La Catastrophe israélienne : Vers un fascisme messianique ?

Dans ce libelle, Charles Enderlin, observateur avisé du conflit israélo-palestinien depuis 40 ans, analyse la progression au sein de la société israélienne du courant religieux au détriment des séculiers. Alors que Theodor Herzl, le fondateur du sionisme à la fin du 19ème siècle, et Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël en 1948, prônaient un sionisme séculier, dégagé de l'emprise de la religion, et multiculturel (admettant les droits des Arabes), ce sont désormais les sionistes religieux qui sont au pouvoir. En voici quelques figures :
Bension Netanyahu, le père de l'actuel Premier ministre, pourfend la "croyance gauchiste" selon laquelle les Arabes auraient renoncé à détruire les Juifs. Selon lui, le sionisme émanant de l'Ouest, il est considéré par les Arabes comme une création étrangère dont il faut se débarrasser.
Benyamin Netanyahu a perdu les élections en 1999 après avoir cédé la ville de Hebron en Cisjordanie, provoquant l'ire des colons et des nationalistes.
La théologie du messianisme juif moderne voit le jour au début du 20ème siècle : le grand rabbin Abraham Isaac haKohen Kook décide que le monde est entré dans l'ère eschatologique. le sionisme politique ne serait qu'un instrument aux mains de la divinité pour fonder un pays théocratique dirigé par la Halakha, la stricte loi juive.
Quand les idéologues de ce mouvement découvrent, au moment du retrait de Gaza en 2005, qu'une majorité de la population israélienne approuve le départ des colons, ils en concluent qu'il faut combattre cet Israël démocratique et séculier.
En découle l'attaque contre le système judiciaire israélien, fondé sur le droit séculier. En découle également l'idée de bâtir un Etat-nation juif. Les Arabes israéliens perdent leurs droits communautaires.
Netanyahu s'est allié aux chefs des partis "Sionisme religieux" et "Puissance juive", lequel chef avait dans son salon un portrait du terroriste juif Baroukh Goldstein, qui assassina 29 fidèles musulmans à Hébron. Il hérite du ministère de la Sécurité intérieure.
Disposant d'une solide majorité à la Knesset (64 députés sur 120), Netanyahu peut mettre en place en 2018 la loi "Israël Etat-nation du peuple juif".
Les ultra-orthodoxes, traditionnellement contre le sionisme, profitent de cette coalition pour être définitivement exemptés du service militaire et voir le système d'éducation privé financé par l'Etat. 90% des rentrées fiscales sont assurées par les Israéliens non orthodoxes. le budget des écoles talmudiques des ultra-orthodoxes augmente de 40% alors que 50% des hommes Haredi (ultraorthodoxes) ne travaillent pas !
Dernier point abordé par l'auteur, la question de l'apartheid instauré par Israël dans les territoires occupés où la gestion civile est confiée à des sionistes religieux.
Pour le juif israélo-américain Yoram Hazony, Israël ne peut pas être à la fois un Etat où les habitants seraient des juifs et une démocratie universaliste.

Dans ce court essaie, Charles Enderlin, franco-israélien (il vit à Jérusalem), ancien correspondant de France Télévision en Israël, et probablement l'un des meilleurs analystes de la société israélienne, livre une analyse sans concession sur une démocratie chancelante encalminée dans un illibéralisme qui travaille la société israélienne depuis deux décennies.
Croisant les perspectives historique, idéologique et sociologique, il décortique la mécanique qui mène Israël aujourd'hui vers une impasse certaine.
Un libelle qui permet de saisir une partie de ce qui se jour aujourd'hui.