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Alberto Manguel (Préfacier, etc.)Isabelle Gugnon (Traducteur)
EAN : 9782221112090
270 pages
Robert Laffont (04/02/2010)
3.54/5   14 notes
Résumé :

Durant les années noires de la dictature argentine (1976-1983), les militaires supplicièrent et assassinèrent des dizaines de milliers de personnes. Dans les prisons, des centaines de bébés furent enlevés à leurs mères et donnés à des sympathisants du régime.

A vingt-sept ans, Victoria découvre qu'elle est l'un de ces enfants. A l'époque, elle s'appelle encore Analia et ignore tout de l'histoire tragique de sa naissance. Elle ne sait pas ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
ESMA : École supérieure de mécanique de la marine de Buenos Aires, sous ce sigle s'est caché l'un des plus grands centres clandestins de détention de la dictature argentine de la fin des années soixante-dix. C'est dans ce camp que la mère de Victoria, Hilda Pérez dit Cori, jeune militante de gauche, enceinte, fut interrogée et torturée durant plusieurs mois, de mars à début septembre. Elle a accouché en captivité tout en se sachant condamnée. Seule une centaine de prisonniers sur plus de cinq mille ont survécu. Les parents de Victoria, quant à eux, ont péri sous la torture. Jusqu'à l'âge de 27 ans, Victoria ignorait tout de la vérité.
Elle n'est pas née le 17 septembre 1979 sous le prénom d'Analia dans la banlieue sud de Buenos Aires, comme elle le croyait. Mais elle a vu le jour entre août et septembre 1977 à l'ESMA et découvre que c'est son oncle, frère aîné de son père, tortionnaire et officier gradé, qui a participé à l'arrestation et à l'assassinat de ses parents, puis l'a fait placer dans une famille de militaires. Cette histoire dramatique, elle ne la découvre qu'en 2003, à l'âge de 27 ans.
Ce témoignage sur le destin des enfants disparus est unique, cependant ce livre ne se veut pas personnel car Victoria Donda, parlementaire argentine, l'a voulu emblématique. Ce n'est pas l'histoire de Victoria qu'elle veut nous raconter mais bien celle de tout un peuple bafoué par les militaires sanguinaires. Seul compte à ses yeux son engagement politique. Elle se bat pour que son pays ne connaisse plus jamais ça et sa vie privée se superpose parfaitement à sa vie politique. Elle poursuit un idéal de justice et veut laisser une trace.
Je m'attendais, au regard de la quatrième de couverture, à lire le témoignage sensible d'une jeune femme qui a retrouvé sa véritable identité, et finalement, j'ai eu l'impression de parcourir un programme politique où les mots justice et réconciliation revenaient en boucle. L'affectif a complètement était gommé de ces lignes et laisse comme une impression de «déhumanisation». Déçue, j'ai refermé ce récit avec la triste intuition que, peut-être, l'extrême pudeur de Victoria Donda lui a fait sacrifier les plus belles pages de son histoire.
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J'ai découvert ce livre grâce au roman "Mapuche" de Caryl Ferey qui évoque cette période noire de l'Argentine. Suite à un coup d'état en 1976, la dictature conduit de nombreux opposants à être kidnappés et pour nombre d'entre eux, à être torturés et assassinés. Quant aux mères enceintes, elles accouchent à l'ESMA, l'Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine, leurs enfants volés sont donnés à des sympathisants du régime dictatorial, sans que leur famille d'origine ne soit mise au courant . Une association de grands-mères, les Grands-mères de la Plaza de Mayo, se créée pour retrouver les enfants volés soit pas moins de 500. Analià est sur leur liste.
Bien que le style soit un peu lourd, il marque l'émotion de l'auteure, enfant volée, qui découvre son véritable passé à presque 30 ans. Une nouvelle histoire est à reconstruire pour Analià qui devient Victoria. Son histoire reste très liée à ses 2 parents bien qu'elle ne les ai jamais connus.
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Comment, comment ne pas entendre cette déchirure, mais aussi cette maturité... Ce drame, ce crime est si récent, si énorme, si inhumain.
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C'était pour moi une découverte à la fois très marquante et très intéressante, m'ayant permis d'en apprendre plus sur la dictature argentine de 1976. C'est un de ces témoignages par moments très durs et horrifiants, de ces livres qu'on pose, écoeuré par les faits énoncés, mais qu'on n'oubliera pas. En somme, c'est à mes yeux, un de ces témoignages très forts dont je recommanderai vivement la lecture (en prenant en compte justement qu'on peut et doit être horrifié par ce qu'on lit là).
Lien : http://luniversdunratdebibli..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Sous prétexte de protéger ses citoyens, de mieux les gouverner pour mieux les diriger, le pouvoir d'un État supposé démocratique feu en toute discrétion modifier une loi, suspendre un droit, décréter la censure et adopter des mesures de répression qui, peu à peu, élimineront les règles constitutionnelles en les remplaçant par un régime dictatorial. À aucun moment un pays n'a de garanties de sécurité. Chaque matin, nous courons le danger de nous faire confisquer nos droits dans l'après-midi, et chaque après-midi de les perdre le lendemain. Voilà pourquoi la première obligation de tout citoyen est d'être vigilant, de n'accepter aucune transgression gouvernementale, aucun abus de pouvoir de la part de son gouvernement.
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En dépit des leçons de l'histoire, les États qui se disent démocratiques (conditions presque toujours discutables) pensent être invulnérabled aux grands abus du pouvoir. Pourtant ils se trompent. Aucun pays, même avec un contrat social et un système de droit solidement implantés, n'est à l'abri de la corruption et de la violence d'État.
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On ne peut aimer, rêver, espérer, construire ou progresser dans le mensonge. Le mensonge s'infiltre, s'insinue partout, opacifie nos esprits et nos actes, contamine les sentiments, interdit de s'accomplir pleinement. En revanche, même douloureuse, la vérité est la condition essentielle pour être quelqu'un. Il ne s'agit pas là de la simple vérité d'un nom, d'une origine ou d'une filiation. La vérité affirme l'existence. Elle est la condition première pour devenir soi-même.
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A Pâques 1987, le major Ernesto Barreiro et le lieutenant colonel Aldo Rido [...] finirent par tordre le bras de la justice en obtenant du président Raul Alfonsin la promulgation de deux lois néfastes, qui ne seraient abrogées que quinze ans plus tard, après maintes luttes politiques et judiciaires: la loi du Devoir d'obéissance, qui établissait divers degrés de responsabilité dans la répression en fonction de la hiérarchie militaire, et la loi du Point final, selon laquelle il y avait prescription pour tous les crimes encore non jugés à cette date.
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Même dans un État qui est à l'origine de cette situation, aucune administration publique n'est prête à octroyer une nouvelle identité à une personne qui a passé des années à vivre sous un autre nom.
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