Avec ce roman,
Henri Courtade nous propose de découvrir le destin de
Kléber Dupuy, le héros méconnu de la bataille de Verdun. L'auteur a rencontré le neveu de ce dernier et, littéralement fasciné par son récit, il a décidé de lui rendre justice avec un roman. Il revient brièvement sur la jeunesse de
Kléber, avant de nous emmener dans l'enfer de Verdun et d'en tirer les leçons.
Comme le dit l'auteur, il est difficile pour nous de se représenter l'horreur des combats de la Première Guerre Mondiale pour tous ceux qui n'ont pas vécu « ça ». Pourtant, il parvient à nous faire vivre cette histoire de l'intérieur, au travers de
Kléber Dupuy. Il n'épargne pas le lecteur concernant les obus et leurs dégâts, les cadavres laissés le plus souvent sur place, parvenant ainsi à nous faire ressentir la violence du conflit. Pour le passage-clé de la bataille, il utilise l'image parlante d'un match de rugby.
Mais pour moi, le principal point fort de ce roman à la frontière du documentaire historique, c'est que l'on ressent toute la passion de l'auteur pour son sujet. En effet,
Henri Courtade est fasciné par ce premier conflit mondial, par ce gâchis en termes de vies humaines mais surtout, par l'incroyable courage de ces jeunes gens qui ont à peine vingt ans et qui meurent sans hésiter pour leur pays. On sent qu'il a beaucoup réfléchi sur le sujet, sur l'attitude des généraux, sur la psychologie des survivants. C'est un livre écrit avec le coeur, qui transmet des émotions et des réflexions, un bon livre d'Histoire dans le sens où il inculque sans donner un cours. Bref, un ouvrage qui a su parler à mon coeur d'ancienne étudiante en Histoire
On ne peut pas vraiment parler ici de personnages dans le sens où les hommes cités ici ont réellement existé.
Kléber Dupuy est au centre, un instituteur réfléchi doté d'un instinct de protection bienvenu, un homme capable de mener des troupes. A côté de lui, les autres Poilus, certains anonymes et d'autres non, mais tous animés du même courage qui les empêche de reculer même si ce combat semble perdu d'avance. Ils savent jouer collectifs. Pourrions-nous en dire autant aujourd'hui si nous avions à revivre cela ? Enfin, des noms connus sont cités ici, des généraux, dont l'Histoire se souvient mais qui, ici, sont relégués à l'arrière-plan.
Concernant le style, que dire si ce n'est que ce roman est agréable à lire, que j'ai beaucoup aimé suivre ce morceau d'histoire écrit comme un roman. Si certains universitaires voulaient s'en inspirer un peu, ils seraient peut-être davantage lus ! Quoi qu'il en soit, le « style Courtade » est là, efficacement bien écrit. Les descriptions, essentielles pour ce type d'ouvrage, nous plongent véritablement dans le conflit de Verdun, ne nous épargnant ni la chair et le sang, ni le bruit, ni les odeurs.
Ainsi,
Henri Courtade réalise ici une très belle application du devoir de mémoire en mettant en lumière un destin, celui de
Kléber Dupuy, et à travers lui celui de milliers d'hommes ordinaires qui se sont battus pour la France. Il nous fait réfléchir sur ce premier conflit mondial, sur la manière dont il a été mené et sur ses conséquences. Mais surtout, il nous transmet toute sa passion pour le sujet et nous donne goût à la connaissance de l'Histoire. Je ne dirais pas que j'attends le prochain, parce que ce n'est pas gentil de mettre la pression sur un auteur, mais je n'en pense pas moins… ;)
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