Un immeuble au milieu d'une cité, un vieil homme dans son appartement parmi les plantes avec son chat qui réclame ses croquettes. Un scène bien ordinaire, jusqu'à ce que le vieil homme ne saute dans le vide du 17ème étage de la résidence.
Tous les habitants sont sidérés, aucun n'avait rien remarqué d'anormal chez Émile. Il a laissé quelques instructions : il demande à Martine de s'occuper de ses plantes et au jeune vétérinaire de l'immeuble de prendre en charge son jeune chaton.
La plupart des habitants se connaissent depuis très longtemps. Martine était très proche d'Émile et voudrait comprendre surtout quand on découvre que l'appartement du vieil homme était en vente. Elle apprend comme les autres résidents que les nouveaux occupants de l'appartement vont emménager, ce sont deux hommes. L'imagination des habitants va bon train.
L'un des deux est Loïc, le petit-fils d'Émile. Il est photographe. Son ami est architecte, en charge de l'opération de rénovation urbaine sur la cité. Les habitants se lient d'amitié avec eux. L'architecte explique que l'une des barres doit être détruite. Tous assisteront à la démolition par explosion et seront sidérés de la technicité de l'opération.
Pierre-Roland Saint-Dizier et
Michaël Crosa nous invite à découvrir la vie d'un immeuble de l'intérieur. Ils nous font partager la vie des habitants mais aussi découvrir leur vie à l'intérieur des appartements. Ils présentent le rôle de chacun, la connaissance et la connivence qui peuvent exister entre les personnes, ainsi que la solidarité qui les unit. Un immeuble, c'est comme un village à la verticale. Les auteurs décrivent une époque où les personnes avaient encore des relations entre elles, où elles se connaissaient, où elles s'entraidaient.
Les deux auteurs abordent le problème de la restructuration des cités des années soixante, soixante-dix au temps des Trente Glorieuses où il fallait loger les gens, époque du béton, du préfabriqué, des cités avec des tours. Mais ces cités ont vieilli, elles ne répondent plus tout à fait aux besoins de la population. Il est nécessaire d'améliorer les conditions d'habitation de la population mais il aussi nécessaire d'introduire de la mixité sociale pour éviter des cites de relégation. Pour cela, il faut faire avec la population et les deux auteurs nous montrent la limite des ces politiques quand elles cherchent à mettre les choses en place sans tenir compte de l'avis de la population concernée..
Pierre-Roland Saint-Dizier et
Michaël Crosa cherchent à montrer que derrière ces grands murs de béton, il y a des personnes qui vivent avec leurs histoires, leurs parcours, leurs vies, leurs souvenirs. J'i adoré le graphisme de
Michaël Crosa et le choix de ses couleurs. Les personnages sont criants de vie. On a l'impression que les intérieurs d'appartement ont été réalisés à partir de photos. On al'impression d'instantanés pris sur le vif. Les plans proposés sont très cinématographiques. J'aime la légèreté du trait renforcé par la légèreté des couleurs.
Je vous invite à admirer les planches montrant l'immeuble en coupe : les scènes du quotidien sont un vrai bonheur.
Merci à
Pierre-Roland Saint-Dizier d'avoir voulu laisser une trace du bâtiment et de la cité où il a vécu. Il rend aussi hommage à des personnes qu'il a croisé dans son enfance en les intégrant dans son histoire.
Ce
Plein Ciel m'en a mis plein les yeux.