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EAN : 9782073024404
64 pages
Gallimard (02/02/2023)
3.39/5   14 notes
Résumé :
Derrière l’épouvantail woke, le vieux monde allié à l’extrême droite s’attaque à la jeunesse et à son combat renouvelé pour la justice, sexuelle, raciale, sociale, climatique – en fustigeant une génération de fanatiques qui menaceraient la civilisation. Or, la violence et l’intolérance, le cancel et le shaming, sont en face : là où on fait la guerre aux minorités, hurle au racisme anti-blanc et à l’hystérie féministe, ridiculise les transitions de genre et punit les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans cette ode à la jeunesse du monde, François Cusset distribue quelques savoureux taquets aux contempteurices du "wokisme" - quoi que cela puisse bien vouloir dire. Ces "nouveaux croisés", comme il les nomme, en prenne pour leur grade !

En opposition à cet agrégat d'esprits rances, il oppose une jeunesse plein de fougue - et de marge d'amélioration. Jeunesse qu'il confond - dans tous les sens du terme - avec les différents groupes dominés et discriminés, qu'il qualifie de "minorités".

Il pointe "quatre dimensions qui distinguent ces combats minoritaires des luttes sociales classiques, qu'elles prolongent à leur façon" (31). D'abord, une "communauté d'affects, de colères et de connivences, qui inscrit la lutte dans un sentiment commun plutôt qu'une adhésion politique" (idem). Ensuite, "un pragmatisme politique inédit" (33) et une "radicalité revendiquée de ces combats" (34). Enfin, en surplomb, "une farouche indépendance intellectuelle" (35).

Si le texte est parfois trop péremptoire sur les réseaux sociaux ou la pornographie, il a le mérite d'aborder aussi quelques questions à traiter, comme celle du purisme militant ou, en lien direct, celle du langage.

François Cusset conclut que l'heure est plus à la "confluence" des luttes, qu'à la classique convergence.

L'optimisme de l'auteur est plein de panache, mais ne convainc pas totalement - il n'y a qu'à voir le récent sondage sur la vision du sexisme chez les jeunes.
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Dans cet écrit, l'auteur met en cohérence les revendications de toutes les minorités. le combat féministe, le port de la burqa, le genre assigné, l'écologie radicale, les luttes LGBT, celles des noirs ou de la GPA etc. (tout ce que les forces réactionnaires regroupent sous le terme de Woke) ont en commun leur lutte pour l'émancipation, pour l'égalité des droits.
L'auteur voit dans ces combats, les derniers espoirs pour contrer l'inexorable montée de l'extrême droite et l'emprise totalitaire du capitalisme.
le propos est intéressant car il complexifie le sujet, il amène à repenser certaines dialectiques politiques, certaines affirmations péremptoires. Il interroge le langage, l'utilisation des mots : chaque camps se revendiquant émancipateur par exemple.
Moi qui me considère comme athée et universaliste, j'ai beaucoup de mal à penser le communautarisme comme pouvant être émancipateur. Ceci dit, la lutte pour l'égalité des droits pour tous les êtres humains peine à avancer dans le monde. L'inégalité généralisée étant la règle (dans nos démocraties comprises) il faut sans doute imaginer et/ou accepter d'autres voies/voix pour ce combat.
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Le tract commence par un état des lieux des crispations (et le mot est faible, "hystérisations" serait plus juste) du débat public sur de nouvelles idées pourvues de nouveaux termes, qui se greffent, ou non, aux anciens. Pour les combattre, on se lance dans des jeux de généralisations, d'exagérations à partir d'un incident, d'inventions aussi, de phénomènes qui n'existent pas et dont on fait l'ordinaire d'un groupe qu'on combat (prétendre que les ascenseurs ne sont plus mixtes aux USA, par exemple), tout en pointant que les minorités font la règle ; on médicalise les attitudes et les comportements qui déplaisent. Haro sur le woke, la cancel culture, le nouveau féminisme, les végétariens et ne parlons même pas des végans, ceux qui veulent sortir des stéréotypes sexuels et, pourquoi pas, de leur sexe de naissance ; déni du néo-colonialisme, des appropriations du vivant, de la culture, des biens communs ; affirmation que le capitalisme mortifère est la seule voie réaliste possible... tout cela avec morgue, colère, mépris, procès d'intentions, comme je disais plus haut.

La plupart de ces chantres sont des conservateurs complètement abouchés avec (ou adoubés par) le journalisme de préfecture et la presse (les réseaux sociaux) de milliardaires ; ils détestent l'émancipation, sociale, intellectuelle, politique, culturelle que l'individualisation permet (elle n'est pas qu'avantageuse mais elle l'est de ce point de vue-là) ; ils aboient éperdument dès que quelqu'un s'écarte de la route. Et, bernés, les "brav' gens" de la chanson de Brassens, les suivent, frappés par le "bon sens" voire convaincus qu'on s'est détourné de la grande idée d'universalisme. Les plateaux fustigent ces nouvelles idées sans prendre la peine d'éclairer leurs origines et leur lexique, pour les frapper du coin de l'absurdité.

Or ces nouvelles idées, pas toutes complètement concordantes, ce sont celles de la jeunesse, nous explique François Cusset. Je résiste à la tentation de continuer à résumer son argumentaire pour dire que c'est une lecture qui fait du bien. le positionnement de l'auteur n'est pas manichéen mais engagé résolument aux côtés des nouvelles luttes, sans les exonérer des écueils vers lesquelles elles risquent d'échouer ni de leurs angles morts.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ici et là, quelque chose se lève aux quatre coins du globe face à une adversité ravivée, quelque chose d'encore éclaté, mal dégrossi, parfois naïf ou péremptoire. Quelque chose qui soulève peu à peu cet univers de peurs enfouies et de boucs émissaires en réseau. Quelque chose qui n'est pas la fin de la civilisation, mais peut-être sa dernière chance : la seule bonne nouvelle récente, en tout cas, dans le monde triplement malade de ce début de millénaire - malade de l'économie, de la solitude numérique et, bien sûr, de la catastrophe écologique, avec son pendant médical et sanitaire. Et ce qui se lève là est jeune, incroyablement jeune. Moyennant un dangereux fossé entre les générations, le risque fatal d'une rupture des liens et de tout langage commun. Car la minorité en question, dans son indéfinition, est aussi la jeunesse du monde : une génération nouvelle, immédiatement mondiale, exposée aux fièvres numériques et au fatalisme des ainés, désolés de leur laisser un monde où ils n'auront, disent-ils, aucune chance. (19-20)
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Woke est le nom d'un fétiche politique, d'un fantasme réactionnaire : à la fois le nom de code d'une stratégie précise de régression politique et un cri de dégoût poussé par les populistes de droite mais aussi par la bonne société, par les libéraux à l'ancienne comme les nouveaux patriotes - la marque d'un chantage moral à visée politique, d'un côté, et de l'autre, le symptôme qu'à certains, décidément, l'émancipation des autres est insupportable, plus encore aujourd'hui qu'hier. Woke est un écran de fumée, le tour de passe-passe de fabricants de paniques morales et de victoires électorales. Un mot de droite, qu'on peut laisser aux droites, et passer enfin à autre chose. Pour discerner, derrière l'écume des racontars, la vague de la politique qui vient, et derrière les anecdotes en boucle, la guerre effective en cours. (22)
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La haine extraordinaire, celle de pamphlétaires cupides et d'idéologues de réseaux sociaux. Une haine plus bavarde, plus érudite, qu'un certain élitisme juge plus présentable, mais qu'anime le même venin que les haines de rue et qui contribue plus sûrement qu'elles, avec elles, à fabriquer cet Ennemi unique : à changer la différence honnie, la multiplicité quon disait bienvenue, en un seul monolithe effrayant, monstre idéologique qui menacerait l'ordre du monde - qu'on l'appelle wokisme, islamogauchisme, communautarisme, extrémisme minoritaire ou passion identitaire, selon les noms variés dont on l'affuble, tous inadéquats, détournés ou inventés. Ces haines présentables là ont un vaste spectre, qui va du mépris générationnel à la guerre de civilisation, du réactionnaire de droite décomplexé à l'anticommunautariste social-démocrate bien-pensant. Mais il trouve dans chaque pays, du moins en Europe et en Amérique, des coteries de mâles blancs énervés tous prêts à l'enrichir encore, le renouveler toujours - et derriere la profusion des manchettes, tweets rageurs ou best-sellers de saison, il est assez monotone. (5)
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Car ils le martèlent : il y a tant et tant de manières d’être vivant. Leur rapport au plaisir comme au glissement des genres est une façon, toujours, d’avoir plus d’un corps, plus d’un horizon sensible, beaucoup plus qu’un seul usage d’eux-mêmes. Leur force, qui ne se mesure pas à l’audimat ou au nombre de vues, est de faire l’expérience de vies différentes dans des corps différents, réappropriés, innombrables, soustraits à la honte. C’est pourquoi ce vieux sujet individuel, celui des philosophes et des juristes, les convainc peu, s’il y a démultiplication des sujets, incorporation de subjectivités multiples, et plutôt une « position de sujet », selon les luttes et les espaces, qu’une entité figée et éternelle. Construite et donc, s’il le faut, à déconstruire, l’identité est pour eux le contraire d’un mantra, d’un fétiche : plutôt le support de l’oppression, le fardeau d’une assignation, la scène des mobilisations et des inventions de nouveaux rapports, de nouveaux sujets, d’émancipations inédites.
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Ils en savent plus que leurs détracteurs, qui s'offusquent des « réunions non-mixtes » alors quelles sont une des plus anciennes tactiques des opprimés pour qu' une parole libre circule - suffragettes ou militants noirs des droits civiques, et jusqu'aux ouvriers du XIXe siècle qui refusaient les contremaîtres aux réunions syndicales. Et ce savoir complexe, cet éveil critique, il s'agit de les diffuser par tous les moyens : affichages, posts, messages viraux, tracts, vidéo-enquêtes. (36)
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Que reste-t-il des luttes émancipatrices du XXe siècle dans les combats portés par la jeunesse de 2023 ? le Book Club reçoit Michèle Riot-Sarcey et François Cusset pour une conversation autour de l'idée d'émancipation, d'hier à aujourd'hui.
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