Comme son titre l'indique (ou pas ?), ce recueil de poèmes brefs est consacré au seul passage qui semble poser problème à l'être humain : la mort. Passage : bel euphémisme pour désigner le dernier voyage, celui dont personne n'est revenu quoi qu'en disent les religions et autres superstitions… Brefs poèmes car François David n'est pas seulement économe de ses mots. Il vise, via le jeu de mots (court par essence) à dédramatiser la mort. Mais il a l'humour plutôt noir : si tout le monde se souvient de cette plaisanterie rimée « Cool / Raoul », François David sait se moquer de la mort une dernière (?) fois : « Cool / tout coule ». François David n'assène aucune vérité, fût-elle révélée, il se contente de passer en revue les différentes facettes du sujet, comme cela lui vient à l'esprit : liberté espiègle, cela va sans dire. le lecteur ne s'étonnera donc pas de passer de la fantaisie sombre (« naviguer / vers les Enfers ! / Moi qui sur un lac / ai le mal de mer ! ») au refus déterminé et humoristique (« Passer / de l'autre côté / rien à faire / ça ne passe pas » ) ; là, peut-être, réside la leçon : puisque cette fin est inéluctable, autant l'accepter, s'en gausser mine de rien, en rire, en ricaner, l'assaisonner de différentes épices, lui en faire
voir de toutes les couleurs… Cela facilitera-t-il le passage ? Rien n'est moins sûr ; mais au moins ça aide à vivre dans les moments de lucidité.
Brefs poèmes et dessins réduits à l'essentiel :
Consuelo de Mont-Marin a le trait épuré mais elle sait traduire plastiquement les fulgurances de François David.
©
Lucien Wasselin