Ennuyeux, j'ai abandonné au bout de 100 pages..
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Le convoi d'autocars traversa en trombe de nombreux villages et des petites villes. Stéphane essayait de lire les noms et se demandait sans cesse dans quelle direction on allait. Au bout d'un moment, il aperçut au loin une forêt. Il se mit à la contempler. Puis il lui sembla que les voitures s'en écartaient et il tourna la tête avec dépit, pour la regarder encore. Mais il ne tarda pas à la retrouver : elle s'étendait à la fois devant eux et à droite, c'était une forêt de haute futaie, immense, aux arbres serrés. Il comprit que les autocars se dirigeaient droit sur elle. Il eut même l'impression de l'avoir compris dès le début. Il faisait très chaud. Au cours d'un après-midi d'été, si clair et si brûlant, un convoi de jeunes gens ne pouvait aller nulle part ailleurs que dans une forêt.
(page 618)
Parfois, Vadastra se mettait à l'affût dans les rues transversales et guettait les jeunes filles qui sortaient de leur atelier, le plus souvent des modistes, des couturières. Jamais il n'aurait songé à entretenir une liaison avec une gamine de ce genre. Il aimait simplement essayer son pouvoir, vérifier son charme. Il ne réussissait pas toujours à entrer en conversation : elles pouffaient de rire ou s'échappaient. Mais certaines se laissaient accoster et Spiridon leur donnait rendez-vous dans des rues obscures où il savait qu'il ne risquerait pas d'être reconnu. D'ailleurs il ne tenait pas à prolonger ces liaisons et après un petit nombre de rencontres il disparaissait sans laisser de trace. Ce qu'il cherchait dans les aventures de cette sorte, c'était la volupté initiale d'exercer son pouvoir de séduction sur une inconnue, c'était, pendant quelques heures, la joie d'une ivresse verbale qui lui permettait de mettre à nu sa personnalité entière, - qu'il dissimulait ou ne révélait que par fragments au reste du monde.
Très bien, mais qu’est-ce que tu peux faire maintenant ?
demanda la femme après un moment de silence.
– Comment ? Ce que je peux faire ? Si un homme veut quelque chose réellement, s’il le veut avec toute sa volonté, il réussit. On n’est pas obligé de rester en Roumanie. Qu’est-ce que c’est, la Roumanie ? Un petit pays. Mais, tiens, imagine que je me trouve en Amérique. Je fais une chose que personne n’a faite, et que je suis seul capable de faire ! Tiens, imagine que je découvre une chose comme le radium ou bien n’importe quoi de mille fois plus important !… Je deviendrais l’homme le plus célèbre du monde, le plus puissant et le plus riche du même coup. Que serait un Edison, à côté de moi ? Mon nom les ferait tous trembler… Je pourrais faire ce que je voudrais sur terre. Détrôner les rois, si ça m’amusait…
Mircea Eliade et la redécouverte du sacré (4)