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Le magasin d'antiquités tome 2 sur 3
EAN : 9782264003683
10-18 (09/09/1998)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Alfred Des Essarts (Traducteur)

Un roman qui annonce, les Contes de Noël, et qui en même temps déborde de partout le cadre religieux et moralisateur qui le structure : le cirque, la petite Marquise, Dick Swiveller, les figures de cire de Mme Jarley rappellent sans cesse au lecteur (et à l'auteur?) que le génie comique l'emporte sur la plus sincère des convictions éthiques. Et si les contemporains ont surtout vibré à la mort de la petite Nell, nous pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un grand Dickens comme a son habitude. Grand dans tous les sens, par le talent mais aussi par le nombre de pages. Il faut de nombreuses heures pour venir à bout de ces deux tomes, mais ce n'est que du plaisir. L'écriture même si c'est une traduction est splendide et pleine de recherches. Donc félicitations aussi pour la traduction de ce chef d'oeuvre.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tout ce qui se produit dans notre vie, soit en bien, soit en mal,
nous frappe par le contraste. Si le calme d'un simple village
avait ému l'enfant d'autant plus vivement qu'elle avait été
obligée, pour y arriver, de traverser, sous le poids de la fatigue
et du chagrin, des chemins noirs et rudes, quelle ne fut pas son
impression lorsqu'elle se trouva seule au milieu de ce monument
solennel! La lumière même, en passant par les fenêtres
surbaissées, semblait vieille et grise; l'air, pénétré de miasmes
de terre et de moisissure, était comme chargé d'un principe de
mort dont le temps avait dégagé les parties les plus impures, et
il soupirait à travers les arcades, les nefs et les faisceaux de
piliers, comme le souffle des siècles écoulés! Le pavé était tout
brisé, tout usé par les pieds des fidèles, comme si le Temps,
venant à la suite des pèlerins, avait effacé leurs traces pour ne
laisser que des dalles qui s'en allaient en miettes. Les poutres
étaient rompues, les arcades affaissées; les murailles sapées
tombaient en poussière; la terre avait perdu son niveau; sur les
tombes fastueuses, pas une épitaphe n'était restée: tout enfin,
marbre, pierre, fer, bois et poussière, n'était plus qu'un
monument de ruine commune. Les oeuvres les plus belles comme les
plus vulgaires, les plus simples comme les plus riches, les plus
magnifiques comme les moins imposantes, les oeuvres du ciel aussi
bien que celles de l'homme, avaient toutes subi le même sort et
présentaient le même aspect.

Une partie de l'édifice avait servi de chapelle baronniale; on y
voyait les images des guerriers couchés sur leurs lits de pierre,
les mains jointes, les jambes croisées. Ces chevaliers qui avaient
combattu en Palestine, étaient encore ceints de leur épée et
couverts de leur armure comme de leur vivant. Les armes de
quelques-uns, leur casque, leur cotte de mailles étaient suspendus
près d'eux, à la muraille, à des crochets rouillés. Tout brisés et
mutilés qu'étaient ces débris, ils conservaient encore leur
ancienne forme et une partie de leur antique splendeur.

Ainsi les traces de la violence survivent à l'homme sur la terre,
et les vestiges de la guerre et du carnage se mêlent aux emblèmes
funéraires, longtemps après que ceux qui répandirent la désolation
sont devenus des atomes de poussière.
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À cette heure silencieuse, tandis que le grand-père dormait
paisiblement dans son lit et que tout se taisait, l'enfant demeura
devant les cendres mourantes à évoquer le souvenir de ses
aventures passées, comme si ce n'était qu'un rêve dont elle aimait
à ranimer l'image confuse. La clarté du feu qui s'affaissait,
réfléchie par les panneaux de chêne dont les saillies sculptées se
découpaient en lignes sinistres sur l'obscurité du plafond; les
murailles antiques, où d'étranges ombres allaient et venaient,
suivant les vacillations de la flamme; l'aspect solennel du
dépérissement qui finit par ronger aussi les objets inanimés et
invisibles; partout enfin, autour d'elle, l'image de la mort; cet
ensemble portait dans l'âme de Nelly de graves pensées, mais aucun
sentiment de terreur ni d'alarme. Peu à peu une métamorphose
s'était opérée en elle dans les jours de solitude et de chagrin:
sa force avait diminué, mais son courage s'était fortifié; son
esprit avait grandi, son âme s'était épurée; dans son sein avaient
germé ces saintes pensées et ces graves espérances qui
n'appartiennent guère qu'aux faibles et aux languissants. Personne
ne vit cette créature fragile lorsqu'elle s'éloigna doucement du
feu et qu'elle alla s'appuyer pensive au bord de la petite fenêtre
ouverte; nul, si ce n'est les étoiles, n'était là pour apercevoir
son visage levé vers le ciel et y lire son histoire. La vieille
cloche de l'église sonnait l'heure avec un timbre mélancolique,
comme si elle ressentait quelque tristesse d'avoir de si longs
entretiens avec les morts, et d'adresser tant d'avertissements
inutiles aux vivants; les feuilles mortes bruissaient, l'herbe
frémissait sur les tombes; hors cela, tout était tranquille, tout
dormait.

Quelques-uns de ces dormeurs sans rêves étaient couchés dans
l'ombre de l'église, près des murs; comme s'ils s'y attachaient
pour y trouver protection et bien-être. D'autres avaient choisi
leur asile sous l'ombrage mouvant des arbres; d'autres sur le
chemin où l'on pouvait passer près d'eux; d'autres parmi les
tombes des petits enfants. Il y en avait qui avaient préféré
s'étendre sur le sol même qu'ils avaient foulé dans leurs
pérégrinations du jour; d'autres, là où le soleil couchant
échaufferait leur petit lit; d'autres, là où ses premiers rayons
les éclaireraient dès l'aube. Peut-être n'y avait-il aucune de ces
âmes, emprisonnées maintenant dans la tombe, qui eût jamais de son
vivant songé à se séparer de l'église, sa vieille compagne; ou si
cette pensée avait jamais traversé son esprit, il avait conservé
encore pour elle cet amour que l'on a vu des prisonniers garder à
la cellule où ils avaient été longtemps confinés, et dont
l'étroite enceinte, au moment du départ, les retenait encore par
de chers et douloureux regrets.
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À mesure qu'ils pénétraient dans l'ombre de cet endroit lugubre,
son influence pénible et accablante pesait davantage sur leur
esprit qu'elle remplissait d'une cruelle mélancolie. De tous
côtés, aussi loin que l'oeil pouvait mesurer l'interminable
étendue, de bautes cheminées, superposées les unes sur les autres
et offrant la répétition invariable de la même forme triste et
laide qui est le fond horrible des mauvais rêves, vomissaient leur
fumée pestilentielle, obscurcissaient la lumière et salissaient
l'air assombri. Au bord de la route, sur des remblais de cendres
maintenus seulement par quelques mauvaises planches ou des débris
de toits de poulaillers, d'étranges machines s'agitaient et se
tordaient comme des malheureux à la torture, faisant retentir
leurs chaînes de fer, criant de temps à autre dans leur rapide
évolution comme dans un supplice insupportable, et faisant
trembler le sol du bruit de cette espèce d'agonie. Des maisons
délabrées apparaissaient çà et là, penchant vers la terre, étayées
par les ruines de celles qui étaient déjà tombées, sans toit, sans
fenêtres, noires, dévastées et cependant habitées encore. Des
hommes, des femmes, des enfants, pâles et déguenillés,
conduisaient les machines, entretenaient les feux, ou mendiaient
sur la route, ou se précipitaient à demi nus hors de leurs maisons
sans porte. Alors affluèrent de plus en plus des monstres
menaçants, ou du moins on pouvait le croire à leur air farouche et
sauvage, criant, tournant dans un cercle sans fin; et partout,
devant, derrière, à droite, à gauche, la même perspective
interminable de tours en briques, n'interrompant jamais leurs
noires exhalaisons, détruisant tout être vivant, toute chose
inanimée, absorbant la clarté du jour et étendant sur toutes ces
horreurs un sombre et épais nuage.

Mais la nuit dans ce lieu épouvantable! la nuit, quand la fumée se
changea en feu; quand toutes les cheminées vomirent leurs flammes;
quand les bâtiments, dont la voûte avait été noire durant le jour,
s'éclairèrent d'une lueur rouge avec des figures que, par les
ouvertures flamboyantes, on voyait s'agiter çà et là, et qu'on
entendait s'appeler mutuellement et échanger des cris sauvages; la
nuit, quand le bruit de toutes les bizarres machines fut aggravé
par l'obscurité; quand les gens qui les desservaient parurent plus
farouches et plus sauvages encore; quand des troupes d'ouvriers
sans ouvrage se répandirent sur les routes ou se groupèrent, à la
lueur des torches, autour de leurs chefs qui, dans un langage
rude, leur parlaient de leurs maux et les poussaient à jeter des
cris violents, à proférer des menaces; quand des forcenés, armés
de sabres et de tisons ardents, insensibles aux pleurs et aux
supplications de leurs femmes qui s'efforçaient de les retenir,
s'élançaient en messagers de terreur et de destruction pour porter
partout une destruction qui les consolât de leur propre ruine; la
nuit, quand les corbillards roulaient avec un bruit sourd, tout
remplis de misérables bières (car une contagion mortelle avait
fait ample moisson de vivants); quand les orphelins se
lamentaient, et que les femmes éperdues de douleur jetaient des
cris perçants et faisaient la veille des morts; la nuit, quand les
uns demandaient du pain et les autres de quoi boire pour noyer
leurs peines; quand les uns avec des larmes, les autres en
marchant d'un pas chancelant, d'autres enfin avec les yeux rouges
allaient pensant à leur famille; la nuit qui, bien différente de
celle que Dieu envoie sur la terre, n'amenait avec elle ni paix,
ni repos, ni doux sommeil; oh! qui dira les terreurs dont cette
nuit devait accabler la jeune enfant errante!...

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Je m'affligeais, dit l'enfant fondant en larmes, je
m'affligeais de penser que ceux qui meurent parmi nous sont
bientôt oubliés.

-- Et pensez-vous, dit le maître d'école, remarquant le regard
qu'elle avait promené autour d'elle, qu'un tombeau sans visiteurs,
un arbre languissant, une fleur ou deux fanées soient des preuves
d'oubli ou de froide négligence? Pensez-vous qu'il n'y ait pas, en
dehors des fleurs ou des arbustes, des pensées en action, des
souvenirs vivants pour perpétuer la mémoire des morts? Nell, Nell,
il y a peut-être dans le monde en ce moment bien des gens occupés
au travail, dont les bonnes actions et les bonnes pensées n'ont
d'autre source que ces tombeaux en apparence si négligés.

-- Ne m'en dites pas davantage, s'écria l'enfant. Ne m'en dites
pas davantage. Je sens, je comprends cela. Comment ai-je pu
l'oublier? je n'avais pourtant qu'à penser à vous.

-- Il n'est rien, dit vivement son ami, non, rien d'innocent et de
bon qui puisse mourir et être oublié. Si nous ne croyons pas à
cela, ne croyons plus à rien. Un petit enfant, un enfant bégayant
à peine qui meurt au berceau, revivra dans les plus doux souvenirs
de ceux qui l'aimèrent, et remplira là-haut son rôle en rachetant
les péchés du monde, bien que son corps puisse être réduit en
cendres ou enseveli dans les profondeurs de l'Océan. Il n'y a pas
un petit ange dont se recrute l'armée du ciel, qui ne fasse sur la
terre son oeuvre sainte en faveur de ceux qui l'ont chéri ici-bas.
Oublié! oh! si l'on pouvait fouiller à leur source les bonnes
actions des créatures humaines, combien la mort elle-même
paraîtrait belle! et comme on trouverait que la charité, la
mansuétude, la pure affection ont pris souvent naissance dans la
poussière des tombes!

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Il y a dans le coeur humain des cordes étranges, variées,
qui ne vibrent que par accident: elles resteront muettes et
sourdes aux appels les plus passionnés, les plus ardents, et puis
un jour enfin elles répondront au contact le plus léger et le plus
fortuit. Dans les esprits les plus insensibles ou les plus
enfantins, il y a un certain fonds de réflexion que l'art suscite
rarement et que toute l'habileté du monde ne pourrait inspirer: il
se révèle par hasard comme se sont révélées la plupart des grandes
vérités, quand celui qui les découvrait n'avait en vue que le but
le plus simple.

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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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