-Imaginez, ou plutôt n'imaginez pas.
Je venais de toucher ma table, d'y poser une petite feuille blanche.Le jour devait se lever.Je poussai une porte que j'étais seul à connaître dans ma table.
J'enfonçai mes deux mains, oubliant que mes doigts étaient des couteaux. Chaque coup de plume était un coup de lame. Le sang coulait. La porte s'était refermée.
Je touchai du bout de mon encre raide, les vertèbres et la nuque d'un homme gelé ; d'un tas dans lequel je n'arrivais plus à suturer sa douleur et mon angoisse. Je criais de la mine de plomb, je mâchais des poils qui s'enroulaient autour de ma langue. J'avançais dans une cave de viscères, de moles boules de sang prêtes à éclater.L'encre de Chine séchait trop vite au bout du bec qu'écrasait un tendon bleuté.
Je suis ma feuille, ma porte et ma cible.
Comme un sacrifice, mon corps tremble.
J'ai tiré.
Copeaux, extrait, Fred Deux.
En librairie et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/4383-platon-a-rendez-vous-avec-darwin.
Un dialogue renouvelé entre les Deux cultures, les sciences et les humanités, permet-il d'aborder de grandes questions de philosophie politique sous un jour nouveau et fécond ? Vincent le Biez en fait le pari.