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Ce serait dommage si le tailleur de Relizane passait inaperçu au milieu du déferlement de nouveautés de la Rentrée littéraire. Au nom de tous les siens, ses grands-parents et son père, en particulier, Olivia Elkaim raconte l'histoire qu'elle se refusait jusqu'alors de s'approprier, comme elle l'explique magnifiquement dans son roman, avec des mots sincères, touchants et pudiques. Son grand-père, juif d'Algérie, tailleur de son état, a vécu dans l'angoisse les dernières années de l'Algérie française avant de partir, l'âme contrainte et blessée, de quitter son pays et de rejoindre la France du début des années 60, guère encline à accueillir ces exilés, appelés à découvrir la grisaille hexagonale et la pauvreté après le soleil de la Méditerranée. Si Olivia Elkaim dit toute la complexité de la situation de l'époque, c'est surtout sa capacité à nous plonger dans des vies ballotées, de la manière la plus intime, qui suscite l'adhésion. Pas de grandiloquence dans le style de la romancière mais une langue précise et délicate dans un récit où se meuvent non des salauds ou des héros mais des personnages honnêtes et courageux, entraînés malgré eux dans la grande roue de l'Histoire. le fait qu'Olivia Elkaim intervienne elle-même dans le récit et nous détaille son propre rapport évolutif aux faits n'a rien d'une coquetterie égocentrique d'écrivain, comme c'est souvent le cas. L'hommage aux siens et partant, à cette "marée" de pieds-noirs s'installant en France, est un pan de notre histoire qu'il est rare de voir narré avec une telle humanité, comme si ses protagonistes étaient de notre propre famille.

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stock
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Ce sont avec mes yeux mouillés et frangés de larmes que je termine ce livre plus que magnifique.
Un cadeau. Madame Elkaim m'a offert un cadeau.
Véritablement.
Cet ouvrage ne pouvait que me toucher.
Les pieds-noirs à la retraite sur la côte d'Azur, je les ai si bien connus...
Mon père était l'un d'entre-eux, de ces français ayant vécu ou, comme lui, travaillé en Afrique du Nord, en Algérie précisément.
Des que je parlais à mon père de l'Algérie, il pleurait, des larmes douces et belles.
Son accent, ses "ma fille", "mon fils" à chaque plus petit que lui, un enfant, un adolescent, je les ai bien connus.
Ils ont tout quitté en juillet 1962, ils ont quitté leur maison, appartement ou emploi, ils ont quitté la vie, leur vie.
Et on les a maltraités, repoussés, molestés à leur arrivée en France.
On les a traités plus bas que terre.
C'est un merveilleux cadeau qu'a fait là Mme Elkaim à ses ancêtres, son grand-père, sa grand-mère, et à son père et son oncle. Et puis pour elle-même bien sûr, et puis pour B. son Amour.
Un cadeau, oui, mais un cadeau empoisonné ; au moment même où elle raconte la déchéance de sa famille, comme par hasard, elle trébuche et tombe par terre dans la rue. Quelques dents cassées, la mâchoire abîmée, elle a payé son écriture, son retour en arrière.
Cela m'a fait penser au livre de Lionel Duroy, le chagrin, où il reste enfermé des jours entiers en dépression pendant qu'il racontait par le menu des souvenirs d'enfance effrayants. Et oui, c'est bien la catharsis de Freud que l'on rencontre là, au détour d'un chemin, dans une impasse, ou sur un divan, reparler, réécrire le trauma, la douleur, le manque ou bien une horreur, il n'y a rien à faire, on revit le souvenir, le geste honni, l'amère vérité, on va très mal, c'est insoutenable, mais en même temps, c'est salvateur, cette catharsis est le seul moyen pour s'en sortir vraiment, complètement, et durablement.
Mme Elkaim n'a pas eu ma chance d'obtenir son visa pour l'Algérie.
J'y suis allée en pèlerinage, en 2003, pour enfin voir de mes yeux ce pays qui faisait tant pleurer les Anciens. Et j'ai bien fait. Quelle lumière, quelles beautés, quel émerveillement !
Mon père, était en fin de vie à l'époque, Alzheimer, et en y allant, c'était comme si je lui rendais un peu de sa mémoire fracassée.
Comme par hasard, il est question d'une personne atteinte aussi par cette maladie dégénérative dans ce livre. Les détails sont choquants et crus, mais ils sont importants. Car c'est la réalité.
Oui, c'est un merveilleux cadeau que cette auteur s'est faite à elle-même, et, un peu, il est vrai, sans le savoir, à moi aussi.
Je t'aime Papa.
Merci Mme Elkaim.
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Fragilisée par une rupture dans sa vie Olivia Elkaim ressent le besoin de se replonger dans la vie de ses grands parents Viviane et Marcel juifs d'Algérie. Nous les suivons dans la première partie du livre depuis leur mariage, la naissance de leurs enfants.


Puis en 1954 c'est le début de la guerre ou plutôt des évènements comme il était dit à l'époque et tout change. Marcel; le tailleur de Relizane, aimé de tous est tiraillé de tout coté.


A l'espoir succèdent la peur, les représailles, le triste oeil pour oeil. Et en 1962 tout comme des milliers d'autres marcel et sa famille doivent quitter l'Algérie.


C'est là qu'arrive la seconde partie du livre. Les pieds noirs sont mal accueillis, même des hommes politiques à l'époque leur conseillent de s'installer dans d'autres pays.


C'est la misère pendant plusieurs années avant que tout s'améliore et viviane et marcel terminent leur vie .

Ce livre d'Olivia Elkaïm est profondément attachant, les personnes sont vrais.

La fiction quand elle est bien faite, permet vraiment de vivre les choses de l'intérieur et on se rend compte à quel point loin des livres d'histoire, ce genre de tragédie historique, ce ne sont pas que des dates et des faits froidement énoncés.

Olivia Elkaim a écrit son livre avec son coeur, elle ira elle même en Algérie sur les traces de ses grands parents et on partage son émotion.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Faut-il croire à la loi des séries ?
Après "Un fils obéissant" de Laurent Seksik et avant "Memorial drive" de Natasha Trethewey, me voici en compagnie d'Olivia Elkaim et son "Tailleur de Relizane", lequel n'est autre que son grand-père.

Le livre est très beau, très touchant. L'autrice y évoque le destin singulier de Marcel Elkaïm et de sa famille durant la guerre d'Algérie. de son enlèvement par un commando indépendantiste en octobre 1958 à l'expatriation après les Accords d'Evian.

C'est peut-être la première force de ce roman. L'évocation de cette période de l'indépendance, de l'atmosphère qui régnait en Algérie, avec les espoirs des uns et des autres, sans jugement excessif. La description d'une installation - et non d'un retour, s'agissant d'une famille juive depuis longtemps implantée en Algérie - en métropole, avec la défiance des autorités et des habitants, la difficulté à refaire sa vie, la perte des racines.

L'autre force est de convoquer, d'évoquer, avec justesse et tendresse, les ancêtres, le passé d'une terre à laquelle on s'est attaché, en mêlant habilement les temps de la narration : la jeunesse du grand-père, la guerre d'Algérie, le destin contrarié en France de cette famille de Pieds-Noirs, et sa propre histoire. Elle qui a longtemps nié cette part de son passé avant de l'assumer enfin et de se reconstruire.

Une réussite.
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Olivia Elkaim mêle la petite histoire à la grande en nous relatant la vie de ses grands-parents, juifs qui se croyaient algériens et dont les familles se voient assigner la nationalité française en 1871, par le décret Crémieux.
Le roman débute par une nuit de 1958 quand Marcel est emmené par les rebelles algériens. Il rentrera trois jours plus tard, vivant. L'auteure raconte la détérioration de la vie de cette famille, la mise à l'écart par les voisins, les déchirures à l'intérieur même de la famille jusqu'au départ en France. Les premières années seront dures, ils ne sont pas bien accueillis, ces pieds-noirs qui ressemblent tant aux algériens qu'ils ont fui. Ils n'étaient pas tous non plus des exploiteurs.
L'intérêt de ce roman est de nous faire vivre cette histoire de l'intérieur au travers des trois générations, celle de son grand-père qui a toujours cru que l'Algérie était son pays, son père très marqué par les évènements de son enfance et qui en a conservé les témoignages dans une valise, et la sienne, elle qui a occulté cette part d'elle-même pendant si longtemps.
C'est un témoignage émouvant, sincère, intime qui s'attache à la vie quotidienne, loin de la grande histoire, mais qui nous touche d'autant plus. Elle raconte la douleur de ses personnages, leur incompréhension devant ce qui leur arrive, la difficulté de recommencer ailleurs.
Je connaissais l'Histoire, les « évènements » comme on a dit si longtemps. Olivia Elkaim me les a fait ressentir.
Je remercie chaleureusement les éditions Stock pour le partage de ce beau roman #LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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Olivia Elkaim retrace dans son roman le destin douloureux de son grand-père pendant la guerre d'Algérie, en dévoilant une part de l'histoire de sa famille, avec pudeur et questionnement, respect pour les traditions, courage et tendresse.
Écrit de manière fluide on avance avec elle dans son histoire familiale.
C'est à la fois intime, poétique et nostalgique.
Un roman magnifique et sincère.
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1958, Relizane, en Algérie. Cela faisait plusieurs mois que Marcel craignait ce moment : en pleine nuit, on frappe à la porte. Son épouse, Viviane, le supplie de ne pas ouvrir, mais il sait que s'il n'obéit pas, ils s'en prendront à sa famille. Ils lui enfilent une cagoule sur la tête et ils l'emmènent dans le désert. Il pense qu'il ne reviendra pas, comme d'autres avant lui. Contre toute attente, il rentre chez lui, trois jours plus tard. Ses voisins et sa famille veulent savoir ce qui a permis sa libération. Pour les protéger, il ne parle pas. Aussi, certains de ses proches se méfient de lui et se détournent de lui. Quatre ans plus tard, un évènement lui indique qu'il doit quitter l'Algérie.


Lorsque sa famille et lui arrivent en France, en 1962, ils ne reçoivent pas l'accueil escompté. « On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait pas plus d'eux ici. » Juifs français, ils ont été contraints à l'exil, mais les Français les rejettent.


Marcel était le grand-père d'Olivia Elkaim. Pendant longtemps, elle n'a pas voulu que son père, Pierre, lui raconte cette partie de l'histoire familiale. Jusqu'à un électrochoc, elle n'écoutait que sa part française. Grâce à ce roman, elle rend hommage à ses grands-parents, à son père et à son oncle, et laisse émerger la part algérienne. Ses racines des deux pays, ainsi que sa judéité ne font plus qu'un, elle est une femme sur les traces du passé familial. Ses ancêtres ont tout quitté et l'auteure décrit leur douleur de ne pouvoir revoir ces terres qu'ils aimaient tant. En France, les débuts sont tes difficiles. Ils quittent Marseille pour Angers, car ils ont appris que les exilés y étaient moins nombreux. Pourtant, c'est dans une cave humide qu'ils sont logés. Marcel est un battant : alors qu'il était le meilleur tailleur de Relizanne, il repart à zéro. Viviane, même si elle a du mal à accepter la situation, est à ses côtés.


Ce livre est très touchant pour ce qu'il relate sur le grand-père d'Olivia Elkaim, mais aussi pour ce qu'il dévoile sur l'auteure qui se révèle à elle-même, au fur et à mesure de ses découvertes. J'ai, également, été très intéressée, par la partie historique de la guerre d'Algérie, vue de l'intérieur, par ceux qui l'ont vécue. Ce ne sont pas simplement des faits, mais des émotions et des mots sur les meurtrissures des pieds-noirs qui se transmettent de génération en génération. J'ai adoré le tailleur de Relizane. C'est un roman intimiste et délicat, malgré la dureté des épreuves vécues par les exilés.


Je remercie sincèrement les Éditions Stock et NetGalleyFrance pour ce service presse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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A une période charnière de son existence, Olivia Elkaim ressent le besoin de renouer avec ses origines, avec le passé difficile de ses grands-parents, juifs algériens naturalisés français suite à la colonisation, dans l'obligation de fuir le pays pendant la guerre qui mènera à son indépendance pour venir habiter en France, qui ne les accueillera pas du tout avec humanité.

Ainsi, de recherches en recherches, de discussions familiales en discussions familiales, sans les principaux concernés, Marcel et Viviane, décédés depuis, la journaliste retrouve leur chemin, leur histoire, l'imagine parfois, par manque d'informations, entre Relizane, où Marcel était un tailleur réputé, et la France, les raisons qui les ont mené à faire ce chemin, pas du tout évident lorsque l'on est profondément algérien bien que naturalisé français par obligation, et les conséquences de ce chemin sur les enfants, dont Pierre, le père d'Olivia, pour qui les recherches vont aussi réveiller en lui un besoin de retour aux origines.

Un roman-témoignage touchant, qui décrit le parcours d'un pan de la population algérienne pas souvent évoqué, celui des Juifs Séfarades, pris, comme tout le reste de la population, entre deux feux, celui de ses origines, et ce que l'on a voulu lui imposer, tout en ne acceptant pas, ensuite, malgré les conséquences de ce que l'on lui a imposé, son exil forcé - ou les ravages de la colonisation, indéniablement.
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Environ 350 pages d'une lecture durant laquelle j'ai retenu mon souffle au fil des pages. Une écriture sublime, un travail de recherches fou.
Et puis, les sentiments. Ceux qu'Olivia réussit parfaitement à faire passer, à transmettre, à offrir.
Je vous ai déjà expliqué que je ne pleure jamais en lisant. Je n'y arrive pas. Mais là, j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux de tant d'émotions. Ce qui signifie que, pour moi, ce livre est magistral.
Ce livre m'attendait depuis longtemps dans ma bibliothèque et j'ai enfin eu le temps de découvrir! J'ai tellement appris et mon coeur a battu tellement fort!
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C'est l'histoire d'un homme qui aime la ville où il grandit, Relizane en Algérie Française.
C'est l'histoire d'un homme qui est juif français d'Algérie mais qui taille des vêtements pour le FLN.
C'est l'histoire d'un homme qui, avec femme et enfants, doit fuir en 62, parce que c'est “la valise où la mort”.
C'est l'histoire d'une famille arrachée à son histoire, de deux petits garçons ballotés dans une Histoire bien trop grande pour eux.
C'est l'histoire d'une petite fille devenue grande et qui raconte l'histoire de son grand-père, tailleur à Relizane, Algérie.
C'est l'histoire d'Olivia et de sa famille, de l'exil, de l'amour et de la vie.

C'est beau, bien écrit, intime et universel à la fois. Il fait écho à mon avant-dernière lecture “L'art de perdre” sans l'avoir fait exprès et sans aucune redondance.
Ce retour en Algérie, ici aussi très bien conté, était un merveilleux et bouleversant voyage.

J'ai vu de très beaux retours sur ce livre que je confirme.
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