Le récit d'une grenouille dyslexique qui coule des jours heureux dans le laboratoire qui l'étudie. Cette sorte d'amphibien est particulière, surnommée "crapaud accoucheur" car c'est le mâle en date qui couve les oeufs. En attendant la naissance notre grenouille aiguise son esprit scientifique et découvre même l'étude d'une météorite. Mais un jour elle s'aperçoit que les humains stockent des bocaux contenant ses congénères morts... Encore un passionnant roman dans cette collection du Muséum national d'histoire naturelle. Ce texte mélange savoir et évasion, avec en prime une fiche technique et, surtout, le mot de la scientifique de Camélia, taxinomiste et chargée de la collection des amphibiens.
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Dans le laboratoire qui nous étudie, les chercheuses et les chercheurs partagent plutôt des chouquettes. J'adore observer les scientifiques. Ils sont très bizarres. Par exemple, quand la femelle porte leur petit, elle disparait du laboratoire pendant plusieurs semaines. Je me demande sous quel rocher elle se cache. Et quand elle revient, tout le monde lui parle comme si elle avait perdu la moitié de son cerveau. Il y a même des endroits où il faut qu'elle se fâche pour retrouver sa table de travail. (p. 6)
La cheffe de ceux qui étudient les crapauds, ici, c'est Annemarie. Elle est herpétologue, c'est un mot rigolo, ça vient du grec "qui rampe". Évidemment, ce n'est pas elle qui rampe, mais ce qu'elle étudie. (p. 9)
Depuis la publication de Truismes en 1996, Marie Darrieussecq a construit une oeuvre conséquente, riche d'une vingtaine de romans et récits, de plusieurs traductions et livres d'art.
Elle y explore de grands sujets de société sous un angle longtemps occulté, celui de l'expérience féminine. Pour opérer ce changement de focale, elle agence, depuis une dizaine d'années, une galerie de personnages que l'on retrouve d'un texte à l'autre, mais à des étapes différentes de leur vie : ainsi Rose et Solange, les héroïnes de son dernier roman, Fabriquer une femme (P.O.L, 2024), étaient déjà présentes dans trois de ses textes précédents. Comme tout au long de son oeuvre, la langue est la matière principale du travail de la romancière : les adolescentes, puis les femmes, qu'elle met en scène se construisent en cherchant leur propre voix à travers les discours imposés.
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