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Anne-Carole Grillot (Traducteur)
EAN : 9782266265263
480 pages
Pocket (03/03/2016)
3.74/5   35 notes
Résumé :
À l'aube du XIIIe siècle, alors que les rois d'Europe lancent les dernières croisades en terre Sainte, les évêques portent tous en eux le rêve d'ériger leur propre cathédrale. Avec Chartres, Rouen et Notre-Dame-de-Paris, la France a lancé un mouvement architectural sans précédent et plus personne ne peut imaginer un édifice sans y laisser toute sa place à la lumière. Nous sommes aux débuts de l'art gothique. En Espagne, l'évêque de Burgos est bien décidé à faire éri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a plusieurs lectures possibles de ce livre. On peut y voir essentiellement le destin d'une femme libre, ou la description des chantiers de construction des cathédrales gothiques, celle aussi de la royauté espagnole au XIIème siècle et des premiers succès de reconquête sur l'Al Andalous.
C'est pour ma part l'aspect architectural qui m'attirait, et j'avais hésité à entreprendre cette lecture craignant que l'histoire d'amour soit trop présente. Je suis restée effectivement un peu sur ma faim en ce qui concerne les techniques de construction. En revanche j'y ai trouvé plus qu'une bluette. Surtout la restitution d'une période excitante dans toutes ses nouveautés. Les interrogations sur la foi avec la théologie de la lumière et la fin des cathares, le foisonnement intellectuel, du moins pour l'élite, avec la poésie, les lectures et les échanges qui en résultent entre les deux personnages principaux, une relative entente avec les musulmans malgré le désir du roi Ferdinand III de récupérer l'intégralité de la péninsule, et surtout, grâce à la fine amor et l'exaltation de la femme, une plus grande liberté de celle-ci. Une impression de richesse matérielle aussi. Il faut dire que dans ce récit nous vivons principalement dans le monde des maitres d'oeuvres, compagnons et apprentis, dans celui du haut clergé et un peu dans celui de la royauté. Nous ne savons rien puisque tel n'est pas le propos, sur les paysans.
L'accent est mis sur la liberté des femmes. En effet dans cette courte éclaircie du début XIIIème, elles ont pu jouir d'une assez grande autonomie dans le choix de leur travail, et être relativement maitresse de leur destin si elles en avaient la force (voir la différence entre Térésa l'héroïne et Matea qui est mariée par son père sans qu'elle semble avoir vraiment choisi). Avec un bémol toutefois, l'Église continue à s'opposer à la femme, tentatrice de l'homme et création du diable. « Une minute, l'interrompit l'évêque, certains pensent que les femmes devraient exercer un métier propre à leur condition. C'est le cas des boulangères, aubergistes, poissonnières, couturières, bouchères, tisseuses, fileuses, cuisinières, sages-femmes, messières, faucheuse, batteuses de grain… et même des prostituées qui sont des filles de Dieu. Vous, maître Térésa, vous dirigez un atelier, mais cela ne vous autorise pas à intervenir dans ce débat entre hommes. Contentez-vous de ce que vous êtes, ne cherchez pas à aller plus loin que ce qui a été convenu et ne forcez pas votre chance […] Vous devriez être mariée et sous la tutelle d'un époux. » Quand les hommes parlent, les femmes et les enfants se taisent.
Et le nombre d'or ? C'est le calcul de la proportion idéale, qui préside aux constructions nouveau style.
Un petit reproche toutefois, peut être dû à la traduction. Un personnage parle de son « identité sexuelle », j'aurais tendance à penser que cette expression et l'idée qu'elle sous-tend est contemporaine.

J'ai aimé dans ce texte l'impression de grande liberté et de possibilités infinies qui semblent avoir régné dans ce début du XIIIème siècle. A lire si vous vous intéressez à cette période, en revanche si vous voulez connaître les conditions de construction, il existe sûrement d'autres livres plus à même de répondre à votre attente bien que cet aspect ne soit évidemment pas absent, et les tractations pour obtenir l'argent nécessaire encore moins.

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A l'époque de la construction des plus grandes cathédrales, nous découvrons le destin d'Henri, maître d'oeuvre et Teresa, maître peintre, en Espagne. L'une est cathare et l'autre chrétien, à une époque où l'on n'a pas vraiment le choix de sa religion. Cette différence d'idéologie aura un impact fort sur leur vie, mais leur amour pourra t'il y survivre? Pour le savoir, il faudra le lire.

J'aime beaucoup les romans historiques, et particulièrement les histoires qui se déroulent à l'époque médiévale. J'avais adoré le roman " Les piliers de la Terre" de Ken Follet, qui nous faisait découvrir une famille de bâtisseurs de cathédrale, ainsi que la saga damné de Hervé Gagnon qui m'a fait découvrir les Cathares, alors quand j'ai lu le résumé de cette histoire qui semblait synthétiser ces 2 aspects, je me suis laissée tenter, et je ne regrette pas mon choix.

Je suis passionnée par cette période de l'histoire, qui est un mélange de tout ce qui s'est fait de meilleur... et de pire! L'auteur est professeur d'histoire médiévale et cela se ressent dans la précision historique que l'on retrouve dans ce roman. Sa plume est agréable à lire, et il nous emporte rapidement au coeur de l'Espagne, dans les débuts du XIIIème siècle. Sous ses mots, on voit se construire sous nos yeux les cathédrales, pierre après pierre et on y participe à notre façon. Cependant j'ai trouvé certains passages un peu trop condensés en information, surtout lorsqu'il est question des guerres de territoires, des mariages arrangés etc et j'avoue avoir survolé ces passages, car même si je m'intéresse à L Histoire, mes connaissances dans ce domaine ne sont pas suffisantes pour prendre note de toutes les données dont nous fait part l'auteur.

J'ai lu ce roman relativement rapidement étant donné son épaisseur et j'ai été étonnée d'avancer si vite, sans temps mort, sans ennui (à part ce dont je vous ai parlé juste au dessus). Je suis d'autant plus surprise car il n'y a finalement qu'une seule intrigue, l'histoire de Teresa et Henri, et que tout se déroule tranquillement, sans heurts, ni intrigues secondaires. Je dois dire que cela m'a manqué et que je me suis rapidement fait la remarque de savoir où l'histoire nous menait, quel était le but de ce roman? Et finalement, je pense qu'il n'y a pas d'autre objectif que de nous faire découvrir ce couple, cette tranche d'histoire, de manière romancée. Et cela, l'auteur l'a très bien fait.

Henri est le dernier d'une famille de maîtres bâtisseurs et comme son père avant lui, il souhaite construire sa cathédrale, la plus belle et la plus lumineuse de l'époque. Son talent va lui permettre d'être engagé pour construire la cathédrale de Burgos, en Espagne, qu'il va imaginer selon le nouveau style de l'époque, où la lumière est mise en avant. Comme tous les maîtres bâtisseurs, il est le détenteur du secret des proportions divines: le nombre de Dieu. C'est très intéressant de rentrer dans le secret des bâtisseurs, j'ai appris par exemple qu'ils avaient beaucoup de philosophie pendant leurs études, la construction étant, comme tout à l'époque, reliée à Dieu.
Teresa est une maître peintre. A cette période de l'histoire, après le passage d'Aliénor d'Aquitaine, les femmes jouissent d'une certaine liberté, et peuvent exercer des métiers importants et avoir une place dans la société. le talent et la renommée de Teresa va l'amener à travailler pour les plus grands de l'époque et à se faire un nom, sans avoir besoin d'être mariée.
Ce couple est une somme de talents et d'amour. Leur histoire est suffisamment forte pour être le coeur de l'histoire et finalement, tout le reste n'est que fioriture autour de leur relation. On traverse avec eux, les années et les changements d'époques pour les quitter dans les débuts d'une période plus sombre.

Un roman historique qui nous fait participer à la construction de ces cathédrales, en partageant avec nous le grand secret des bâtisseurs de cette époque. Si vous aimez les romans historiques, vous apprécierez le nombre de Dieu.
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Autant le dire tout de suite, j'avais un peu d'appréhension à lire ce nouveau roman de José Luis Corral, en effet j'avais adoré "L'héritier du temple" et je redoutais que celui-ci ne lui arrive pas à la cheville...
Rapidement mes craintes se sont envolées et j'ai pu me délecter d'un roman prenant, qui présente bien les enjeux de son siècle (le 13ème) dans la péninsule ibérique. On y suit Henri de Rouen, issus d'une lignée de bâtisseur de cathédrales et maître d’œuvre lui-même ainsi que Teresa Rendol, maître peintre. Ils vont s'aimer, mais aussi confronter leurs visions différentes sur ce que doit être une cathédrale... Ensemble ils vont construire deux cathédrales... Pour l'auteur, l'histoire avec un petit « h » de Henri et Teresa est presque un prétexte pour nous compter, magistralement, l'Histoire avec une grand « H ». On y saisit bien cet esprit de liberté qui plane sur ce siècle, mais aussi les dangers qui guettent ceux qui ne pensent pas comme l'église, par exemple les cathares et nous assistons au fil des ans au resserrement de la morale de l'église qui prend petit à petit, à nouveau, les femmes en otages...
J'ai apprécié l'écriture narrative et rythmée de l'auteur qui donne du souffle au roman et nous entraîne sans longueur au bout du récit.
Sur le 4ème de couverture on peut lire « Alliant précision historique et puissance romanesque, José Luis Corral nous plonge dans une période du Moyen Âge d'une incroyable modernité. » Pour moi cette phrase résume parfaitement l'esprit qui se dégage de se livre.
Un livre que je recommande chaudement aux amateurs de beaux romans et aux amateurs d'histoire !
J'ai vu que la bibliographie espagnole de l'auteur comptait neuf ouvrages à ce jour et que celle en français, trois, je suis certain que nous retrouverons José Luis Corral prochainement sur nos étals et je m'en réjouis !
Un grand merci à Babelio et aux éditions HC pour ce beau cadeau reçu lors d'une opération Masse Critique
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Un regard sur le 13ème siècle, au temps des cathédrales. A cheval, ou plutôt à pied, entre l'Espagne et la France. Henri et Teresa. Un Normand et une Cathare.

En fait, il ne se passe pas grand chose. On empile des pierres, on bâtit la cathédrale de Burgos, et on suit l'évolution des mentalités.

C'est, ma foi, intéressant, ça se lit calmement, et pour ce qui me concerne, ça me change des romans policiers. Mais c'est aussi le revers de la médaille. Pas grand chose. Cela dit, c'est peut-être notre destinée à tous : notre vie n'est pas grand chose, et à nous de construire nos cathédrales, pour marquer notre passage dans ce bas monde.

Je me sens bien philosophe, tiens. C'est peut-être grâce à ce livre.
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Tout d'abord, un très grand merci à Babélio et à HC Editions pour m'avoir offert ce roman qui est tout simplement magnifique. Ce roman historique nous apprend beaucoup de choses autant sur l'art de bâtir une cathédrale que sur la vie au Moyen-Âge en général. L'histoire se passe pour la plus part du temps en Espagne - il y a quelque chapitre à Paris-, plus particulièrement à Burgos. Henri, jeune apprenti architecte rejoint son oncle pour travailler sur la cathédrale de Burgos. En effet, nous sommes en plein Moyen-Âge lors du passage de l'art roman à l'art gothique et chaque évêque veut sa cathédrale dans ce nouveau style très prisé par les français à l'image de la cathédrale de Chartres, Bourges, Reims, Notre-Dame de Paris, etc... Ces cathédrales se caractérisent par le fait de laisser entrer la lumière par d'immense vitraux. Henri arrive donc en Espagne et va rencontrer là-bas son premier et seul amour Teresa, elle-même apprentie peintre. Les deux jeunes gens vont pourtant devoir se séparer car Henri doit retourner à Paris, finir ses études et passer son examen pour devenir maître d'oeuvre. Leur passion pour leur métier respectif et le destin les réuniront pourtant à nouveau sur la construction d'une cathédrale mais la religion de la jeune femme va mettre leur amour à dure épreuve... Ce livre très bien écrit, nous fait vivre la construction dune cathédrale du début à la fin (plusieurs décennies) mais aussi les enjeux politiques et religieux de celle-ci : chaque évêque souhaite un monument plus grand, plus beau que son voisin. A cette époque, tout peut remettre en cause la construction de la cathédrale : la mort de l'évêque qui est à l'origine de celle-ci, les successions royales, les guerres : nous sommes à l'époque des croisades vers Jérusalem et de la lutte contre les hérétiques, notamment les cathares, mais aussi les maures qui occupent une partie de l'Espagne. Ce roman nous met face à la dure réalité de la vie au Moyen-Âge : les épidémies, mais aussi la religion qui est très forte et dicte les conduites à tenir. Nous comprenons aussi comment L Histoire est passé du style roman au style gothique, donnant la part belle à la lumière grâce à des vitraux et au "Nombre de Dieu" qui permet de calculer les proportions idéales d'une construction. le roman est émaillé de nombreuses références historiques, mathématiques, architecturales, ce qui ne gâche en rien la belle écriture de l'auteur. Un très beau roman historique qu'il faut absolument découvrir...
Lien : http://missreadingschronicle..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Henri de Rouen et Teresa Rendol s'étaient habitués à vivre ensemble et à ignorer les murmures de certains Burgalais à propos de leur mode de vie. Un des conseillers royaux avait même eu l'audace d'insinuer à son souverain que les deux maîtres donnaient un mauvais exemple aux chrétiens et qu'il serait préférable de mettre fin à ce péché de luxure. Mais don Ferdinand l'avait fait taire, affirmant que le rôle d'un roi n'était pas de régir le mode de vie de ses sujets, mais, au contraire, de faire en sorte que leur vie soit le plus paisible possible.
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Ce qui compte, ce qui fait la beauté d'un cathédrale, ce n'est pas sa taille, ni même la luminosité de ses vitraux ou la qualité de ses sculptures. La beauté, fils, est dans la proportion. Une cathédrale doit être à l'image du corps humain, qui est sans aucun doute l’œuvre la plus réussie de Dieu: harmonique dans ses proportions, élégante dans ses mesures, et élancée mais apaisante.
(p.189)
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Les maîtres de Chartres enseignaient que Dieu le Père était le premier et le plus parfait des géomètres. Aussi le représentaient ils avec un compas à la main, à la manière d'un architecte créant le monde à partir des nombres et des figures géométriques. Ainsi, le mystère de la Trinité était symbolisé par un triangle et la relation du Père avec le Fils, relation entre égaux, par un carré. C'était à partir de là que les architectes avaient défini ce qu'ils appelaient le "nombre de Dieu", la relation géométrique harmonique et parfaite dont l'application permettait de batir les nouvelles cathédrales de la lumière.
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L’abbé de Saint-Denis voulait saisir la lumière ou, en tout cas, bâtir un temple où elle serait au centre de tout et rejaillirait partout. Avec les anciennes techniques d’architecture, c’était impossible. Pour supporter les lourdes voûtes de pierre, il fallait élever des murs épais et massifs, que l’on ne pouvait percer pour faire passer la lumière et éclairer l’intérieur.
Et pourtant, selon Suger, il était indispensable de créer des ouvertures afin de capter la lumière du soleil et de lui permettre d’inonder le sanctuaire. Il avait donc demandé à ses maîtres d’œuvre de chercher des solutions techniques à cette exigence de lumière et ces derniers avaient relevé le défi avec une grande efficacité.
La nouvelle architecture avait introduit l’arc en ogive à double cintre, de forme pointue, et l’arc-boutant. Grâce à ces deux innovations techniques, il avait été possible de percer de grandes baies, le poids des voûtes de pierre n’étant plus supporté directement par les murs, mais par les contreforts sur lesquels les arcs-boutants déchargeaient la pression venue d’en haut.
Le nouveau style avait assuré le triomphe de la lumière, apporté de la clarté à l’intérieur des églises et permis la construction de nefs plus hautes que tout ce qui s’était fait jusqu’alors dans l’Occident chrétien.
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Cette nuit-là, les deux jeunes gens ne cessèrent de penser à ces retrouvailles glaçantes. Tous deux s'en voulaient : Henri pour avoir donné de lui l'image de celui qui commandait, et Teresa pour avoir fait semblant d'être ce qu'elle n'était pas.
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