Quel plaisir que de découvrir des valeurs, des vraies !
Jeanne est une de nos ancêtres vivant au début du XXè siècle. L'auteure, originaire de la Hague, nous retranscrit page après page, les pensées et les sentiments de Jeanne. Elle parle aussi bien du bouillon de poule que de l'hygiène, de l'amitié, des tabous, des métiers que de l'arrivée de la centrale nucléaire dans leur modeste campagne. Après avoir lu ce témoignage, on peut se demander si la vie évolue de façon positive ou pas...
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Chaque saison, sans plainte pourtant de notre part, notre mère nous passait la bouche à la révision.
Une villageoise possédait la pince magique de dentiste, qu'elle tenait de son grand-père, après chaque utilisation elle la faisait bouillir puis l'enveloppait dans un tissus très propre (d'apparence tout au moins). Elle prêtait son terrible objet volontiers. Nous devions, en cas d'urgence, aller lui emprunter (elle la rangeait dans un tiroir, telle une relique), pour ensuite redescendre le village et la confier à François, notre voisin, paysan et accessoirement édenteur.
Imaginez François le paysan-dentiste : une armoire à glace couplée de mains de fer.
Maman avait 17 ans et demi et mon père 22 ans, il était orphelin depuis peu lorsqu'ils se sont mariés en 1908. Certainement qu'il se cherchait une femme pour s'occuper de sa maison, un homme seul se mariait à l'époque, pas question pour lui de s'occuper des travaux domestiques. Les femmes ont pourtant toujours allié les deux!
Dans mon petit bout de gardin (jardin), je deviens gâteuse volontiers, je fais rouler mes primeurs entre mes doigts. Longtemps, je les regarde, tout en rêvassant à ce qu'ils vont devenir dans mon assiette, j'ai une adoration pour les patates nouvelles, cuites à l'eau, recouvertes chaudes de beurre doux (dans la Hague, on ne sale pas le beurre, ce serait un sacrilège) et agrémentées de persil. Je ne mange pas des choses malsaines. Eh non ! De plus, je ne nourris pas ma terre de cochonneries, et surtout je n'utilise pas d'eau de lessive pour arroser comme certains font pour économiser.
Concerts et cheveux longs, des jeunes et des plus vieux de toutes régions sont venus dire non que nous pensions tout bas. Cela n'a rien changé, le mensonge fit ses ravages et annhyi (aujourd'hui) pour des milliards d'années nous avons dans notre sol des déchets qui n'émigreront pas.
L'échec des vieux temps était là, dans cette misère, il n'y a pas si longtemps que l'on ne meurt plus de faim en France et cette vérité est parfois écœurante lorsque dans une maison on voit ce qui reste de pain ou d'autres aliments sur la table.
Foire du livre 2016 – Terres de France
Cette émission s’intitule « Terres de France », présentée par Patrick Bouthet qui reçoit :
- Edouard Brasey pour son ouvrage « Le domaine des Oliviers », aux éditions Calman Lévy
- Catherine École-Boivin pour sa publication « Enfuir l’hiver », aux éditions Presses de la Cité