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EAN : 9782072879289
64 pages
Gallimard (09/01/2020)
3.54/5   27 notes
Résumé :
« Un autre monde est en train de naître devant nos yeux. Un autre esprit, dans nos façons de penser, d'espérer et d'avoir peur. L'angoisse écologique qui donne sa couleur au siècle nouveau n'annonce rien moins, pour notre civilisation, qu'un changement d'"englobant". Ce fut l'Histoire, ce sera la Nature. De quoi prendre le vert au sérieux. »
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Libelle bio et bon à la pagination raisonnée (60 pages) qui vise à concilier Nature et Histoire.
Il avait inauguré récemment chez Gallimard la collection « tracts » :
http://blog-de-guy.blogspot.com/2019/06/leurope-fantome-regis-debray.html
Le vieux bougon est en forme et replace la question écologique dans le temps long:
« L'occidental se cherchait au ciel ; il s'est cherché ensuite dans son semblable ; il se cherche à présent dans le chimpanzé - au risque de s'y reconnaitre »
Je crois bien deviner le médiologue qui a beaucoup travaillé sur le fait religieux, sous les traits d'un « survivant goguenard de la libre-pensée », lorsqu'il voit dans les rites des verts quelques traits d'un « opium du peuple » avec ses processions, ses mécréants et ses hérétiques, ses pratiquants, ses casuistes, et autres carriéristes, voire « le abêtissez-vous pascalien », lorsque « nos plus hautes autorités se font vertement tancer, tête baissée, par une austère et sévère adolescente. »
Si bien qu' « il devient clair que l'adulte est aussi une espèce menacée, en proie au doute et au stress, mais dont la sauvegarde, dans le cadre de l'étude et de la sauvegarde des primates, serait sur le point d'être prise en charge, bonne nouvelle, par la World Wild Fund for Nature, la WWWF( en collaboration avec la fondation Albert 1° de Monaco) »
Pour persister dans le sourire, il fait bon de se sentir moins « bête », au moment de l'accumulation des paradoxes quand « la tour de verre appelle la hutte en bois » et que « le civilisé à prothèses se coiffe d'un chapeau de paille ». Ses balayages historiques sont très parlants quand les artistes annoncent les temps à venir, passant des espérances aux rouges horizons aux réalités des ciels rougis d'incendies :
« On ne se guérit d'un académisme, n'est-ce pas, que par un autre. Après un trop de Verbe, un trop de Corps. »
La tentation était forte de le citer encore mais la phrase De Voltaire « il faut cultiver notre jardin » conviendra pour conclure, un verre de vin à la main. le terroir a besoin du viticulteur.

Lien : http://blog-de-guy.blogspot...
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Et voilà la dernière page est tournée. Je regarde le petit livre, son format, son papier, sa couverture, son odeur. J'aime cette collection Tract. Et je pense à ce que je viens de lire. Je ne parviens pas encore à comprendre où Régis Debray veut en venir. Cet homme, cet humain, cet écrivain-philosophe-haut fonctionnaire est étrange. J'ai le sentiment que cet publication est plus un écrit littéraire qu'un véritable essai sur l'écologie. Son lexique possède des sources multiples. Il les manie avec savoir-faire et obtient de très bel effet, tantôt géniaux et tantôt triviaux. Mais in fine je ne sais pas où il se situe, lui personnellement. J'ai plutôt ce sentiment confus d'être en présence d'une personne humaine qui ne veut pas s'engager. Il défend une idée, un concept et deux phrases plus loin, il la dénigre ou l'amoindri par un ton ironique comme si cela n'en valait pas la peine. Est-ce parce qu'il a vécu cet engagement au coté du Che dans sa jeunesse et qu'après avoir été torturé, il a failli être exécuté sans l'intervention de De Gaulle pour le sortir de cet impasse morbide, alors il se méfie des engagements.
Il me fait penser à la Chanson de Brassens « Mourir pour des idées » d'accord mais de mort lente qui elle aussi me laisse interrogateur.
Lien : https://tsuvadra.blog/2022/0..
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Un court mais dense essai de 50 pages qui tente de repérer ce qu'est le siècle vert, le notre, par opposition au siècle rouge, le précédent. Nous serions es en train de passer du règne du temps, de l'histoire et de l'esprit, c'est-à-dire de l'homme, au règne de l'espace, de l'écologie et des espèces, c'est-à-dire de la nature. Attention dit Régis Debray, de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, de ne pas trouver dans le respect de la nature une nouvelle religion. Cherchons au contraire à préserver et le jardin, et le jardinier.
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Certaines idées sont intéressantes. Cependant elles sont obscurcies par un langage délibérément soutenu, ce qui donne au texte un côté pédant et supérieur, mâtiné de nombreux regrets sur l'ancienne société occidentale car, éternel refrain puant, "c'était mieux avant" (selon l'auteur, avant que les couples puissent avoir des enfants sans relation sexuelle, avant que les jeunes générations discourent sur l'environnement sans connaitre par coeur le nom des plantes (car c'est évidemment plus utile de connaitre le nom de toutes les plantes que d'argumenter sur les conséquences environnementales des actions politiques), etc). Un tract au discours rétrograde d'autant plus pernicieux que ce discours est caché. Quelquepart, mieux vaut le discours d'un Eric Zeimour, horrible mais qui a l'avantage d'être clair.
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Régis Debray publie le Siècle vert. "Un spectre hante l'Occident… L'angoisse écologique… n'annonce rien moins, pour notre civilisation, qu'un changement englobant : jusqu'à présent, L Histoire guidait la pensée humaine, désormais ce sera la Nature. Nous passons des valeurs sociales aux valeurs écologiques.
C'est un étrange et passionnant exercice d'équilibriste auquel se livre Régis Debray. Celui d'un sage qui s'inquiète du « changement de civilisation » à l'oeuvre, tout en reconnaissant que celui-ci est nécessaire, voire inéluctable. Notre siècle serait donc vert, quand bien même il ressemble davantage à une correction de tir fait remarquer avec un certain cynisme l'ancien révolutionnaire qui souligne cependant le risque de tomber dans une nouvelle monoculture qui pourrait devenir le fondamentalisme de demain. Mais l'auteur sous-estime l'urgence de l'alerte écologique quand il se hasarde à comparer les époques d'élévations de température en feignant d'ignorer qu'elle sont aujourd'hui entièrement le fait de l'homme.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le faustien, on l'a compris, est un Blanc, un homme pressé, un manager qui aime les graphes et les tableaux Excel. C'est un urbain, un startupper, un homme d'initiative et d'industrie. L'ailleurs le démange et le lendemain l'inspire. Tout le contraire du bouseux collé à son lisier et au retour des saisons. Il ne cache pas son magot sous le matelas, lui, il risque, joue et gagne Il a foi dans le progrès, non sans raison, puisqu'il diminue sans cesse, par ses astuces et prototypes, la peine de vivre. Le maître des horloges a des plans de campagne appelés prévisions de croissance, car c'est un guerrier, et des réunions d'Etat-major, appelés G8 ou G20, car il voit grand. En tout, il mesure la performance, exige le maximum, et brandit le chronomètre. En clair, c'est l'homme de l'Esprit, tel que Valéry le définit : non un "flatus vocis", un gaz immatériel et flou, mais une "puissance pratique de transformation du réel", active et proactive. L'Esprit, oui, par opposition à la Nature. Ces termes démodés, jugés peu recevables par nos maîtres-déconstructeurs, il nous faut les assumer, avec ou sans leur majuscule hautaine. S'entendra ici, prosaïquement, par nature, à la façon stoïcienne, l'ensemble des choses qui ne dépendent pas de nous, et par esprit, le système élaboré des forces qui s'appliquent à faire qu'elles dépendent de nous. Ce ne sont pas là deux blocs métaphysiques immuables, puisqu'au fut et à mesure que l'esprit accroît ses moyens d'intervention, tout ce sur quoi nous n'avons pas prise - la nature - doit battre en retraite. Réduire au plus strict minimum l'antique force des choses, ce fut la raison d'être, et à court terme, la réussite de qui ouvre des lignes aériennes, arase les haies vives et asphalte les chemins de terre. Qui procède au remembrement des parcelles, assainit la bocage, améliore la productivité, fait ses additions et réclame un bonus. Qui, en ville, taille des avenues et remplace les ruelles par des esplanades. Tout ce qui entrave et enclave, pèse et empèse, l'insupporte - Héritage, Tradition, Localisation. Pas de fil à la patte. Respecter, c'est radoter. Son devoir à lui est de créer du jamais vu. L'an I de la République. L'an I de l'homme nouveau. "Du passé faisons table rase", de la couche d'ozone, des nappes phréatiques et des séquoias aussi, et demain l'Internationale sera le genre humain. Rien de plus condamnable, à ses yeux, et de plus rétro, que l'injonction d'Epictète : "Ne prétend pas changer la nature des choses." Lui, justement, c'est son métier, son orgueil, sa feuille de route.
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Le retour à la sève et aux sucs ne s'est pas fait un beau matin, sans préavis. Le glissement, que nous voyons en live, de l'Esprit sans la Nature (pôle progressiste) vers la Nature sans l'Esprit (pôle réactionnaire), a demandé plusieurs siècles. Les termes en ion du prométhéisme ont émergé à la fin du dix-huitième (communication, régénération, civilisation, colonisation, etc.). Le dix-neuvième a enchaîné avec la machine à vapeur, l'engorgement des métropoles et le passage en accéléré de l'agriculture à la manufacture. L'Esprit atteint enfin sa vitesse de libération au vingtième siècle avec les aéroplanes, la machine-outil, le bébé-éprouvette, les aliments ultra-transformés, les transgenres et le désormais classique «on ne naît pas femme, on le devient ». Ce sont les décennies fabuleuses, 1900-1925, des avant-gardes qui ont exploré tous les possibles de l'ingénierie, OGM compris, ouvrant la voie à notre régime actuel : le concept sans l'affect, le marché sans frontières, l'art sans œuvre, la reproduction sans sexe, la dissidence sans risque, le roman sans récit, le café sans caféine et le mot sans la chose. Ayant débranché sa prise de terre, l'Esprit se pense désormais à même d'effacer la matière première sous le produit fini, l'inné sous l'acquis, et de voir dans le monde sensible, le plus bas de gamme des mondes possibles.
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Premier stade : 1866, naissance d'une discipline scientifique (l'Ökologie de Haekel) et une science ne fait pas la morale. Deuxième stade, 1968 : transformation d'une science en idéologie, symbole d'une contre-culture rebelle et contestataire. Troisième stade, années 2000, transformation d'une contre-culture en dogme officiel, et d'une discipline garde-fous en litanie cache-misère. On pourrait poursuivre l'asymptote des renversements, vu la facilité déconcertante qu'à la correction d'une injustice pour en produire une deuxième, l’Évangile des Béatitudes pour accoucher de l'Inquisition, et un marxisme égalitaire, des bagnards en Sibérie. Théocratie, Idéocratie et demain Biocratie? Ce n'est pas une raison pour se dérober à l'impérative reconnaissance de biens communs à protéger. C'en est une, tout au plus, pour se demander si d'un "Urgence planète" ne pourrait sortir quelque jour une Biorégion où un haut comité d'experts, flanqué d'hommes à poigne, viendrait proclamer : "Le temps nous est compté. Assez d'atermoiements. On va vous serrer la vis pour vous sauver la vie. Si la Terre, elle, ne ment pas, les humains, eux, sont pleins de turpitudes, et il faut en finir avec ces mensonges qui nous ont fait tant de mal et nous mènent à l'abîme. Adieu les Bisounours et les néo-ruraux sympas. Au boulot." On passerait alors de l'appel au secours à l'organisation des secours, avec contrôle sécuritaire des secourus. Brigades d'inspection des poubelles, incarcération des chasseurs, fumeurs et réfractaires, campagnes de stérilisation forcée. Un enfant et un seul par couple ne venant pas spontanément à l'idée des mamans, seul un État autoritaire et policier pourrait faire respecter les règles malthusiennes qu'imposerait une détresse climatique mettant le couteau sous la gorge des survivants.
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Qui procède au remembrement des parcelles, assainit le bocage, améliore la productivité, fait ses additions et réclame un bonus. Qui, en ville, taille des avenues et remplace les ruelles par des esplanades. Tout ce qui entrave et enclave, pèse et empèse, l'insupporte - Héritage, Tradition, Localisation. Pas de fil à la patte. Respecter, c'est radoter. Son devoir à lui est de créer du jamais vu. L'an I de la République. L'an I de l'homme nouveau. « Du passé faisons table rase », de la couche d'ozone, des nappes phréatiques et des séquoias aussi, et demain l'Internationale sera le genre humain. Rien de plus condamnable, à ses yeux, et de plus rétro, que l'injonction d'Épictète : « Ne prétends pas changer la nature des choses. » Lui, justement, c'est son métier, son orgueil et sa feuille de route.
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Pendant un millénaire, l'homme moral s'est demandé : "où en suis-je avec Dieu?" Puis, à partir de la Renaissance : "où en suis-je avec mes congénères?" Et aujourd'hui, "où en suis-je avec les animaux?" L'Occidental se cherchait au Ciel ; il s'est cherché dans son semblable ; il se cherche à présent dans le chimpanzé - au risque de s'y retrouver. Nous passons d'une condition spirituelle à une condition naturelle. La première, comme bue par la seconde.
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