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EAN : 9782931080221
136 pages
Quadrature (10/04/2022)
4.94/5   9 notes
Résumé :
Les vies ordinaires ont ceci d'extraordinaire qu’à tout moment elles peuvent le devenir.
Comment des personnages ni super-héros ni aventuriers peuvent-ils se retrouver, sans l'avoir prémédité, en train de ne pas oser, taire, mentir, tricher, voire plus ?
Avec une sobriété d’écriture revendiquée, Gilles Dienst raconte les moments qui vont les entrainer là où ils n’auraient pas imaginé aller.
On y rencontre Jérôme et ses cendres, Williams et sa fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La vie ordinaire d'hommes et de femmes – sept histoires, sept personnages – tout à coup bouleversée au gré d'un évènement conduisant à prendre une nouvelle direction... le hasard, l'étrange nous enchantent comme une petite musique les accompagnant sur des chemins inattendus. J'aime énormément les gammes que nous écrit Gilles Dienst sur le sens de la vie !

Des existences qui lentement prennent un nouveau cours, d'abord avec calme et prudence dans la première nouvelle éponyme du recueil intitulée le sens du vent. Un homme vient sur la plage pour éparpiller les cendres de sa mère au vent marin et c'est là qu'il va rencontrer Linda, peut-être un nouveau destin ? le vent de l'existence où rien ne reste à sa place, symbolisé par le sable envahissant la maison sur la dune.

Hasard de nos existences soumises à leurs aléas provoqués par nos actions ou pas... le vent est de toutes les directions et peut souffler vers une vie plus extraordinaire... Ces nouvelles sont soit optimistes, soit pessimistes selon les choix des personnages et le hasard des évènements : ici un accident de la route, là une rencontre heureuse, sans lendemain... ou fatale !

Le mystère donne une belle dimension à tout cela. J'ai particulièrement aimé Coupable. Au centre du récit Gilles Dienst a placé le chien d'un juge, c'est lui, le magistrat à la retraite qui a nommé son étrange animal « Coupable », pas mal non ? Un chien bizarre, qui semble écouter ce qui se dit, un peu juge et partie... Alors que ce sont peut-être Vanessa et l'ancien juge qui projettent sur lui leur histoire à eux, une façon d'inventer des forces supérieures, expliquer ainsi l'accident, voire la mort s'invitant dans leur quotidien. Une manière de se dédouaner de toute responsabilité, d'envisager un méfait qui pourrait bien devenir tragique sans se sentir coupable ?

Raconter des histoires percutantes, sans détours inutiles, voilà ce que j'aime généralement dans les nouvelles et là je suis comblé. A un degré ou un autre, chacun des personnages cache son jeu pour se protéger ou pour tirer parti de la situation, ou encore de tenter de vivre avec une réalité accablante. Il y a les histoires – Finir autrement – que des personnages tels William se racontent, lui qui continue d'attendre sa fille à la sortie de l'école alors qu'elle est morte depuis longtemps, renversée par un automobiliste ayant pris la fuite. L'auteur est un conteur rapportant des histoires vraisemblables qui naissent dans la tête des personnages comme ce Jean-José rencontrant Evelyne, une bouchère – Chambre froide – la nommant Lana Turner pour fantasmer ainsi sur une célèbre actrice hollywoodienne... de même dans cette autre histoire – le coup du boeuf – dans une version miroir puisque c'est la femme rencontrée à l'hôpital qui pousse Jean-Luc, modeste employé d'usine à viande, à endosser l'habit d'un toréro afin de répondre à ses fantasmes à elle.

La nouvelle intitulée de la boue dans les fibres m'a fortement intéressé par sa construction. Un homme seul est invité chez un couple d'amis, plutôt antipathiques, pour un barbecue.

On pourrait être en empathie avec cet homme au départ. Et pourtant on va vite se demander qui est le plus égoïste, celui qui va au barbecue tout en dénigrant le mode de vie et la frime du couple ? Ou le narrateur, d'où émerge un être froid, individualiste et profiteur ? Encore un faux-semblant, possiblement fatal, mis en scène par l'écrivain inspiré.

Taire, mentir ou être celui à qui on ment. L'intérêt du recueil est dans la gamme d'affects décrits chez des gens ordinaires. Liberté des hommes mais avec quelle dose de déterminisme ? J'ai pensé, sur certaines pages à la banalité du calcul intéressé, au manque d'intérêt aux autres, au consumérisme revendiqué commandant toute chose... Jérôme, l'écrivain en panne d'inspiration et sa jeune protégée Linda, s'en sortent bien et donnent une note d'espoir dans ce maelström humain...

Les éditions Quadrature, créées en 2005, se sont spécialisées dans le domaine de la nouvelle. de statut associatif, cette maison d'édition indépendante publie des auteurs francophones avec une large place aux débutants. L'équipe de Quadrature a raison de se dédier complètement à la nouvelle de langue française. Cela vaut vraiment le coup de s'intéresser à leurs publications !

Gilles Dienst adresse aussi le livre à toutes ses envies dont celle de continuer. J'espère ne pas passer à côté de ses prochaines publications car j'ai passé d'excellents moments avec le sens du vent. Il a un véritable talent pour la nouvelle. Quelques lignes seulement et tout est en place, impossible ensuite de décrocher. Quand il m'est arrivé de devoir reporter la lecture d'une nouvelle en cours de route, je n'avais qu'une idée en tête, reprendre au plus vite et connaître la suite... Et ça c'est un signe ! L'épigraphe de Raymond Carver n'était pas là par fanfaronnade : « Il y a d'abord cette vision fugace. Ensuite la vision fugace s'anime, se mue en quelque chose qui va illuminer l'instant et va, peut-être, laisser une empreinte indélébile dans l'esprit du lecteur, qui l'intègrera à son expérience personnelle de la vie, pour reprendre la belle formule d'Hemingway. Pour de bon. Et à jamais. C'est là tout l'espoir de l'écrivain. »

On a ici une belle série d'histoires alternant la première ou à la troisième personne, à lire dans l'ordre, absolument ! Je n'en dis pas plus afin de ne pas rompre le plaisir de la surprise, élément particulièrement important dans ce genre littéraire. Lisez ce recueil étonnant, enthousiasmant, inspiré, en résonance avec notre vie à tous.

Un grand merci aux Éditions Quadrature ainsi qu'à Gilles Dienst pour l'empreinte indélébile et lumineuse que me laissera cette lecture.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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8 nouvelles au menu :

1. le sens du vent
Respecter les dernières volontés de ma mère, c'est important. Elle a demandé que ses cendres soient dispersées dans l'océan. Janvier est le mois parfait pour ce genre d'opération. Peu de monde sur la plage. En choisissant bien l'heure, il ne devrait y avoir personne. Il faut juste qu'il y ait un peu de vent et qu'il ne soit pas virevoltant…
Ah, zut ! C'est quoi ce couple qui s'engueule sur la plage un jour de semaine en janvier ? Pouvaient pas choisir un autre moment, non ?


2. Finir autrement
Dans ce bled paumé, balayé par le vent du nord venu du Canada, que veux-tu faire d'autre que de chasser ou de pêcher ? En dehors de ça, il ne reste comme loisirs que d'affiner sa langue de pute pour commérer, boire des bières et se livrer à un type de sport particulier : l'adultère… Si tu veux ouvrir un commerce rentable dans le coin, opte plutôt pour un bar ou une armurerie… Surtout pas une librairie !

3. de la boue dans les fibres
Au réveil, je réalise qu'aujourd'hui je dois me rendre au barbecue de Jean-Christophe et de Laurence. Laurence est la plus belle femme que je connaisse. Quand son mini-short lui rentre dans les fesses, je n'imagine pas un plus beau spectacle. Jean-Christophe, je le connais depuis le berceau. Il me gonfle. Il a du pognon à revendre et il ne peut s'empêcher de l'étaler. Son dernier jouet, ce n'est rien d'autre qu'une Maserati Gran Turismo. Evidemment, après avoir avalé sa viande très haut de gamme, ses grands crus, et être passablement imbibé, il veut m'emmener faire un petit tour dans son nouveau joujou…

4. Remontées acides
Trois jours déjà qu'elle est sans nouvelles de cet homme fabuleux avec lequel elle a lié connaissance sur un site de rencontres. Célibataire ! Sans enfants ! Une pointure internationale ! Son angoisse provoque les remontées acides de ce café dont elle ne peut se passer. Elle imagine mille scénarios expliquant sa disparition. Elle ne connaît de lui que son nom et celui de son entreprise. Il est temps pour elle de le retrouver. Internet est son ami…

5. Coupable
Coupable est un chien ! Non ! N'allez pas imaginer qu'il s'agit là d'un homme se comportant mal ! Coupable est un chien ! Un vrai chien ! Il fut ainsi nommé par son maître, un très vieux juge à la retraite, grand amateur d'art. Coupable a provoqué un accident, heureusement sans gravité, en surgissant sous une pluie battante devant le SUV d'une conductrice qui décida de le ramener à son auguste propriétaire. Elle est belle. Elle est sexy. Son décolleté est plein de promesses et ses jambes sont magnifiques. Malgré son grand-âge, le juge semble très sensible aux riches arguments esthétiques de la dame…

6. Chambre froide
Evelyne est charcutière… Oui… Mais surtout elle est d'une grande beauté et ne cherche pas à cacher ses formes avantageuses. Rien de plus excitant que de la voir monter à l'escabeau. Ne voilà-t-il pas que le libraire du quartier, Arnaud, l'invite à lui rendre visite dans sa boutique. Evelyne n'est pas très livres, pas du tout même, mais le libraire se passionne également pour le cinéma ! Voilà un hobby qui parle à Evelyne, même si, contrairement à Arnaud, elle n'est pas portée vers les polars. Arnaud fantasme sur l'actrice qui tourna, notamment, dans « le facteur sonne toujours deux fois » … Et il se fait qu'il y a quelques points communs, physiquement, entre l'actrice et… la délicieuse charcutière ! Jusqu'où le fantasme d'Arnaud va-t-il le pousser ?

7. le coup du boeuf
La vie de Jean-Luc bascule lorsque la demi-carcasse de boeuf qu'il manipule lui tombe dessus ! La bête, ou ce qu'il en reste, pèse environ deux cents kilos ! Les collègues accourent. Ils doivent s'y mettre à cinq pour dégager Jean-Luc. Transporté d'urgence à l'hôpital, il est sauvé, mais nécessite une longue revalidation. Au cours de celle-ci, il rencontre une splendide jeune femme qui est là pour apprendre à se passer de son fauteuil. Entre eux, cela colle très bien, mais suite à un quiproquo, Christine s'imagine qu'il est torero et est pleine d'admiration pour cet homme. Jean-Luc va-t-il lui révéler la vérité ?

8. Arrêter le sable
Et on termine sur la plage où le livre a commencé avec (presque) les mêmes protagonistes.


Critique :


Vous qui pensez que les nouvelles sont un genre mineur, vous devriez essayer les excellents ouvrages publiés par Quadrature. Vous y découvrirez des histoires très variées et qui en quelques pages vont vous faire vibrer, tressaillir, angoisser… Vous aurez envie de crier votre colère ou d'éclater de rire.

Gilles Dienst, dont c'est le premier ouvrage de lui que je lis (c'est sans doute aussi son premier ouvrage publié) m'a entraîné dans huit histoires humaines qui m'ont beaucoup touché émotionnellement. En quelques pages, le décor a été planté et l'action s'est déroulée.

Prenez des gens tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Cela pourrait être vous… ou moi ! Mais je ne nous le souhaite pas quand je vois ce que monsieur Dienst fait subir ou accomplir à ses personnages. Nous ne sommes pas dans le polar, mais des victimes, il y en a !

Je vous promets des fins très surprenantes pour ces récits… Un vrai bonheur !
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Impossible de lire des nouvelles et de promouvoir ce genre littéraire encore trop peu apprécié en France (même s'il me semble que cela s'améliore un peu) sans parler des éditions Quadrature qui en ont fait leur cheval de bataille.

Le sens du vent, de Gilles Dienst, fait partie de leurs dernières publications et, comme d'habitude, j'ai eu la chance (et le bonheur) de lire ce recueil et de le présenter via notre librairie associative ambulante, Lectures et plus.

Le sens du vent, c'est également le titre de la première des huit nouvelles qui composent cet excellent recueil.

Par un froid matin de janvier, un homme profite de la bonne direction du vent pour aller disperser les cendres de sa mère vers la mer. Ce même matin, c'est sur cette plage qu'un couple se sépare sur une sévère dispute qui perturbe la discrétion que cet homme recherche pour exaucer les dernières volontés maternelles. S'ensuit une rencontre inattendue et...

Avec cette première nouvelle, la table est mise, si je puis dire. Et la suite n'est que confirmation de la parfaite maîtrise du genre par le nouvelliste. Qu'il s'agisse de commérages intempestifs (Finir autrement), de la disparition imprévue du maitre de maison (De la boue dans les fibres), de cette femme qui se noie dans le café (Remontées acides), des conséquences causées par un chien qui a la malchance de s'appeler "Coupable", des fantasmes insoupçonnables d'un libraire (Chambre froide), de l'imbroglio dans lequel se retrouve un homme en convalescence (Le coup du boeuf) ou des retrouvailles inattendues des deux protagonistes de la première nouvelle (Arrêter le sable), toutes nous régalent et nous comblent.

Le point commun de ces nouvelles, c'est la bascule d'une vie banale et ordinaire vers une situation extra "ordinaire". Comment y faire face? Comment s'adapter? Comment réagir tout simplement.

Avec tact, élégance, sournoiserie, ironie, charme, délicatesse ou dérision, Gilles Dienst nous conte ces histoires d'hommes et de femmes comme vous et moi et leurs réactions, comportements et attitudes pour le moins surprenantes quand elles ne sont pas ahurissantes.

L'effet de surprise est toujours au rendez-vous (et en cela la maîtrise de la nouvelle est confirmée) mais aussi la qualité d'une écriture sensible, précise, franche et savoureuse.

Une heureuse découverte littéraire et un nouvelliste à suivre.
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Un recueil de 8 nouvelles, 8 histoires de personnes banales, 8 histoires où la fin, elle, ne l'est pas, banale ! on se laisse happer et surprendre par la vie de ses personnages! Gilles Dienst nous donne à lire le commun qui peut ne plus l'être en un quart de secondes ! ça remue et ça bascule ! je vous conseille ce recueil ! vraiment !
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Quand les éditions Quadrature me propose un de leurs recueils de nouvelles, je n'hésite jamais. Je sais qu'il ne publie pas n'importe quoi et que la qualité est toujours présente. C'est encore plus le cas dans "Le sens du vent" que je viens de recevoir et de lire avec grand plaisir. Je remercie dont les éditions Quadrature pour ce partenariat et je félicite Gilles Dienst pour la qualité de son écriture.

Les nouvelles que je préfère sont celles qui ont une certaine longueur, qu'on ait le temps de faire connaissance avec les personnages, de les connaitre un peu, de découvrir leurs qualités et leurs défauts. C'est le cas ici : 8 textes pour 130 pages.

Pour moi, la chute est très importante dans une nouvelle et les textes de Gilles Dienst se termine tous de façon plus ou moins inattendue.

J'ai aussi aimé retrouver les mêmes personnages de la première nouvelle dans la dernière.

Les personnages de ses nouvelles ne sont pas des héros au pouvoir extraordinaire, pas des gens qui ont eu une vie différente de la nôtre. Ils pourraient donc être vous; ils pourraient être moi. Vous, moi, nous avec nos coups de coeur, nos émotions qui nous font parfois réagir de manière inattendue, nos secrets, nos mensonges. Parfois la vie dérape et ça peut être dû à peu de choses...

La première phrase de la 4e de couverture résume assez bien ces histoires : "Les vies ordinaires ont ceci d'extraordinaire qu'à tout moment elles peuvent le devenir."

Un recueil que je conseille fortement à tous les amateurs du genre.
Lien : http://phildes.canalblog.com..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes sont rassemblés autour du barbecue comme autour d’un autel où on va célébrer quelque chose. C’est marrant cette façon qu’ont les hommes de se regrouper autour de la cuisson des saucisses, un verre à la main. Certainement un souvenir de l’âge des cavernes, enfin sans le verre et les saucisses.
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Je suis un lent. Je suis un lent dans une époque rapide ; ce qui fait que je suis souvent en retard de la vie. Je serai peut-être en retard à mon enterrement
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Dans la rééducation il y a une hiérarchie des patients, selon la nature de leur pathologie. Tout en haut, il y a les accidents de prestige : parachutisme, accident de moto ou course automobile. Ceux-là constituent l’aristocratie des blessés, la jet-set du fauteuil roulant. [...] Se prendre un bœuf mort sur la tête ne le place pas très haut dans l’échelle sociale de la rééduc, il le sait, mais il a quand même droit au respect.
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– Tu es vraiment un chien toi ? Tu as l’air de tout comprendre sans qu’on te le dise. Je vais te surveiller, dit-elle en souriant. Il la regarda sans qu’elle puisse déchiffrer un semblant de réponse. C’était bien un chien.
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Bouwers était grand, solide et rendu fort par le groupe derrière lui.
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