Les trois nouvelles pétillantes du recueil sont l'oeuvre du ténébreux
Osamu Dazai (1909-1948), oui l'auteur de
la Déchéance d'un homme. Elles sont légères, pleines de créativité, d'humour et de virtuosité. Elles lui valurent un succès immense auprès du public japonais.
1)
Bambou Bleu (1948). Ozamu
Dazai a réécrit à sa sauce un conte chinois du XVIIème siècle, intitulé Robe de corbeau. le héros,
Yu Rong, est un pauvre lettré, orphelin, malchanceux, joli garçon et… doté d'un boulard terrible. Son oncle poivrot lui a fait épouser une femme hideuse, qui, d'après les commères du canton, fut sa concubine. Non seulement c'est un laideron mais aussi une mégère qui méprise totalement son très noble et très confucéen époux. Plutôt que d'atteindre le Souverain Bien, il ferait mieux de trouver de quoi faire bouillir la marmite et vlan elle lui jette « ses affaires souillées de femme » à la figure. Sa vie n'a plus aucun sens. Alors le jour de ses trente ans, en désespoir de cause
Yu Rong prend une grande et grave résolution : Il s'affermira dans la Voie. il prend son petit ballot, gifle vigoureusement sa femme et se rend à la capitale passer ses examens mandarinaux. Il y échoue « merveilleusement bien ». Abattu,
Yu Rong s'étend dans l'herbe tendre et aperçoit alors une nuée de corbeaux. Il envie leur bonheur. Il ferme les yeux…
2) A propos d'amour et de beauté (1939) nous présente une famille extravagante. Ils sont cinq frères et soeurs, de 18 à 29 ans, bien différents physiquement et moralement, tous bourrés de défauts et tous amoureux de littérature. A la saison des pluies propice au spleen romantique, ils se réunissent au salon. La mère affectueuse leur verse un verre de jus de pomme et ils se lancent à composer l'un après l'autre le début d'une histoire, dévoilant leur petit caractère. Chamailleries, rivalités, jalousies se mêlent au jeu qui rappelle celui du cadavre exquis…
3) Lanternes romantiques (publiées en feuilleton en 1940-1941) reprend la nouvelle précédente. On fait connaissance avec le grand-père, alerte octogénaire, qui trouve une idée aussi dangereuse que stimulante ; chaque semaine, il décerne une grosse médaille rutilante au plus méritant de la maisonnée. Et puis le petit jeu littéraire reprend. Cette fois-ci le benjamin commence par plagier Raiponce des frères Grimm avec l'aide de son affectueuse grand-mère. Les autres continuent chacun dans leur style…
Merci beaucoup Batlamb ! Je me suis bien amusée.