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EAN : 9782918490685
336 pages
Wildproject Editions (20/04/2018)
4.04/5   13 notes
Résumé :
« Voici la plus importante histoire des États-Unis que vous lirez de votre vie. Voici, restituée de façon honnête et souvent poétique, l’histoire de ces traces et d’un peuple qui a survécu, meurtri mais insoumis. Spoiler alert : la période coloniale n’est pas close – et tous les Indiens ne sont pas morts. » Robin Kelley, historien, UCLA

Un ouvrage né d’un débat avec Howard Zinn, à qui Dunbar-Ortiz reprochait d’avoir manqué son objectif avec Une Histoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'autrice, née dans un milieu pauvre de mère indienne, retrace l'histoire de la conquête de l'Amérique du point de vue des Amérindiens, ce que ne racontent pas les manuels scolaires des USA en particulier.
Avant l'arrivée des colons, les habitants des Amériques vivaient dans la prospérité, cultivant le maïs, les haricots et les courges, et chassant le bison au nord. Les ressources territoriales abondantes leur étaient favorables et de riches civilisations se sont développées avec un système politique, religieux et diplomatique très élaboré. Mais les colonisateurs blancs sont arrivés...
L'extermination méthodique de ces nations pour les remplacer par d'autres a été le fruit des maladies (introduites ou favorisées par la famine et l'alcoolisme), des guerres internes et externes, des déportations, des massacres (les amérindiens furent surnommés "peaux rouges" d'après la couleur des scalps que leurs poursuivants blancs accrochaient à leur ceinture, dixit l'autrice). Les tribus ont été exterminées les unes après les autres, cependant certaines ont su résister (par force, par ruse ou avec diplomatie). Sans cette résistance, les Amérindiens n'auraient pas survécu.
Cet exemple a été élargi depuis à toutes les guerres coloniales des Nord-Américains anglo-saxons (Philippines, Corée, Cuba, Amérique Centrale, Vietnam, Irak et Afghanistan) ; ce n'est pas un hasard si le second amendement (droit de porter des armes) a autant d'importance aux Etats-Unis.
Les écrivains nationalistes du XIXème siècle se partagent entre neutres (Melville), belliqueux (Whitman) et pacifistes (Thoreau) (j'ai apprécié ce passage c'est pourquoi je l'évoque).
Dans cet essai magistral, l'autrice désacralise les récits et les mythes fondateurs de la nation américaine en remontant le cours de l'Histoire.
Des photos en noir et blancs au début de l'ouvrage montre le massacre et le siège de Wounded Knee en 1893 et en 1973.
Un nouvel activisme depuis les années 1970 et des lois de restitution des territoires volés redonnent de l'espoir.
J'ajoute que, en introduction, l'autrice dit avoir pris conscience de cette colonisation américaine de peuplement en ayant connaissance de ce qu'il advient des Palestiniens (auxquels j'ai pensé très souvent durant ma lecture).
Ce livre possède bien une carte, mais elle est fort peu lisible, voilà un des reproches que je peux lui faire (je ne citerai pas le deuxième, car il est le revers bien justifié de ce qu'on nous a toujours appris).
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Je devais avoir une dizaine d'années à tout briser. Je me suis faufilé derrière le canapé de mes parents pour capter LA MORT AUX TROUSSES de Hitchcock. J'ai eu le temps d'apercevoir Cary Grant accroché au nez d'un président taillé dans la pierre avant de me faire découvrir.

Et je suis resté très longtemps la dessus rapport au mont Rushmore.

Longtemps après, je me suis fait la réflexion qu'un tel travail titanesque pour accoucher d'une telle laideur, ce n'était pas rien...

Finalement, le mont Rushmore est le symbole chimiquement pur de la spoliation à grande échelle qu'ont subie les amérindiens. Spoliation rendue possible par une épuration ethnique soigneusement mise en oeuvre. Aucunement accidentelle, résultat de temps épiques.

La conquête de l'Ouest fut surtout le chantier d'un vaste génocide.

Telle est la thèse du livre de Roxanne Dunbar-Ortiz.

Ce livre est né d'un constat. Débattant avec le célèbre historien Howard Zinn de son grandiose HISTOIRE POPULAIRE DES ETATS-UNIS, premier ouvrage à retracer l'histoire par le bas, celle de ses victimes, Roxanne Dunbar-Ortiz déplore que Zinn ne se départ pas d'une mythologie forgée de toutes pièces, un point de vue eurocentré.

Howard Zinn l'encouragea à écrire son propre ouvrage et rétablir la réalité. 1492 n'est pas la découverte d'une terre vierge. Les amérindiens ne sont pas des sauvages à moitié cannibales : leur civilisation était avancée, avec une grande attention portée à l'hygiène personnelle quand nous vidions nos pots de chambres à même la chaussée.

Roxanne Dunbar-Ortiz insiste sur un point, le massacre des indiens ne tint pas à une guerre de territoire avec des colons prompts à la gâchette mais fut aussi (et surtout) pensée, organisée par les gouvernements fédéraux successifs. Mention spéciale au septième présidents des States Andrew Jackson, qui orne toujours les billets de 20 dollars, grand massacreur devant son Éternel blanc de peau, grand tueur d'indiens et fier de l'être.

Le livre de Dunbar-Ortiz, très accessible, déroule une litanie désespérante et répétée de guerres asymétriques, de violations de traités. Une annihilation définitive pour déclarer que le problème indien est définitivement réglé.

Seulement voilà : "Spoiler alert : la période coloniale n'est pas close – et tous les Indiens ne sont pas morts. » Robin Kelley, historien, UCLA

Le bouquin est encore plus pertinent une fois la honte nationale de Wounded Knee achevée (quand on songe que les médailles accordées aux soldats qui ont exterminées des femmes, enfants et vieillards épuisés, n'ont jamais été retirées...). On voit s'installer un système pointu d'un assujettissement légal. Édifiant.

Le mont Rushmore, quant à lui, appartenait aux indiens Lakota mais ils perdirent leurs terres en 1876-1877 et un certain Gutzon Borglum sculpta les visages monumentaux des quatre présidents que l'on connait aujourd'hui. Gutzon Borglum à qui l'on connaissait des sympathies pour le Klan... Comme quoi...

Quel orgueil de merde il faut quand même pour défigurer à ce point une montagne...

Les Etats-Unis n'ont rien d'une nation guidée par la morale. Ils sont juste au niveau de nous autres...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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C'est vrai que dans les années 50 60 voire 70 tous les enfants jouaient aux cow-boys et aux indiens, et que les méchants, les sauvages, c'étaient les indiens bien sûr. Les westerns et les bandes dessinées ne nous détrompaient pas, loin de là.
En effet la grande machine de propagande était en marche, avec beaucoup d'assurance et d'efficacité, mais petit à petit le tableau s'est nuancé mais sans encore avoir changé radicalement.
Roxane Dunbar-Ortiz nous livre un autre point de vue, et nous aide à nous déciller. le choc peut être brutal car violence, prédation, et même génocide envers les indiens c'est bien la marque originelle des États-Unis.
C'est un livre que tout américain, et même tout occidental, devrait avoir lu, mais Roxane Dunbar-Ortiz doit sentir le souffre auprès des classes dirigeantes et moyennes et il n'est pas sûr que le peuple américain se rende compte de ce qui a été fait aux premiers occupants du continent. On retrouve dans le propos de l'autrice une forte influence de Noam Chomsky, célébrissime linguiste et penseur politique, haï également par les pouvoirs américains.
À lire pour tous ceux qui s'intéressent aux Américains, à tous les Américains, et à leur histoire. Bonne traduction Pascal Ménoret (2018)
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Contre cette vision irénique d'une histoire impersonnelle, où les virus et l'acier tiennent une place prépondérante et où les intentions humaines sont secondaires, Roxanne Dunbar-Ortiz montre que les États-Unis sont une scène de crime. Il y a eu génocide parce qu'il y a eu intention d'exterminer : les Amérindiens ont été méthodiquement éliminés, d'abord physiquement, puis économiquement, et enfin symboliquement. Le génocide des Amérindiens ouvrit la voie à l'esclavage des Amérindiens, puis des Africains : les colons européens, en mal de main-d'oeuvre pour exploiter les gigantesques terres arables ouvertes par la guerre de conquête, inventèrent l'esclavage colonial, institution emblématique du capitalisme moderne.

Pascal Menoret, Préface du traducteur, p. 21-22
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La propriété privée de la terre, cette invention relativement récente qui bouscula des millénaires de gestion communautaire des ressources naturelles, devint le principal outil de la domination européenne sur les cinq continents. Le libéralisme politique, idéologie occidentale dominante, idéologie de domination occidentale, voisina sans encombre, pendant plusieurs siècles, avec l'esclavage industriel, le racisme scientifique, l'orientalisme, l'antisémitisme, l'eugénisme, et la pratique assidue du génocide colonial. La propriété, en un mot, ce n'est pas seulement le vol. Prendre la terre, c'est aussi administrer la mort.

Pascal Menoret, Préface du traducteur, p. 23
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Ce livre répond à une question simple : pourquoi les Indiens d'Amérique ont-ils été décimés ? N'était-il pas pensable de créer une civilisation créole prospère qui permette aux populations amérindienne, africaine, européenne, asiatique et océanienne de partager l'espace et les ressources naturelles des États-Unis ? Le génocide des Amérindiens était-il inéluctable ?

Pascal Menoret, Préface du traducteur, p. 21
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Les Mexicains continuent aujourd'hui d'émigrer vers le nord comme ils l'ont fait pendant des millénaires ; mais ils doivent desormais traverser une frontière arbitraire, créée durant la guerre des États-Unis contre le Mexique en 1846-1848.

Suivez le maïs, p. 50
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Survivre au génocide, quel qu'en soit le coût, est une forme de résistance.
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Video de Roxanne Dunbar-Ortiz (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roxanne Dunbar-Ortiz
Le documentaire "Je ne suis pas votre Nègre" lui avait valu d'être nommé à l'Oscar du meilleur documentaire et de remporter le Prix du Public au Festival de Toronto ainsi qu'à la Berlinale, Raoul Peck revient aujourd'hui avec "Exterminate All the Brutes", une série documentaire en quatre épisodes et un livre du même titre.
Tirant notamment son titre d'une phrase du livre de Joseph Conrad, "Au coeur des tenebres", "Exterminate All the Brutes" montre à quel point l'histoire officielle est le fruit du pouvoir : la doctrine de la decouverte ou le récit officiel selon lequel les Etats-Unis seraient une « nation d'immigrants » nous viennent des récits et des silences des vainqueurs. Il s'agit dès lors, nous dit Raoul Peck, d'"essayer d'approcher l'autre histoire qui a été tue, qui a été réduite au silence".
Mettant en réseau les travaux de Sven Lindqvist (écrivain et historien suédois), auteur du livre "Exterminez toutes ces brutes !" en 1992 qui a inspiré cette démarche documentaire, mais aussi de l'historienne étasunienne Roxanne Dunbar-Ortiz et de l'anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot, Raoul Peck propose d'autres perspectives. Il s'intéresse ainsi au point de vue des Amerindiens, des Africains, des Africains-Americains, et autres victimes des génocides et violences coloniales.
À l'aide d'archives familiales, de sequences de fiction et d'illustrations animees, un regard inédit qui bouscule les certitudes du spectateur. Là où le documentaire ne suffit plus, la fiction répond à la nécessité de "trouver une forme pour exprimer l'inexprimable".
Olivia Gesbert invite à sa table Raoul Peck pour nous présenter "Exterminate All the Brutes", à voir mardi 1er février 2022 à 20.50 sur ARTE et sur arte.tv du 25 janvier au 31 mai 2022.
#RaoulPeck #ExterminateAllTheBrutes _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité des idées https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie
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