de traiter la question de ses noms Agni, Indra, Prajâpati, Shiva, Brahmâ, Mitra, Varuna, etc., de la façon suivante « ils le nomment multiple, lui qui, en réalité, est un » ; « tel il paraît, tel il devient » ; « il prend les formes que se représentent ceux qui l'adorent ». Les noms trinitaires, Agni, Vâyu et Âditya ou Brahmâ, Rudra et Vishnu, « sont les plus hautes personnifications du suprême, de l'immortel et de l'informel Brahma... leur devenir est une naissance l'un de l'autre, ils sont des participations à un Soi commun défini par ses différentes opérations... Ces personnifications sont appelées à être contemplées, célébrées, et, en dernier lieu, désavouées. (p. 11)
Le Brahmanisme ou Hindouisme est la plus ancienne des religions ou plutôt la plus ancienne des disciplines métaphysiques dont nous avons une connaissance complète et précise par des sources écrites et, pour les deux derniers millénaires, par des documents iconographiques. Elle est aussi - et peut-être la seule - une discipline qui survit dans une tradition intacte, vécue et comprise aujourd'hui par des millions d'hommes, dont certains sont des paysans, d'autres des hommes instruits, parfaitement capables d'exposer leur foi, aussi bien dans une langue européenne que dans leur propre langue. Néanmoins, bien que les écrits anciens et récents ainsi que les pratiques rituelles de l'Hindouisme aient été étudiés par des érudits européens depuis plus d'un siècle, il serait à peine exagéré de dire que l'on pourrait parfaitement donner un exposé fidèle de l'Hindouisme sous la forme d'un démenti catégorique à la plupart des énoncés qui en ont été faits, tant par les savants européens que par les Hindous formés aux modernes façons de penser sceptiques et évolutionnistes.
On a déjà pu se rendre compte que théologie et autologie sont une seule et même science, et que la seule réponse possible à la question : « Qui suis-je ?» est : « Tu es Cela ».