Les hirondelles du titre auront un goût de renouveau.
Ca ne sera pas tous les jours le printemps pour les deux personnages que
Anne-Fleur Drillon et Thibaut Prugne décideront de nous faire découvrir. Deux petits grands-pères qui vivent leur vie, l'un là-haut, l'autre en bas.
Les hirondelles formeront l'animation, la compagnie qui leur manque, quand bien même leur choix de vie pourrait être confortable et paisible.
Ils ont donné un prénom à chacune, Martine et Eglantine. C'est presque le chien fidèle qu'ils n'auront pas.
Les jours passeront, s'écouleront, s'égraineront et toujours rien à l'horizon de nouveau. le ciel et les mers sont vastes.
Barnabé et Amédée devront user de stratégies pour se faire à cette tranquillité un peu trop silencieuse, manquant de sel et de poivre, même si les épices ne sont plus de leur âge, de leurs os et de leur estomac.
L'auteure
Anne-Fleur Drillon ajoutera un peu de poésie à cette drôle de solitude qui ne pèsera pas plus lourd qu'un nuage pour l'un des deux. Oui, car Barnabé vit sur une île dans les nuages.
On peut imaginer que son nuage voit du pays car les nuages ne restent jamais à la même place. Ca, l'histoire ne le dit pas mais on le suppose.
Amédée est son voisin du dessous (pour l'instant), propriétaire d'un radeau original. On pourrait presque penser qu'Amédée lui-aussi, finalement, est une sorte d'aventurier, de voyageur.
Mais voir le monde sans voir de gens, ça ne semble pas fonctionner pour nos deux papys.
Le destin voudra qu'un jour, Barnabé tue le temps en pêchant dans les nuages et qu'Amédée, intrigué de voir tomber un fil en nylon du ciel, y accrochera tout ce qui lui passera par la main, pour s'amuser.
La suite, elle sera à découvrir et elle est très touchante et très amusante.
Dans la technique et le graphisme de
Thibault Prugne, il y aura un peu de
Rebecca Dautremer, trouvons-nous, et ça, nous aimons. La signature très pourpre et cerise de
Dautremer distinguera clairement les deux artistes, Prugne trempera ses plumes dans l'azur beaucoup plus lumineux, jouant des intérieurs plus sombres et des extérieurs bleus à perte de vue. Les deux univers d'Amédée et de Barnabé.
C'est tendre, touchant sans tomber dans le pathos de la solitude du 3ème âge. Les deux personnages s'assument, prennent la barre et lève la voile mais un seul être peut manquer à l'équation: un être avec qui partager, à aimer, une présence, un chouette amour ou une belle amitié.