Envie d'une escapade dans les montagnes du Wyoming ?
Suivez le guide , Walt Longmire, dont c'est la 7° aventure ...
C'est qu'il est occupé le shérif.
Occupé à escorter des prisonniers , dont un dangereux meurtrier , vers le lieu où il aurait enterré un cadavre.
Mais celui- ci s' échappe, emmenant avec lui otages et complices . Combien d'otages au juste ? c'est à établir ...
En plein blizzard , bravant le froid , le vent , les températures extrêmes , ce shérif héroïque nous entraine avec lui dans cette traque et on ne peut qu'apprécier le voyage .
A travers ce paysage magnifique (qu'on a d'autant plus de plaisir à imaginer au chaud , sur un canapé ou au fond de son lit ... ) , Walt croise une femelle cougar, des cadavres, un grizzli, un homme à la peau d'ours et des balles perdues ou pas ...
Personnages réels ou fantômes, légendes indiennes, Dante et son enfer, le tout sous - 40°... Craig Johnson nous entraine plus loin que le" genre roman policier": nature, grands espaces , délicieuse écriture poétique et amusante. Du blanc partout , du feu aussi ; une" plume" qui célèbre les Indiens et un cowboy .
Ce ne sera pas " Ma Dernière Séance" avec Walt Longmire...
A bientôt shérif...
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Qu’est-ce qui distingue un roman policier de qualité d’un chef d'œuvre littéraire ? Je ne suis pas habilité à distribuer des médailles et des bons points mais à mon avis « Tous les démons sont ici » possède suffisamment d’atouts pour être classé dans la catégorie littérature. Le roman a entre autres qualités une écriture soignée, une trame originale, des personnages parfaitement construits et crédibles, une nature magnifiée, de l’humour, mais surtout, il trouve sa source dans l’association pertinente de la littérature classique et de la culture amérindienne.
Voici en quelques lignes le synopsis du roman. Le shérif Walt Longmire escorte trois criminels qu’il doit remettre au FBI. Le rendez-vous est donné au cœur de la chaîne des montagnes Big Horn. L’un des criminels, Raynaud Shade, doit indiquer où il a enterré le corps d’un petit garçon il y a plusieurs années. Shade est un Indien originaire des Territoires du Nord-Ouest au Canada qui a été adopté par un Crow. C’est un véritable sociopathe qui se distingue des autres criminels par son intelligence et sa sauvagerie. Il prétend entendre les voix des « Presque Invisibles » et il a l’intuition que Longmire partage la même faculté. Par un habile tour de force, Shade parvient à s’échapper. Il gagne un sentier de montagne accompagné de complices et d’otages. Une tempête de neige infernale débute. Walt Longmire part seul à leur poursuite. Débute alors pour notre shérif une véritable épopée.
Walt Longmire et Dante sont tous deux accueillis par le même message désolant, à un détail près, celui de Longmire a été écrit à l’urine sur la neige: "Abandonnez toute espérance, vous qui entrez". Les références à la « Divine Comédie » sont nombreuses : une jolie Béatrice livre des informations clefs, il doit échapper à un lynx, Longmire est aidé par un guide nommé Virgil. Dans ce roman, l’enfer est sur terre. Un enfer de glace : « L’Enfer, le véritable enfer était un lieu arctique, glaciaire et balayé par les vents, loin de la chaleur de Dieu. » ; mais également de feu : « Ces diables de feu tournaient en cercles, me traquaient, espérant faire de moi un cadavre sans cheveux, boursouflé, violacé, dépecé et décharné. »
Le roman parvient à allier l’adaptation de ce chef d’œuvre de la littérature à la culture amérindienne. L’action se déroule au cœur des monts Big Horn. Cet ensemble de montagnes situé dans l’Etat du Wyoming a été baptisé ainsi par les Amérindiens en raison du grand nombre de mouflons (Big Horn Sheep en anglais) qui y vivaient. La chaîne de montagnes, éternellement enneigée, culmine au pic Cloud (4 013 mètres d'altitude). Ce pic est vénéré par les Crows et les Cheyennes. Ils y faisaient des offrandes de rédemption et allaient y chercher « Eewakee », la boue-qui-soigne. Ces deux Nations indiennes sont fondamentales pour Walt Longmire. Il a été initié à la culture cheyenne par son ami Henry Standing Bear. Dans cette aventure, il va recevoir l’aide d’un Crow, Virgil White Buffalo. Comme indiqué au début, le fugitif le plus dangereux est lui aussi indien, d’une tribu du Canada, adopté par un Crow et une Creek. Ce lieu sacré est donc le carrefour parfait pour la rencontre de ces différentes Nations. Dans cette histoire, le shérif doit accomplir une vengeance symbolique car Virgil White Buffalo n’est autre que le grand-père du garçon tué par Raynald Shade. Virgil va donc apparaître au shérif à de nombreuses reprises, aux moments les plus critiques. Il faut rappeler que pour les Amérindiens, la frontière entre le monde visible et le monde des esprits n’existe pas, les croyances s’expriment dans tous les moments de la vie quotidienne. Les esprits peuvent revenir des Terres de l’Au-delà pour délivrer des messages. Ils se manifestent par des visions ou des hallucinations. Ils s’étaient déjà manifestés de la même manière et dans des conditions extrêmes dans le roman « Little bird ».
La nature a, comme dans les romans précédents de Craig Johnson, une place centrale. Mais dans ce roman, la tempête voile les paysages magnifiques, il n’y a aucune place pour la contemplation. La visibilité est nulle, Walt Longmire se déplace en suivant les traces de pas de sa proie et en reconnaissant certains repères de ces terres déjà foulées. Dans ce récit, la nature est dangereuse. Elle est meurtrière et cache en son sein un assassin qu’elle assiste par ses colères. Walt Longmire fait donc face à deux ennemis. C’est un appel permanent au dépassement de soi pour passer les cercles de l’enfer l’un après l’autre, franchir en permanence la frontière entre la vie et la mort. Il fait face au froid, à la tempête, aux bêtes sauvages, au vent, aux précipices, à un incendie, à la fatigue, à la faim, à la noyade. La Technique (électricité, téléphonie, armes à feux, équipements, scooter des neiges) est défaillante dans ces conditions ‘dantesques’. Nous assistons au combat inégal d’un homme appuyé par les esprits, poussé par sa détermination, face à la Nature sauvage et contre un meurtrier. La chasse à l'homme s’achèvera par un affrontement final entre les deux hommes. Walt Longmire arrive au sommet du pic, au « bout de la nuit », dans le dernier cercle de l’enfer. Il doit maintenant combattre cet homme dominé par le malin qu’est Shade, celui qui a choisi le mal, qui incarne le mauvais œil. Shade cherche à vaincre par la ruse. Walt Longmire ne parvient pas à voir son ennemi. Il n'est armé pour ce dernier duel que d'une arme symbolique, une lance indienne. décorée de plumes de hibou, l’animal qui, pour les Cheyennes et les Crow, est le messager des morts.
Qu’est-ce qui est vrai ou faux dans cette épopée? Hallucinations, visions dans des espaces sans visibilité, clairvoyances d’un esprit qui se refuse à mourir ? Ses proches peinent à le croire. Ils ne parviennent à reconstituer qu’une partie de son épopée. Mais Virgil ne dit-il pas au shérif que les horreurs de l’esprit sont les seules qui peuvent véritablement nous faire du mal ? Pour reprendre la citation de Shakespeare dont est tiré le titre du roman : « l'enfer est vide, tous les démons sont ici ». Mais les démons qu’il faut combattre ne sont pas tous des fugitifs au casier judiciaire chargé. Walt Longmire a ses propres démons. Il doit affronter son passé. L’escalade du pic figure l’ascension des pentes de son purgatoire. C’est un homme seul face à son passé, à ses deuils, à son destin. Il a côtoyé la mort à plusieurs reprises. Les esprits lui ont délivré un oracle funeste tout en lui annonçant la naissance prochaine d’une petite fille. Nous en apprendrons plus sur cette annonce dans le prochain épisode de la série. A suivre!
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Le Stetson se fait plutôt rare entre la place de l'Horloge et le Palais des papes, mais Craig Johnson le porte fièrement.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
- Hé, hé , ici le shérif Joe Iron Cloud. Je ne peux pas vous répondre mais si vous me laissez un message je vous rappellerai. Ye- ta-hey.
J'attendis le bip et parlai.
- Ici Walt Longmire, président du mouvement Rendons l'Amérique aux Américains, et je me demandais si vous seriez prêt à aider les trois cents millions de personnes à faire leurs bagages ? Rappelez-moi.
J'éteignis le téléphone et le rangeai.
- Ça devrait les faire bouger.
Tracé à la pisse sur le talus, je vis un seul mot.
ABANDONNEZ.
Raynaud Shade avait une assez belle écriture, compte tenu de l’instrument utilisé.
ABANDONNEZ.
Il avait vu le Basque plongé dans la lecture de L’Enfer. Le message m’était destiné et à l’évidence, sa vessie n’avait pas eu la capacité nécessaire pour terminer le vers : “… toute espérance, vous qui entrez ici” – tel était l’avertissement inscrit au-dessus des portes de l’Enfer dans le texte de Dante.
Peut-être avait-il vu une ressemblance entre notre situation et celle du poète italien. Le vent me poussa dans le dos et les flocons tourbillonnèrent, mais la carte de visite impromptue resta là comme s’il l’avait gravée dans du plomb en fusion.
Il y avait le bruit du vent, comme si quelque chose de colossal passait à côté de moi, quelque chose d'important - si impératif, en fait, qu'il ne pouvait s'arrêter pour moi. C'était le bruit du nettoyage fait par le vent dans les territoires de haute montagne quand il frotte le paysage pour lui rendre sa fraîcheur.
- Et si le tigre revient ?
Je me frottai le visage des deux mains.
- Hector, je ne crois pas qu'un cougar soit assez audacieux pour casser la porte et entrer , même si elle a envie de manger mexicain.
Il y a des moments dans la vie où vous entendez tomber le premier domino, et vous savez que tout ce qui arrivera à partir de là sera inévitablement affreux.
https://www.laprocure.com/product/1439358/johnson-craig-le-pays-des-loups
Le Pays des loups
Craig Johnson
Éditions Gallmeister
©Marie-Joseph Biziou, libraire à La Procure de Paris