Je me souviens avoir rencontré
Jean-Louis Debré à deux reprises dans des salons du livre : Quais du Polar à Lyon et un festival à la mairie du XIIIe de
Paris. Non seulement il avait volontiers évoqué ses romans policiers, mais il s'était intéressé, sans façon et sincèrement, à ce que j'exposais dans ces salons. Je ne crois pas me tromper, donc, en affirmant que l'ancien président du Conseil constitutionnel publie des polars avant tout par plaisir, une sorte de violon d'Ingres.
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Si j'avais plutôt apprécié
Quand les brochets font courir les carpes (2008) ou
Meurtre à l'Assemblée (2009), je suis très réservé sur
La Rumeur. L'auteur cherche naturellement à mettre à profit sa connaissance des rouages politiques pour donner du sel et de l'épaisseur à ses intrigues. Ce coup-ci, il ne parvient pas à faire "prendre la mayonnaise", hésitant sans cesse entre l'enquête policière et la chronique politique. Cette dernière masque (ha, ha !) à peine ses allusions à la réalité puisque l'intrigue se déroule à un an de l'élection présidentielle. On reconnaît les personnalités politiques malgré les noms imaginaires, et force est de constater qu'elle ne sont guère à leur avantage !
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Rédigé à la va-vite, le texte pâtit d'un style banal qui lasse le lecteur (ou du moins le signataire de cette critique). On s'amuse des secrets des cabinets ministériel alors que l'enquête laisse froid. D'ailleurs… elle n'intéresse pas non plus l'auteur, vous comprendrez pourquoi si vous lisez le roman en entier. Un indice : aucune allusion à la pandémie n'est présente dans le roman, malgré sa datation implicite… sauf à une seule reprise, dans l'ultime chapitre (page 320 en bas), qui plus est d'un style légèrement plus soigné que le reste. de quoi se demander si
Jean-Louis Debré n'était motivé que par ce long épilogue, aux allures de leçon de politique. On peut le comprendre, car l'enquête qui occupe les deux tiers du livre est ennuyeuse au possible…
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Dans la catégorie des polars écrits par des personnalités politiques, je préfère à tout prendre L'Heure de
Vérité d'Édouard
Philippe et son compère, que j'avais chroniqué ici…