Le Territoire, tome 4 : Frontière

Même constat que pour le tome 3, l'intrigue avance à très petits pas, ce qu'on peut regretter. Pourtant la magie Corbeyran fonctionne tout de même et les quelques représentations d'Ugarte du "territoire" incluses dans les planches d'Espé, entretiennent le mystère et parviennent à garder l'intérêt du lecteur. Car malgré tout, on a envie de savoir de quoi il retourne de cet inquiétant "territoire", cette autre dimension, dont on apprend en fin de tome ce qui pourrait en définir la nature. Et c'est loin d'être joyeux!
Dans ce tome, on se contentera des rapports entre personnages qui évoluent, peu mais sûrement. On retiendra un récit qui évolue lentement, mené par un scénario policier empreint de surnaturel, de mysticisme, et sans doute même de religion, même si cet aspect là n'est pas le plus prégnant ou le plus évident. le fond de chamanisme dans lequel flotte l'histoire ne fait qu'ajouter à l'ambiance mystique déjà très présente et renforce le questionnement sur les thèmes de la folie, de l'abandon, de l'expérience. On ne sait toujours pas sur quel pied danser, à l'image de Corbeyran lorsqu'il parle, en fin de volume, de sa première rencontre avec les oeuvres d'Ugarte, de sa difficulté à exprimer avec des mots ce qu'il a ressenti à leur vision. Son récit est le reflet de son expérience qu'il qualifie de bouleversante, et ses personnages vivent sans doute la même chose que lui. Mais il reste que cela est très déstabilisant et peut laisser le lecteur sur le carreau. À moins qu'on ne se laisse emporter par l'histoire comme Corbeyran s'est laissé noyé dans les peintures d'Ugarte...

Notre ami Nigel Byrn va enfin entrer en contact avec Kirstie, mais certainement pas du côté de la frontière qu'il espérait. Suite à cette rencontre il est encore plus décidé qu'avant à résoudre le mystère du Territoire, tout comme Jo Shape et Wendy qui se rendent en Asie afin d'en apprendre plus sur les représentations du territoire.

Soyons honnête, au niveau de l'histoire Corbeyran se la joue parfois un peu facile dans ce tome avec un Nigel qui sort du coma en pleine forme et dont les relations avec Sarah et sa femme donnent surtout droit à une série de planches dénudées pas toujours crédibles et qui servent surtout à tirer le récit en longueur. Un récit qui flirte depuis trop longtemps avec une frontière que Corbeyran devrait se décider à franchir pour de bon.

Heureusement pour nous, la première édition de ce tome est pourvue de 8 pages inédites de peintures de Jean-Pierre Ugarte (http://perso.wanadoo.fr/ugarte) et rien que cela suffit à justifier l'achat de ce tome. Des peintures dont la beauté de la nature vous attire, mais dont l'énormité et l'aspect rugueux vous repoussent. Des images devant lesquelles je me sens tellement insignifiant et éphémère et que je pourrais contempler pendant des heures.

Des images fantastiques qui ont inspiré et incité le narrateur d'exception qu'est Corbeyran à imaginer ce récit aux frontières du monde d'Ugarte. Un récit qui saura vous divertir et peut-être plus, si les peintures d'Ugarte parviennent à vous combler.

exellent