Les Juifs de France entre république et sionisme

Un essai remarquable de Charles Enderlin qui fait oeuvre de pédagogie pour redonner du sens à la place des juifs au sein de la République Française avec le fameux décret Crémieux pour les juifs d'Algérie (1870) qui suit le décret de l'Assemblée Nationale de 1791 qui donne la citoyenneté Française à tous les juifs sur le territoire national. Il nous renseigne sur le tissage très étroit qui a existé malgré la virulence des attaques de l'Extrême-Droite antisémite qui a culminé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais depuis la création de l'État d'Israël en 1948, les idéaux de fraternité et de citoyenneté qui avaient malgré tout survécu à cette période de volonté d'anéantissement des juifs par le Nazisme, ces idéaux se sont petit à petit transformé en une fusion de l'identité juive dans la défense de l'État d'Israël, dans sa volonté d'hégémonie sur le territoire de la Palestine, dans un idéal de sionisme où les valeurs de la droite et de l'extrême-droite trouvent leur place en désignant un ennemi: l'arabe musulman. Il nous décrit comment la volonté d'Indépendance des pays du Maghreb, puis la lutte contre le colonialisme avec les erreurs et les exactions qui l'ont accompagné ont affaibli le lien qui existait en France malgré les discours antisémites permanents de certains milieux. La confusion portée en étendard par le CRIF et le Consistoire entre l'antisémitisme et le sionisme, la volonté de défendre tous les actes d'Israël quels qu'ils soient à l'encontre des populations palestiniennes ou des pays voisins, la profession de foi de considérer Israël comme le représentant des juifs du monde entier, le refus de considérer les palestiniens comme un peuple qui a des droits et la minorité arabe au sein même d'Israël comme aussi respectable et porteuse des mêmes droits que les juifs, tout concourt avec la montée du fanatisme religieux islamique à une poursuite indéfinie du conflit israélo-palestinien et à son importation en France.
Il fait écho à un petit opuscule publié en 2018 de Dominique Vidal Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron