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Ralph F. McCarthy (Traducteur)
EAN : 9784770026101
182 pages
Kodansha International Ltd (01/12/2000)
3.65/5   13 notes
Résumé :
Dans ce recueil de trois nouvelles (écrites entre 1939 et 1948), le grand écrivain japonais explore des contes traditionnels à la fois chinois et européens et en propose une libre réécriture.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les trois nouvelles pétillantes du recueil sont l'oeuvre du ténébreux Osamu Dazai (1909-1948), oui l'auteur de la Déchéance d'un homme. Elles sont légères, pleines de créativité, d'humour et de virtuosité. Elles lui valurent un succès immense auprès du public japonais.
1) Bambou Bleu (1948). Ozamu Dazai a réécrit à sa sauce un conte chinois du XVIIème siècle, intitulé Robe de corbeau. le héros, Yu Rong, est un pauvre lettré, orphelin, malchanceux, joli garçon et… doté d'un boulard terrible. Son oncle poivrot lui a fait épouser une femme hideuse, qui, d'après les commères du canton, fut sa concubine. Non seulement c'est un laideron mais aussi une mégère qui méprise totalement son très noble et très confucéen époux. Plutôt que d'atteindre le Souverain Bien, il ferait mieux de trouver de quoi faire bouillir la marmite et vlan elle lui jette « ses affaires souillées de femme » à la figure. Sa vie n'a plus aucun sens. Alors le jour de ses trente ans, en désespoir de cause Yu Rong prend une grande et grave résolution : Il s'affermira dans la Voie. il prend son petit ballot, gifle vigoureusement sa femme et se rend à la capitale passer ses examens mandarinaux. Il y échoue « merveilleusement bien ». Abattu, Yu Rong s'étend dans l'herbe tendre et aperçoit alors une nuée de corbeaux. Il envie leur bonheur. Il ferme les yeux…

2) A propos d'amour et de beauté (1939) nous présente une famille extravagante. Ils sont cinq frères et soeurs, de 18 à 29 ans, bien différents physiquement et moralement, tous bourrés de défauts et tous amoureux de littérature. A la saison des pluies propice au spleen romantique, ils se réunissent au salon. La mère affectueuse leur verse un verre de jus de pomme et ils se lancent à composer l'un après l'autre le début d'une histoire, dévoilant leur petit caractère. Chamailleries, rivalités, jalousies se mêlent au jeu qui rappelle celui du cadavre exquis…
3) Lanternes romantiques (publiées en feuilleton en 1940-1941) reprend la nouvelle précédente. On fait connaissance avec le grand-père, alerte octogénaire, qui trouve une idée aussi dangereuse que stimulante ; chaque semaine, il décerne une grosse médaille rutilante au plus méritant de la maisonnée. Et puis le petit jeu littéraire reprend. Cette fois-ci le benjamin commence par plagier Raiponce des frères Grimm avec l'aide de son affectueuse grand-mère. Les autres continuent chacun dans leur style…

Merci beaucoup Batlamb ! Je me suis bien amusée.
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Un petit livre composé de trois textes, qui tournent autour du concept du conte. le premier, qui donne son titre au recueil, est la réécriture d'un récit issu d'un livre d'un lettré chinois du XVIIe siècle. Les deux textes suivants se passent dans l'intérieur d'une famille japonaise, qui s'amuse à écrire des textes en collaboration, dans le troisième le texte écrit s'inspire d'un conte des frères Grimm.

Dans le Bambou bleu, nous suivons un lettré pauvre et moqué par sa famille, qui connaîtra une forme de bonheur grâce à une transformation en corbeau. Difficile de faire la part entre le rêve et la réalité, entre vrai et l'imaginaire, mais au final les deux finissent par se rejoindre, dans une forme d'acceptation du réel, pas idéal, mais qui peut devenir supportable.

La famille composée d'une nombreuse fratrie des deux textes suivants est aussi d'une certaine façon entre le réel et l'imaginaire : celui des récits que ses membres inventent comme un jeu, mais qui est révélateur de la personnalité de chacun. L'histoire écrite par nos personnages en devient une sorte d'interrogation sur l'acte d'écrire, sur la façon dont la fiction naît, prend forme dans les positionnements et attitudes de l'écrivant, dans un rapport social aussi, constitué par les réactions escomptées des lecteurs et la façon dont celui qui écrit voudrait être perçu par ceux qui vont le lire, et donc le juger. Il y a une ironie vis-à-vis des personnages, et de leurs ambitions, mais qui peut être une ironie vis-à-vis de n'importe quelle personne ayant l'ambition d'écrire, et donc de l'auteur vis-à-vis de lui-même.

Mineur sans doute, mais plaisant et sympathique.
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Ce recueil se compose de trois histoires, où sont réécrits deux contes. D'abord un conte chinois de Pu Songling, « Robe de corbeau », qui devient ici « Bambou-Bleu », nom du corbeau femelle dont s'éprend le héros au cours d'une métamorphose lui promettant d'échapper à une vie insatisfaisante. Mais la fuite est-elle une solution ? Et plus largement, le rôle de la fiction n'est-il pas de transfigurer le réel plutôt que de le nier ?…

Dazaï pousse à s'interroger non seulement sur le récit, mais aussi sur la narration. Et de façon drolatique. En effet, dans les deux histoires suivantes, Dazaï met en scène l'acte d'écriture a travers un groupe de cinq frères et soeurs qui rédigent des histoires en brodant à tour de rôle la suite d'un récit initié par le frère cadet très maladroit. Cette partie du recueil met en lumière l'humour pince-sans-rire de Dazaï, à travers la description de ces personnages pleins de défauts, souvent désireux d'impressionner leur famille. Leur ambition (et l'ennui) les amènent dans la dernière histoire à réécrire le conte de la princesse Raiponce, pour le faire dériver bien loin du stade où il est censée s'achever chez les frères Grimm. Les caractères des frères et soeurs tirent le récit dans des directions très différentes, et avec plus ou moins de talent. Dérapages incontrôlés à prévoir !

Avec humilité, Dazaï prévient en incipit de son dernier conte que son travail peut paraître insignifiant et «bâclé ». Cependant, la tendresse qu'il reconnaît éprouver à l'égard de l'histoire de cette famille, et le plaisir qu'il a pris à l'écrire (et à la relire) au regard de ses oeuvres plus ambitieuses devraient alerter le lecteur sur les clés que peuvent nous donner ces fables frivoles pour comprendre Dazaï. Sous les habits du mensonge se trouve la vérité, et cette exploration des personnalités et styles contrastés de nos écrivains en herbe se rapproche d'un regard ironique porté par Dazaï sur les tiraillements narratifs qui l'agitent selon ses humeurs, ses envies. Et qui, avec un peu d'imagination, peuvent devenir d'autres personnalités possibles…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Reposant sur les quatre pattes d’une bête sauvage, l’autel était recouvert d’un tissu écarlate. Tissée avec les langues tannées de cinq cent espèce différentes de serpents, l’étoffe devait sa couleur rouge vif au sang qui avait dégoutté des centaines de ces dards. Sur l’autel était installé un gigantesque chaudron fait avec le cuir d’une vache noire, à l’intérieur duquel des eaux bouillonnaient et débordaient avec furie - bien qu’il n’y eût pas de feu en dessous. Chevelure dénouée et hirsute, la sorcière ne cessait de tourbillonner autour de l’autel en psalmodiant on ne sait quelles incantations ; ce faisant elle lançait dans le chaudron toutes sortes d’herbes médicinales ou ajoutait au liquide brûlant les ingrédients les plus rares qu’on pût trouver en ce monde. Notamment : de la neige éternelle collectée sur les montagnes les plus hautes et qui remontait aux temps les plus anciens ; du givre scintillant recueilli sur des feuilles de bambou nain juste avant qu’il ne fonde ; la carapace d’une tortue qui avait vécu il y a dix mille ans ; des paillettes d’or ramassées l’une après l’autre au clair de lune ; les écaille d’un dragon ; les prunelles d’un grand rat qui n’avait encore jamais vu les rayons du soleil ; du mercure qu’un coucou avait recraché ; la perle cueillie à la queue d’une luciole ; la langue bleue d’un perroquet ; un coquelicot qui n’avait jamais défleuri ; les lobes d’oreille d’un hibou ; les griffes d’une coccinelle ; les molaires d’une sauterelle ; une fleur de prunier épanouie au fond de la mer... et toutes sortes d’autres éléments, les plus précieux et les moins aisés à capturer.
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De même notre Yu Rong, lettré aspirant hautement à suivre la Voie de l'homme de bien, s'appliquait-il à ne pas haïr sa parentèle impitoyable. Il s'ingéniait à ne pas résister à son épouse si rustre ; il se consacrait éperdument à l'étude des classiques, il cultivait son goût pour le raffinement et l'élégance.
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