Un peu d'autosatisfaction ne nuit pas. C'est donc sans doute parce que j'ai couru un
marathon une fois dans ma vie que la couverture du "
Marathon", de
Nicolas Debon m'a attiré l'oeil.
Pour être plus précis - et un peu moins prétentieux aussi, la couverture en elle-même aurait suffi à me happer. Un mot pour titre, un dessin épuré, une ambiance sombre où l'ombre du stade semble comme écraser les coureurs. Comme la distance même du
marathon semble être un défi quelque peu inhumain pour ceux qui s'y frottent.
110 pages d'une histoire méconnue. Celle de El Ouafi Boughéra, tombée dans les oubliettes de l'Histoire. Un indigène, comme l'on dit alors, venu d'Algérie travailler à Billancourt, comme tant d'autres des siens. Qui vient faire le nombre à Amsterdam, en 1928, sur le
marathon olympique, qui clôt traditionnellement les épreuves d'athlétisme. Un
marathon éprouvant, dans des conditions dantesques, que
Nicolas Debon rend parfaitement. Simplicité du trait, comme un film d'époque, avec du grain, du flou, des mises au point fluctuantes. 42 km où nous haletons aux côtés de El Ouafi et de sa folle remontée. Jusqu'à ... oui, jusqu'à quoi au juste ?
Lisez cet ouvrage, savourez-le. Allez plus loin avec le complément de fin de livre, qui apporte un éclairage historique indispensable.
Et qui me fait dire qu'il y avait jusque-là, dans mon panthéon personnel, la figure d'Alain Mimoun, et qu'il est désormais accompagné de El Ouafi Boughéra, le mécano de Billancourt.