Nouvel auteur à débarquer au catalogue de la maison Slatkine & Cie,
Jeremy Ergas propose pour son premier thriller
La machination. Une sombre histoire de meurtres dans le milieu littéraire. Vous avez dit intéressant ?
# La bande-annonce
« le visage du condamné était transfiguré : les pointes lui entaillaient la peau jusqu'aux os, mais il ne souffrait pas. Son visage rayonnait d'une béatitude extatique. Était-ce dû à la morphine ? En partie, mais je crois surtout que l'idée de justice avait pris possession de lui. Il déchiffrait de plus en plus clairement les Sept Commandements que je gravais sur son dos. Ses blessures lui révélaient ses fautes. Il comprenait enfin que la littérature était sacrée, que personne n'avait le droit de la souiller en écrivant des livres médiocres destinés uniquement à séduire les masses et à faire de l'argent. »
Le romancier Benjamin Novelle est assassiné en rentrant d'une soirée littéraire à Cologny. On retrouve son cadavre avec, dans le dos, un texte gravé en lettres de sang, la liste des Sept Commandements de l'Écrivain.
Le meurtre fait la Une des médias et la peur s'installe à Genève. Dans les semaines qui suivent, un éditeur et un agent littéraire sont tués dans les mêmes conditions. Sur leur dos, d'autres Commandements. le journaliste Jean Cros multiplie les articles au sujet de cette série de crimes et décide d'en faire un roman. Deux écrivains ont la même idée que lui.
# L'avis de Lettres it be
Un romancier assassiné en rentrant d'une soirée littéraire, un texte gravé sur le dos de la victime, tout un milieu en émoi qui, en même temps, s'excite de ce danger qui rôde et regrette les disparus qui vont s'accumuler au fil des pages… Dès le départ, ce premier livre de
Jeremy Ergas montre qu'il en a sous la pédale. L'histoire se pose vite, l'intrigue semble bien intéressante. le cadre est original et on se régale par avance de percer les secrets de ce petit monde littéraire qui voit, entre autres, dans cette suite d'assassinats l'occasion idéale de faire des livres, et des larmes. Mais d'une bonne intention devinée très vite, nous passons rapidement à une plus grande surprise encore…
Des agents du FBI saisis pour une affaire de meurtres en Suisse (!), une brigade française mise sur le coup, un meurtrier qui n'agit que par volonté de défendre la grande littérature (!!), des rebondissements plus qu'inattendus voire incohérents… Très vite, lorsque les éléments de
la machination se mettent en place, difficile de ne pas se laisser surprendre par le vent de folie qui flotte dans ce livre. Tout ne s'imbrique pas forcément à merveille mais s'installe un climat plutôt frais et original avec des revirements aussi incohérents qu'intéressants pour la suite à venir. On se laisserait presque séduire…
Avec son premier thriller,
Jeremy Ergas propose un récit rondement mené, trop rondement mené. Dans son déroulé et sa structure, ce récit semble trop lisse, trop attendu, trop « scolaire ». Malgré, comme dit précédemment, des situations parfois incohérentes, les quelques originalités du livre s'arrêtent là pour embrayer sur du classique dans la construction. On retrouve tous les ingrédients d'un bon polar, bien rangés et bien mis en place. Il ne faut pas attendre beaucoup de pages pour assister à l'inévitable scène d'autopsie, on a le droit au conflit de hiérarchie policière, au cul-de-sac dans l'enquête qui va se débloquer avec un tout petit changement etc… Tout est trop bien mené. L'exercice est rempli mais la lecture laisse un goût d'inachevé. Par moment, à force d'événements attendus parce que propres au genre, on se surprend à croire à une parodie de polar noir :
Jeremy Ergas aurait-il écrit un La cité de la peur littéraire ?
Petite déception donc, à la lumière des éléments donnés précédemment. Dans un livre à l'écriture plaisante et au rythme bien tenu, on regrette amèrement une structure et un déroulé classiques, basiques et attendus.
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