Au nom du Temple

Le samedi 7 octobre 2023, jour de Shabbat et le jour de la fête de Sim'hat Torah, plusieurs milliers de roquettes tirées depuis la Bande de Gaza frappent Israël.
Dans le même temps, les nazislamistes du Hamas franchissent la frontière et se livrent à de véritables pogroms dans le cadre d'une opération baptisée "Déluge d'al-Aqsa".
Le bilan du massacre est le plus lourd depuis la Shoah : environ 1200 Israéliens sont torturés, violés, exécutés, décapités, brûlés, mutilés, souillés, humiliés publiquement, profanés... et 250 d'entre eux - dont 40 enfants -, sont pris en otage et emmenés à Gaza.
Commence alors la guerre de Gaza, qui dure maintenant depuis plus de 100 jours, faisant de très nombreuses victimes parmi la population palestinienne, n'épargnant pas non plus les soldats de Tsahal (armée de l'état d'Israël).
Récemment, et pour la première fois depuis ce week-end sanglant le Hamas palestinien a admis - ce dimanche - "des "erreurs" ayant provoqué la mort de civils pendant son attaque contre Israël le 7 octobre. Il a livré sa "version des faits" dans un document de près de 20 pages... dans lequel le mouvement terroriste affirme que le 7 octobre était une étape nécessaire..."

Nous avons tous à l'esprit et en mémoire les images et les réactions à ces actes de barbarie, celles quotidiennes de Gaza en cendres, avec ces dizaines de milliers de déplacés, ces morts... scènes toutes plus horribles les unes que les autres.

Tous nous nous faisons une idée plus ou moins étayée sur les responsabilités et du 7 octobre et sur la réaction du gouvernement emmené par le PM israélien Benyamin Netanyahu, l'inoxydable homme politique dont la longévité à la tête de l'état d'Israël n'a pas d'égal dans l'histoire de l'État hébreu... et pour cause !

Je suis né cinq ans après la création de l'État d'Israël.
j'ai connu - de loin - beaucoup de ses guerres, beaucoup de ses tentatives de paix et depuis presque vingt ans maintenant sa colonisation à marche forcée du peu de ce qui appartient ou appartenait aux Palestiniens...
Beaucoup de mes amis ont fait l'expérience des Kibboutz - j'ai été tenté mais je n'y suis pas allé -.

J'ai été un supporteur d'Yitzhak Rabin assassiné par Yigal Amir, un de ces Juifs ultranationalistes, ultrareligieux... ceux qui colonisent à outrance depuis plus de vingt ans, ceux avec et pour lesquels gouverne Netanyahu...

Comme beaucoup, je connais le journaliste Charles Enderlin, installé depuis quarante ans en Israël...
Ses reportages et ses documentaires m'ont toujours paru d'une grande honnêteté intellectuelle, d'une grande rigueur professionnelle.
Mais à part - Israël, l'agonie d'une démocratie -, je n'avais rien lu de lui...

Avec - Au nom Du Temple - Israël et l'irrésistible ascension du messianisme juif ( 1967-2013 ) -, j'ai souhaité creuser davantage un sujet dont je ne cesse d'entendre parler depuis 70 ans...

Charles Enderlin a beaucoup écrit sur Israël... et cet ouvrage n'est pas le fruit de son travail le plus récent.
Si je l'ai choisi, c'est d'abord pour son thème - plus actuel que jamais -, et pour la période qu'il recouvre ; cette période n'omettant pas de faire référence aux origines, aux racines... quant à ce qui s'est ensuivi après 2013, chacun a pu en prendre connaissance à travers l'actualité... année après année.

Dans ce livre fourni, l'auteur retrace donc l'histoire de la création de l'État hébreu, et l'histoire de ce peuple et de ce pays devenu nation... une nation démocratique ayant pour vocation initiale de vivre pacifiquement auprès d'un voisinage arabe qui a toujours tout fait pour se débarrasser de ce "corps étranger"...

Charles Enderlin nous fait revivre les différentes étapes historiques qui ont mené Israël de Ben Gourion à Netanyahu, en passant par Moshé Sharett, Lévi Eshkol, Yigal Allon, Golda Meir, Yitzhak Rabin, Menahem Begin, Yitzhak Shamir, Shimon Peres, Ehud Barak, Ariel Sharon, Ehud Olmert, Naftali Bennett, Yaïr Lapid, Benyamin Netanyahu ( l'ordre est chronologique... mais certains d'entre eux ont occupé plusieurs fois la fonction comme c'est le cas pour Netanyahu ).

Avec clarté et précision, il démonte et remonte cette histoire schizophrénique qu'est celle d'Israël partagée entre des hommes d'État réalistes et pragmatiques, partisans le plus souvent de ce qu'on qualifie de nos jours de la "solution à deux États", et ceux plus opportunistes ou sincèrement convaincus que cette terre est un héritage de "droit divin", qu'elle leur revient donc intégralement ; ce sont les tenants d'une " politique à un seul État".

Cet écheveau visité et expliqué par Charles Enderlin, c'est l'histoire de cette longue dérive d'une démocratie modèle vers un jusqu'auboutisme messianique dont nous pouvons mesurer aujourd'hui les conséquences funestes.

Dans cette histoire, les Arabes... dont les Palestiniens, ne sont pas en reste de responsabilités... de bonne volonté à certains moments, de rendez-vous manqués à d'autres, de radicalités voire de fanatisme et de barbarie comme le monde a pu le constater avec effroi le 7 octobre dernier.

D'une plume qui peut sembler un peu rêche parfois, Charles Enderlin nous offre un excellent outil de réflexion pour appréhender un sujet à propos duquel beaucoup croient tout savoir.. à tort...

À lire pour pouvoir penser et réfléchir en connaissance de cause.


"Le titre de votre ouvrage signifie-t-il que pour vous les sionistes religieux et Jabotinsky, qui voulaient ériger un mur d'acier envers la population arabe ont gagné ?

Les faits sont là : depuis 1967, la guerre de Six jours et la conquête des territoires occupés, la droite nationaliste et le mouvement fondamentaliste messianique ont réussi à installer 360 000 colons en Cisjordanie avec un taux de croissance de 5%. Il est impossible d'en évacuer la plus grande partie. Souvenez-vous, il avait fallu 13000 militaires et policiers pour déménager les colons de Gaza. Or, aujourd'hui, rien que dans une colonie comme Beit El, près de Ramallah, on compte 8000 habitants… et il y a plus d'une centaine de colonies de ce genre au coeur de la Cisjordanie. Cela, sans parler des blocs urbains proches de la ligne verte. Il faut rappeler qu'actuellement plus de 40% des officiers d'infanterie sont des sionistes religieux dont un pourcentage important habite des colonies, certaines même « sauvages » non autorisées par le gouvernement israélien. Obéiront-ils à l'ordre d'évacuer leurs proches ?"
(Extrait d'une tribune de charles Enderlin du 3 mais 2013 pour l'IRIS)