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EAN : 9782267027143
300 pages
Christian Bourgois Editeur (08/01/2015)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Rêveries, souvenirs, pensées..., tout est là dans la promenade, cette expérience émotionnelle de l'espace qui brasse continûment la mémoire personnelle et l'histoire collective. Ici, une longue promenade sur quatre saisons, d'un été au printemps suivant, à travers des jardins proches, à Paris et en Île-de-France, mêlés à la réminiscence des paysages lointains, l'Italie et le Japon, la Bretagne et l'Himalaya.

En mélangeant les jardins et leurs époques,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ignore si ce livre s'adresse à un public en particulier (urbanistes paysagistes, amoureux des jardins publics, parisiens flâneurs dans les espaces de verdure de la capitale), mais je le trouve merveilleusement bien écrit.

J'en suis arrivée à lui, indirectement (ou plutôt directement), grâce à Linda Lê, avec laquelle Claude Eveno a signé le livre Memento mori.

J'ai ensuite choisi, pour découvrir son écriture, le petit mais fort dense livre intitulé histoires d'espaces, qui se lit nettement plus lentement.

Ce deuxième titre a attiré ensuite mon attention, par sa quatrième de couverture. J'adore les flâneries teintées de réflexions historiques, littéraires et même architecturales. En ce sens, c'est un livre exceptionnel, mais je n'ai pas le bagage culturel, notamment des connaissances de la région parisienne et de son Histoire, pour tout savourer. Aussi, je me suis laissée charmer surtout par les descriptions de la nature, les commentaires en marge des illustrations et par le phrasé enveloppant de l'auteur. Une langue exquise doit faire le délice de tout traducteur ou d'un lecteur assidu quelconque.

Le livre s'achève, fort pertinemment, avec une belle considération de Véronique Rossignol : « Celui qui se dit depuis toujours “tiré à hue et à dia entre les images et les mots” commençait chaque rentrée scolaire par lire aux nouveaux étudiants de l'École nationale supérieure de la nature et du paysage à Blois, où il a enseigné l'histoire des jardins pendant treize ans, un extrait d'Enfance de Nathalie Sarraute, “une merveille de traduction par les mots de la chose regardée”, qu'il cite dans Un monde avant. » (Livres Hebdo)
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Un soleil bleu pâle et de plus en plus pâle, au fur et à mesure des kilomètres qu’il faut parcourir pour arpenter le parc de Saint-Cloud dans toutes ses dimensions – soleil d’hiver, lumière froide et acérée qui cernait les formes et permettait de les distinguer avec la plus grande netteté, un jour de semaine à midi, avant que de rares promeneurs emmitouflés viennent se croiser par-ci par-là dans les allées. À cette heure-là, le parc est le lieu parfait d’une merveilleuse solitude.
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En attendant, il est encore possible de « tomber des nues » en voyant la colonne brisée et de plonger, devant ce qui reste du Théâtre Découvert sous un Berceau de Grands Ormes, dans un regret imagé par les souvenirs d’autres lieux, saisis par la littérature et le cinéma avant qu’on en fasse des attractions monumentales : les monstres oubliés de Bomarzo dans le regard d’André Pieyre de Mandiargues ; les déambulations de Françoise Arnoul, Daniel Gélin ou Michel Piccoli dans la Saline Royale d’Arc-et-Senans, édifiée par Claude-Nicolas Ledoux, version austère mais tout autant féerique d’un homme des Lumières, filmée dans la magie d’un semi-écroulement par Marcel Bluwal ou Pierre Kast pour faire le décor d’un Don Juan ou d’une Morte-saison des amours.
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Quelque chose a commencé là. Ma vie rêvée peut-être, ou plutôt une forme offerte à la rêverie de l’enfant : plus qu’un décor, une véritable géographie imaginaire, mêlant sans hiatus toutes les grâces pourtant diverses de l’Île-de-France. « Là », c’était à la fois le paysage d’une peinture et ce qui venait s’y glisser en surimpression, d’année en année, au fur et à mesure des promenades dominicales en famille autour de Paris : des bois, des forêts, des lacs et des rivières, des lieux parfois très éloignés les uns des autres mais qui s’établissaient toujours, dans le monde intérieur de l’enfant, comme s’il s’agissait de pièces détachées d’un même tissu, immédiatement raccordées sans marque de soudure avec le territoire qui semblait être né dans la peinture et s’y enfermer tout en ne cessant de s’y agrandir.
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La modestie sonore du lieu incitait à relever le lien d’une certaine qualité de silence avec la planéité, quand elle se déploie dans l’ampleur, comme ici et ailleurs chez Le Nôtre, et autour du canal, où tout semblait arrêté, les gens étendus sur la pelouse, un lecteur au loin, assis sur le bord, et même les cygnes, si lents qu’on ne percevait pas leurs mouvements – arrêté au point d’amener à considérer les jardiniers de la tradition française en maîtres artisans de l’immobile. Et c’était cela qui, sans doute, appelait aussi la Variation 25, avec la mémoire de sa lenteur et même de son immobilité aux moments où la main de Glenn Gould est en suspension au-dessus du piano, comme incertaine d’y poser la note suivante, la même suspension qui avait été la nôtre en interrompant la marche un instant, hésitant sur la direction à prendre ou sur le rythme à reprendre.
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Le chemin vers le fond du jardin, si heureux le jour, était aussi celui d’une peur nocturne récurrente, quand il fallait aller aux toilettes dans la nuit, une cabane puante où régnaient d’énormes mouches noires aux reflets bleus, une peur alimentée par les plaisanteries des cousins campagnards qui affirmaient toujours en riant qu’on risquait de croiser des créatures inquiétantes, chiens errants, loups en maraude et même l’ankou, l’annonceur de la mort avec sa charrette grinçante. Joie et peur formaient un puissant alliage, une alchimie au service du jardin pour qu’il soit constamment magique, malgré son apparence ordonnée par les règles ordinaires d’un potager, les longues bandes bien droites des plantations et la distribution des végétaux selon des lois de proximité ou d’éloignement des essences auxquelles je ne comprenais rien.
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