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EAN : 9782715220614
250 pages
Le Mercure de France (12/06/1997)
3.67/5   3 notes
Résumé :
D'épaisses nuées s'accumulent. Déjà s'élève du sud une funèbre nuit escortée de grandes vapeurs sulfureuses. Un vent brusque et hagard court à travers les graminées. La terre gronde au loin, comme saisie de frayeur. L'orage vient et cherche sa route. Il va peut-être nous épargner, peut-être nous faire grâce. Il va peut-être poser sur nous ses pattes de monstre aquatique. Dans quelques instants, peut-être, notre campagne suffoquée gémira sous le déluge.
Et, ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je possède une très ancienne édition de cet essai paru en 1936 et le relis toujours avec un immense plaisir.

Les Fables de mon jardin de Georges Duhamel, médecin, botaniste amateur, poète et académicien français, est un petit ouvrage délicieusement vieillot et gracieux dans l'expression, et cependant totalement actuel et même nécessaire dans son propos.
Le jardin de sa maison de Valmondois dans le Val-d'Oise, théâtre de sentiments intemporels, était travaillé comme un tableau en perpétuel mouvement et considéré avec une bienveillance et « une tendresse universelle ». le potager se mêlait aux plates-bandes fleuries, au verger et à la basse-cour en évoquant un monde en miniature, un équilibre à maintenir et respecter. A une époque où l'on ne parlait pas d'écologie, de permaculture et pas plus de jardin Zen, les rêveries et les considérations de l'auteur sur la nature et ses secrets, sur « le gouvernement d'un jardin » ou sa clémence envers un petit limaçon nous transportent dans un monde sensible, éclairé tout autant que poétique.

On se laisse happer avec nostalgie dans un passé lent et paisible, à l'ombre d'un tilleul, attentif aux rares autos sur la route poudreuse ou au passage du mercier ambulant qui joue d'une petite trompette. On nous parle de fleurs au nom subtil : les amarantes, les capucines, les balsamines, les clématites ou de plantes qui sont bourgeoises ou intrigantes. Les cytises, les cerisiers et les pommiers, la fourmi militaire et l'oie déplumée conversent entre eux de sujets printaniers, de floraisons parfumées et de fruits en grappes, de voyages en montagne et de l'automne précoce. Tous entretiennent un dialogue étouffé mais profond avec le coeur de l'homme qui parcourt le jardin « à la saison claire » ou s'apaise sur un banc.
« Il me faudrait à chaque pas, dès que je sors de la maison, saluer de la main, du chapeau, du sourcil, de l'oeil ou du coeur - toujours du coeur, il va sans dire.- »

Il est aussi question du parfum des confitures dans la maison, des moucherons qui « tourmentent la grand'mère qui sommeille dans son fauteuil et, pour une minutes l'arrachent à l'abîme de ses souvenirs», du chien philosophe qui « connait l'hiver et l'été, la neige et la poussière » et de limaces prodigieuses.
Un beau livre, limpide et réparateur !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le jour que nous reçûmes la visite de l’économiste, nous faisions justement nos confitures de cassis, de groseille et de framboise.
L’économiste, aussitôt, commença de m’expliquer avec toutes sortes de mots, de chiffres et de formules, que nous avions le plus grand tort de faire nos confitures nous-mêmes, que c’était une coutume du moyen âge, que, vu le prix du sucre, du feu, des pots et surtout de notre temps, nous avions tout avantage à manger les bonnes conserves qui nous viennent
des usines, que la question semblait tranchée, que, bientôt, personne au monde ne commettrait plus jamais pareille faute économique.

– Attendez, monsieur! m’écriai-je. Le marchand me vendra-t-il ce que je tiens pour le meilleur et le principal ?
– Quoi donc? Fit l’économiste.
– Mais l’odeur, monsieur, l’odeur! Respirez : la maison toute entière est embaumée. Comme le monde serait triste sans l’odeur des confitures!
L’économiste, à ces mots, ouvrit des yeux d’herbivore. Je commençais de m’enflammer.
– Ici, monsieur, lui dis-je, nous faisons nos confitures uniquement pour le parfum. Le reste n’a pas d’importance. Quand les confitures sont faites, eh bien! Monsieur, nous les jetons.
J’ai dit cela dans un grand mouvement lyrique et pour éblouir le savant. Ce n’est pas tout à fait vrai. Nous mangeons nos confitures, en souvenir de leur parfum.
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IX
Fermeté des caractères


Extrait 1

   Les arbres nouveaux devisaient à mi-voix,
sous le hangar, en attendant qu’on les plantât.
   — Moi, disait un jeune cerisier, je fleuris
toujours de bonne heure. Ce n’est pas pour
me distinguer. Non, je vous assure : je suis la
modestie même. Je fleuris de bonne heure parce
que c’est une tradition dans ma noble famille.
À vrai dire je fleuris de façon merveilleuse :
un manchon neigeux qui va jusqu’à l’extrémité
de mes branches. Quelle tenue des pétales ! Et
quel parfum ! Et quand vient la défloraison,
quelle pluie candide ! Et quel tapis sur le sol,
à mes pieds ! Vous verrez : c’est un poème. …

p.30
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IX
Fermeté des caractères


Extrait 2

Les fruits que nous donnons dans la famille
sont renommés dans tout l’univers. Pensez : le
bigarreau ! Nous faisons le bigarreau blanc.
Et vous, monsieur mon voisin ?
   — Moi, répondit le voisin d’un ton revêche,
moi, c’est la poire.
   — Vraiment, la poire ! C’est très intéressant.
Vous n’avez pas de noyau, paraît-il ?
   — Dieu merci, non ! Mais des pépins et
plus que je n’en voudrais. De la poire, j’en
donne, au besoin, à condition bien entendu,
qu’on ne me tourmente pas. S’ils me laissent
tranquille, ici, je ferai peut-être une ou deux
poires. S’ils me taillent, s’ils me tripotent, alors,
bernique. Je suis décidé fermement à n'en pas
ficher une secousse.
   — Vous dites ?
   — Une secousse.
   — Ah ! Oui ? C’est très intéressant. Et
vous, le petit, là-bas ?
   — Plaît-il ?
   — Oui, vous ! Qu’est-ce que vous faites ?
   L’arbre ainsi mis sur la sellette était un
petit pommier tout rabougri, tout chétif.
   — Oh ! répondit-il à voix basse, moi, je
fais ce que je peux. …

p.31
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IX
Fermeté des caractères


Extrait 3

   Les arbres furent plantés en terre. Dès la
première année, le cerisier montra ses belles
fleurs et donna quatre ou cinq cerises. Le
poirier ne donna rien. Le pommier, qu’on avait
placé dans un coin transi d’ombre et de
courants d’air nous offrit un boisseau de
pommes.
   Il y a dix ans de cela. Le petit pommier
dévoué continue de nous confondre par sa
générosité. Le poirier tient parole : il n’a jamais
donné de fruits. Le cerisier, à chaque retour
de l’avril, dit à qui veut l’entendre : « Vous
allez voir ce que vous allez voir ! » Et son
beau feu d’artifice, régulièrement, se termine
par un déjeuner de moineau.

p.32
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Si je n’avais pas de jardin, je pourrais malgré la guerre et plusieurs autres aventures, malgré les cheveux gris et diverses autres disgrâces, malgré tant de départs et tant de déchirements, si je n’avais pas de jardin, je pourrais oublier la mort, parfois une heure entière. Mais le jardin vit et meurt tout autour de moi, de nous. Il vit et meurt avec une égale profusion. Il n’est que naissances et deuils.
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Vidéo de Georges Duhamel
Première partie de la conférence sur Georges Duhamel donnée le 25 mai 2016 à l'Institut Henri Poincaré à l'occasion du Festival Quartier du Livre (Paris 5ème) par Philippe Castro.
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