Martine, tome 7 : Martine fait du théâtre

Attention, cette critique va fatalement manquer d'objectivité puisque je voue un culte particulier à Martine et à son univers.

Martine a ce pouvoir (je suis persuadée de ne pas être la seule dans ce cas d'ailleurs) de me ramener en l'espace d'une seconde dans le cocon tendre et confortable de mon enfance dans ses heures les plus lumineuses. Album après album, le charme et la grâce de Martine ont agi sur moi petite fille et continuent à agir sur moi adulte.

Je décerne une mention spéciale à cet album "Martine fait du théâtre" car quel enfant n'a pas joué à se costumer pour jouer avec ses petits camarades ? Quel enfant n'a pas bricolé sa propre panoplie en faisant d'un plaid une superbe crinoline ou d'un tuyau d'arrosage un redoutable lasso de cow-boy ? Or, dans cet album précisément, l'enfant peut s'identifier et "justifier" sa quête d'imaginaire et la fantaisie de ses jeux. Comme Martine, grimper en douce au grenier, ouvrir les vieilles malles, les cartons croulants oubliés dans un coin, braver la poussière et les toiles d'araignée et dénicher un trésor : celui des vieilles reliques remisées "parce que ça peut toujours servir" même si la plupart du temps elles sont juste condamnées à un sommeil éternel, ou, dans le cas présent, pas si éternel que cela puisqu'une seconde vie leur est offerte.

Ce qui me fascinait dans ma lecture et la contemplation des superbes dessins de cet album était moins le fait que Martine et ses copains mettent en scène des "pièces de théâtre" car rien n'est plus naturel pour des enfants que d'inventer des histoires, mais bien la profusion et la diversité des costumes que recèlent les vieilles malles du grenier de Martine ! A vous dégoûter de n'avoir déniché qu'un plaid et un tuyau d'arrosage ! C'est peut-être ça qui explique que le rêve perdure ?

Comme les petites filles modèles de la comtesse de Ségur, Martine est une petite héroïne de mon enfance qui me fait retrouver cette période merveilleuse où l'imagination faisait partie intégrante de la pensée.
Les illustrations de Marcel Marlier sont pour beaucoup dans cet univers qui reste magique pour nombre de petits lecteurs.

J'ai trouvé cette vielle édition de "Martine fait du théâtre" dans une petite librairie pendant les vacances et comme j'adore le théâtre il fallait vraiment que je complète ma petite collection de Martine (prénom oblige car je m'appelle Martine).
La Martine de l'album est née en 1954, en plein baby-boom à la demande des éditions Casterman auprès de Gilbert Delahaye, auteur et typographe, et Marcel Marlier, illustrateur belges. A l'époque, les enfants adhèrent massivement au nouveau concept de série qui leur permet de s'identifier à leurs héros et de les retrouver dans leur quotidien. le style, les dessins et les histoires reflètent l'évolution de la société ces 60 dernières années.
Quand j'étais petite je la trouvais « cucu la praline » car elle était trop sage ! Mais la petite fille modèle à un côté vintage très à la mode aujourd'hui et elle fait partie de mes souvenirs, avec ses frères Jean et Alain, son chien patapouf et le chat Moustache.
Et puis, il s'agit aussi d'un phénomène d'édition avec une centaine de millions d'exemplaires vendus dans une trentaine de pays, dont plus d'un quart en langues étrangères !
Pour les amateurs, je ne conseille pas cet album, d'abord parce qu'il y en a de meilleurs et parce qu'en se déguisant pour jouer, les enfants reproduisent une scène sur l'esclavage avec le copain noir qui joue a éventer le noble blanc et que ça a l'air normal; ce qui me choque.

J'ai trouvé ce livre, qui manquait à ma collection, dans un meuble d'échange de la galerie marchande, et c'est toujours le même plaisir, malgré les années, de retrouver Martine, Patapouf et leurs amis.
Les illustrations toujours aussi belles et l'imagination débordante de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier.

Cet album de Martine représentait pour moi un véritable rêve étant enfant: découvrir un vieux coffre (de type coffre au trésor) rempli de déguisements tous plus beaux les uns que les autres, afin de s'en servir pour monter de petites pièces de théâtre improvisées et ainsi changer d'identité l'espace d'un instant. J'aimais beaucoup cet album et j'y repense avec nostalgie.