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Quelle belle découverte! Un moment d'Histoire que je connaissais peu, une histoire incroyablement vraie, une écriture sincère, sensible et enveloppante...
#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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L'auteure a quarante ans, l'âge de ses grands-parents paternels à leur arrivée en France fuyant l'Algérie en 1962, lorsqu'elle commence à reconstituer l'histoire de sa famille. Pendant les dix années de son mariage, elle a effacé l'Algérie, qu'elle considère alors comme un folklore. Elle change même de nom. Avec son divorce, tout resurgit : le malheur et les errances de ses grands-parents paternels.
« Je voudrais que tu me parles de l'Algérie », dit-elle à son père, qui débarque quelques jours plus tard avec une valise pleine de photos, de documents en tous genres, de coupures de presse et de clés USB remplies de vidéos. Elle retrouve, entre autres, un papier mentionnant son grand-père : « Draperies françaises et anglaises, Elkaïm Marcel, tailleur, rue du Fortin, Relizane ».
L'auteure ouvre son récit par l'enlèvement de son grand-père une nuit d'octobre 1958. Cela fait quatre ans que les « événements » ont commencé. Père de deux jeunes garçons, il ne racontera pas son absence, qui sera source de rumeurs et d'inquiétudes : que s'est-il passé, qu'a-t-il pu bien faire, lui, le tailleur juif de nationalité française obtenue grâce à ses grands-parents naturalisés par le décret Crémieux en 1871 ?
Elle raconte cette vie d'avant, la nostalgie et la jeunesse, puis l'exil forcé (« On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait plus d'eux ici. »), la vie d'après en France, où ils doivent doublement s'assimiler : en tant que pieds-noirs et en tant que Juifs. Une telle déchirure que Marcel décidera de ne plus parler arabe. « Marcel bannit aussi l'usage de l'arabe, y compris avec ses frères. Il finit par oublier qu'il l'a parlé couramment autrefois, que c'était sa langue maternelle, celle de l'amour et des émotions, de ce qu'on ne peut pas dire autrement. Ne lui restent que quelques interjections. »
Olivia Elkaïm dresse des portraits d'hommes de femmes (sa grand-mère Viviane!) et recrée l'atmosphère de l'Algérie des années 1950 et début 1960 grâce aux témoignages de membres de sa famille et proches et les lectures qui ont enrichi le livre. Ce besoin d'écrire pour apaiser ses souffrances, se réconcilier avec ses origines, nous offre un roman touchant dont la lecture est émouvante et prenante.
#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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La guerre d'Algérie est un sujet qui m'intéresse. J'ai été influencée par le fait que mon beau-père est pied-noir. J'ai eu envie de savoir, d'apprendre de comprendre. J'ai voulu savoir, c'est quoi être pied-noir, apprendre la guerre d'Algérie, parce que je n'en ai aucun souvenir scolaire, avait-on abordé le sujet qui ne s'appelait pas guerre mais « évènements »?, comprendre pourquoi tous ces gens ont-ils dû fuir.

J'ai lu un ouvrage succinct mais tellement instructif : La guerre d'Algérie expliquée à tous, par la référence en la matière, Benjamin Stora. Il y a toutes les clés pour comprendre ce conflit. J'ai d'autres ouvrages à lire pour aller plus loin.
La littérature n'est pas en reste, il y a des livres qui tournent autour de, ou qui ont pour toile de fond, la guerre d'Algérie. J'ai notamment lu Ultime preuve d'amour de Michel Canesi et Jamil Rahmani. Je l'ai lu il y a longtemps mais j'essaierai de le chroniquer, c'était une magnifique lecture.

Mais revenons à, le tailleur de Relizane. Ma maman me l'a prêté, je l'ai mis dans un coin et un peu oublié. Jusqu'à ce que je parte quelques jours chez elle, c'était le moment de le lire pour le lui rendre! Comme d'habitude je n'ai pas lu la 4eme de couverture, de mémoire ça se passait en Algérie, sans connaitre plus de détails. J'ai entamé le livre et découvert assez rapidement qu'on était entre la biographie des grands-parents de l'auteur et l'autobiographie de l'auteur, Olivia Elkaim, à la recherche de ses racines. Sur le coup je n'ai pas été très enjouée, j'ai lu la 4eme de couverture qui a confirmé. J'ai quand même continué, grand bien m'en a pris. J'ai découvert une belle plume, l'histoire d'une femme, qui malgré elle a fini par explorer et découvrir la première vie, si je peux dire, de ses grands-parents. Elle romance les trous et lacunes, mais ça ne rend pas l'histoire moins crédible. Et pour la première fois j'ai découvert le pendant, j'ai lu le avant, le après, jamais je n'avais lu en détail l'exil, l'exode, la perte, le déracinement, l'arrivée, l'accueil en France… Par moment en sert les dents et on retient les montées lacrymales.
L'auteur entremêle l'histoire familiale celles de ses grands-parents, de son père, à la sienne, pourquoi elle n'a jamais rien voulu savoir dans un premier temps, et finalement pourquoi ce besoin de savoir. Elle a su partager beaucoup d'émotions, sans jamais tomber dans le drama, dans le voyeurisme et encore moins le pathos.

Un récit bouleversant qui se lit, avec beaucoup d'émotions, comme un roman.
Lien : https://deslivresetmaude.wor..
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On tourne la dernière page et on a l'impression d'avoir plongé dans une vie... On est happé par nos pensées...On a envie de prendre des nouvelles de Marcel, de lui serrer la main, de lui dire tout le bien qu'on pense de lui..
Olivia nous emmène avec beaucoup de délicatesse dans ce voyage dans le passé, les drames, les déchirures, la reconstruction.. On a l'impression d'être avec une amie à partager ses confidences...on a envie de lui dire tout le bien que l'on pense de son grand père et à quel point on aurait aimé le connaitre...
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J'aime ces romans qui, sur fond d'une histoire vraie, retracent un pan de notre histoire.

L'autrice connaît en partie l'histoire de sa famille, mais ne s'y est pas intéressée plus que ça. Elle n'a pas entendu son grand père, Marcel, et son père, Pierre, quand ils évoquaient l'Algérie « française ». Elle connaissait ses origines algériennes, pied-noir plus exactement, mais elle voulait les gommer, être assimilée, « faire française ».
Ce n'est qu'une fois adulte, mariée (avec un français « de souche », « pur beurre » comme le qualifiait son père, voir de « blanc-bec » antonyme de pied-noir) et plus exactement après son premier accouchement qu'elle commence à étouffer « les poumons pleins d'une peine grisâtre, impossible à expurger ». L'épigénétique, l'hérédité des traumatismes, vous connaissez ? En voici une belle illustration.

Alors enfin, elle demande à son père de lui parler de l'Algérie. Il débarque avec une valise pleine de souvenirs, de coupures de journaux, de photos … et elle va recoller les morceaux, partir à la rencontre de cette famille juive, établie à Relizane plusieurs siècles avant la colonisation de l'Algérie par la France, devenue française par la grâce du décret Crémieux, mais algérienne avant tout. Mais que peut-elle faire de tout cela ? C'est B. son nouvel amour qui lui souffle la réponse.

Quand les « événements » débutent, on retrouve les questions qu'ont dû se poser des milliers de personnes : tout abandonner et recommencer ailleurs ou personne ne les attend ou rester et risquer sa vie ? En deux mots quitter l'Algérie ou pas !? du départ dans des conditions sanitaires inimaginables à leur arrivée en France métropolitaine, nous revivons cet exil involontaire. La première année en métropole sera terrible et il leur faudra du courage et de l'abnégation pour avancer malgré tout, pour faire bonne figure, ne rien laisser paraître, se fondre dans la masse, disparaître …

Cet ouvrage est fondateur pour Olivia Elkaim, son autrice. Elle écrit, questionne, avance doucement dans cette quête d'identité, à la recherche de ses racines. C'est un magnifique hommage à ses grands-parents et par là-même à tous leurs compagnons d'infortune. Livre intimiste où l'autrice parle avec son coeur, ses émotions, tout en retenue, un brin nostalgique et terriblement poignant.

Bref à découvrir sans tarder !
Sur le même thème, pour celles et ceux qui ne l'aurait pas déjà lu, je vous conseille aussi le magnifique « L'art de perdre » d'Alice Zeniter.
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Ce livre aborde le difficile sujet des français d'Algerie. Qui ont fui ce pays qui était le leur, ont perdu tout ce qu'ils avaient construit, et sont arrivés dans une France qui ne voulait pas d'eux.
Sonia Elkaim nous emmène dans un voyage au pays de ses ancêtres.
Très bien écrit et très prenant.
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Pendant des années, Olivia Elkaim a occulté son histoire familiale, se disant que l'Algérie était le pays de ses grands-parents, éventuellement de leurs fils, mais qu'il ne la concernait pas. Et puis lors de son divorce, elle se retrouve seule, perdue, errante et à la recherche de repères. Elle questionne alors son père sur son histoire et de fil en aiguille, elle va reconstituer le chemin de vie de ses grands-parents et donc s'intéresser à son histoire à elle.

Le roman est construit entre passé et présent. Olivia raconte ses grands-parents en narratrice extérieure, leur vie en Algérie, la guerre, leurs craintes en tant que juifs, le rôle de la France, l'expatriation, l'espoir en la France, la difficile assimilation.
Et dans quelques chapitres, elle nous présente ses doutes, ses peurs, ses recherches, son cheminement, son intimité.

Ce roman est riche d'Histoire, d'un passé dont la France n'est pas très fière et préfère souvent taire. L'Algérie, cette terre colonisée en 1830, puis associée comme département français de 1848 à 1962, et abandonnée lors de la guerre, surtout ses habitants, principalement le peuple juif, ceux que l'on nommera "pieds-noirs".

Olivia Elkaim a une manière de raconter qui rend l'histoire très vivante et impossible à lâcher. On vibre avec Marcel, ce tailleur et homme au grand coeur.
Je ne peux que chaleureusement vous recommander cette lecture.
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Roman à grande partie autobiographique, le tailleur de Relizane traite du déracinement et de la quête d'identité des personnes d'origine française nées en Algérie. Ces personnes qui sont trop françaises pour continuer à vivre en Algérie et pas assez pour être bien reçues en France. À travers les souvenirs de Marcel et Viviane, ses grands-parents, Olivia Elkaim relate cette période difficile pour ce qu'on appelle communément les « pieds noirs ». En entrecoupant ces souvenirs, l'auteure commence la recherche de ses origines, ces origines qu'elle a si longtemps refoulé.
Ce roman d'une grande sensibilité m'a énormément touchée. Peut-être car ma mère, originaire d'Algérie née en France, a toujours gardé secret les histoires de ma famille ? Peut-être car le pays qu'Olivia Elkaim décrit résonne en moi comme si je le connaissais déjà en y ayant jamais mis les pieds ? En tout cas ce roman m'a permis d'essayer de comprendre la souffrance et l'espoir que mes grands-parents on ressenti en quittant leurs terre natale pour un pays qui ne les a jamais vraiment acceptés.
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Comment ne pas être touchée par ce roman (mais en est-ce vraiment un ?) qui m'a immergée dans ma propre histoire familiale ? Ces noms de villes, ce paradis perdu sur lequel je n'ai jamais voulu poser le pied de peur que le mirage se dissipe, ces traditions, la musique de l'accent, l'odeur de l'anisette, le miel et la fleur d'oranger des gâteaux, mais aussi les valises perdues dans les eaux de la Méditerranée, le rejet de ces pairs qu'on pensait fraternels, ces familles dispersées aux 4 coins de France voire du monde, ces cadres d'1m3 qui contentaient toute une vie, ces vieillesses amères, ces enfances tronquées, ces existences à recommencer, ailleurs… ce sentiment d'être déraciné, apatride, trahis, sacrifiés. Tout cela est dit sans pathos, avec le recul de 2 générations, avec fatalité par O. Elkaïm qui mène un travail autant thérapeutique qu'historique dans ce livre. Certains se sont « intégrés », d'autres rebellés, d'autres encore ont renoncé, mais tous ont voulu rester dignes de cette nationalité française, qui semblait finalement différente selon qu'elle était métropolitaine ou ultramarine.
Bien sûr, cela devait arriver. Evidemment, un peuple ne peut rester asservi par un autre durant des éternités, mais la politique n'est pas le quotidien, les tailleurs ne sont pas les décideurs, et ceux-là ont souffert de perdre leurs amis Arabes, leur petit bout de terre française chauffée au soleil d'Algérie, leurs idéaux humanistes.
Et c'est tout cela que retrace l'auteure avec brio, dans sa quête intime de racines personnelles. Dans un roman dense, écrit de manière journalistique, mêlant passé et présent, quêtes des origines et peurs profondes, elle nous transporte dans son histoire mais également dans cette Histoire encore mal connue et porteuse de préjugés.
Le ton est juste, le mot percutant, l'écriture clinique et malgré tout l'émotion gagne, et c'est sans doute tout cela qui fait la puissance et la beauté de ce récit que je recommande +++
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« Ça voulait dire quoi être français, être algérien ? Marcel n'avait pas beaucoup d'instruction. Il ne lisait jamais de livres. Écrits trop petits, phrases trop longues… Il ne comprenait pas tous les mots. Mais ces questions-là le taraudaient en silence.
Il était français par accident. Ses quatre grands-parents étaient des Juifs indigènes, issus de familles berbères autochtones installées depuis plusieurs siècles à Relizane. Ils avaient été naturalisés, comme 35000 Juifs du territoire, en 1871, par le décret Crémieux. Mais ils n'avaient rien réclamé, eux ! Marcel ne comprenait pas par quelle magie lui et toute sa famille avaient plus de droit que les Musulmans maintenus sous le régime de l'indigénat. »

Relizane est une ville d'Algerie quand celui-ci était encore un état français sous la présidence du Général de Gaulle. À cette époque-ci, Marcel tenait une boutique où il était tailleur et reconnu dans son métier. Et malgré la crainte du FLN, il continuait à vivre dans cette Algérie française, avec sa famille, à y travailler et surtout à croire en De Gaulle pour son avenir. Bien évidemment, Marcel était loin de se douter encore de la tournure qu'allait prendre l'Histoire et de ses conséquences…
Et un soir la crainte frappe à sa porte. Marcel est enlevé. Sa femme pense ne plus jamais revoir son mari. Et Marcel pense sa dernière heure sonner. Pourtant c'est la stupéfaction ! Marcel se retrouve devant un lieutenant du FLN à devoir lui tailler un uniforme sur-mesure. A son retour, bien qu'il soit content d'être en vie, les commérages vont bon train car on n'en revient jamais vivant !

Cette histoire, c'est celle des grands-parents de l'auteure. Dans ce livre, Olivia Elkaim retrace ses origines depuis l'Algerie de sa famille au retour forcé en France métropolitaine. Une époque d'exil où le mot « Pied-noir » est difficile à porter. Ni français, ni algérien, la proclamation d'indépendance d'Algérie a fait de nombreuses victimes et de nombreux dégâts. C'est le début d'une lutte et de combats interminables pour ce peuple français vu comme étranger. Sans compter la souffrance psychologique d'avoir dû abandonner tout une vie et de devoir recommencer à zéro.
Mes chères lectrices et chers lecteurs, je vous dresse là un tableau incomplet de cette époque historique. Je ne trouve pas les mots pour vous décrire la douleur d'une famille déchirée et terrorisée par un avenir incertain, par une administration qui ne reconnaît pas son citoyen. L'auteure vous raconteras son histoire avec beaucoup de véracité. L'histoire qui fut celle de sa famille mais de bien tant d'autres aussi. Vous serez gagnés par l'émotion, la colère et l'incompréhension.

Ce livre n'est pas un service presse mais une oeuvre incroyable que j'ai eu plaisir à découvrir. Je ne peux que vous recommander cette lecture qui vous bouleversera à coup sûr !
Relizane était une ville exceptionnelle… prenez le temps de la visiter 😉
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