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EAN : 9782070377176
224 pages
Gallimard (21/03/1986)
3.97/5   119 notes
Résumé :
Grégoire Quatresous va rencontrer pour la première fois le destin en 1943. Avec son ami Baboulot, il a tenté d'oublier pour quelques heures l'horreur de l'Occupation.

Mais une patrouille allemande le prend en chasse, et il n'échappe à l'arrestation qu'en se réfugiant chez les trappistes. Il y restera vingt-six ans, jusqu'au jour où, allant voter Pompidou, il rencontre pour la seconde fois le destin qui a les appas d'une belle marinière, Muscade.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le braconnier de Dieu, c'est l'histoire de Grégoire Quatresous, dit « Vingt Centimes ». Jeune homme épris de coquineries, cherchant avec son ami Toussaint Baboulot à oublier de temps en temps les affres de l'Occupation dans les bras d'une femme généreuse dont le mari est prisonnier, c'est un soir de 1943 en revenant de chez la mère Françoise que son destin va prendre une tournure inouïe. Pour échapper à une patrouille allemande qui traque les deux compères, il ne doit la vie sauve qu'en trouvant refuge auprès de moines Trappistes. C'est comme cela qu'il va devenir Frère Grégoire à l'abbaye Notre-Dame de Sept-Fons.
Vingt-six années consacrées à la dévotion et à la communauté de ses frères moines... Et puis un dimanche de juin...
« Ce fut en allant voter Pompidou que Frère Grégoire rencontra le péché. » C'est d'ailleurs ainsi que commence ce récit savoureux de René Fallet. Tout est annoncé dans cet incipit jouissif à souhait...
Ce dimanche matin-là, le chemin de Frère Grégoire va rencontrer celui de Muscade, belle et voluptueuse marinière dont la péniche est amarrée sur la berge du canal du Nivernais. Non, je vous assure qu'il n'y a pas de contrepèterie dans cette phrase...
C'est un dimanche matin de juin qui sent l'odeur enivrante des pistils, l'école buissonnière et le pastis...
Muscade, c'est la jolie fleur rouge d'une bouche, c'est un pépin qui se glisse dans le fruit défendu, quelque chose de trouble et de féminin. C'est un rire gorgé d'impudeur et de jaja, c'est le bleu du ciel qui se retourne, c'est la java dans tous ses états...
Quand le vin de messe est tiré, il faut le boire !
Frère Grégoire ne s'en remet pas, certaines mauvaises langues diront que, s'en retournant à l'abbaye après cela, au bureau de vote, se saisissant d'un seul bulletin, il aurait même voté communiste...
Je vais vous faire une confession : ce court roman m'a fait un bien fou. C'est une ode à l'incivilité, à la chopine et à l'amour. Chaque page se boit comme un verre de Saint-Pourçain.
C'est l'aventure au bord du zinc, c'est le soleil dans les verres, c'est la joie au balcon à gorges déployées...
C'est follement drôle et c'est fin en même temps, jamais vulgaire, fin de poésie... Poésie champêtre, rurale, poésie de la fraternité et de l'amour...
Chaque phrase se boit comme du petit lait. « C'est le petit Jésus en culotte de flanelle ! »
Drôle, léger oui... Mais ne vous y trompez pas, derrière l'allure d'une farce paillarde et anticléricale, derrière la langue truculente de René Fallet, se cache aussi une fable inspirée qui fait l'éloge de la liberté et de la joie de vivre.
Apôtre de l'esprit libre, René Fallet nous invite, en fustigeant la religion, à revisiter la notion du péché et à nous éprendre de la vie telle qu'elle vient, avec ses gourmandises et ses chemins de traverses...
Et Dieu dans tout ça ?
Dieu ? Il s'en sort plutôt bien merci pour lui, dépoussiéré, réhabilité, remis au coeur de la vie...
Le braconnier de Dieu, c'est un orgasme bucolique, oenologique, fraternel, littéraire...
Le miracle de ce petit livre sans prétention est que chaque page est un éveil des sens.
Un roman à déguster sans modération...
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Le destin va, par deux fois, changer la vie de Grégoire, une première fois pour échapper aux allemands il se réfugie au monastère où il y restera vingt six ans; puis une seconde fois lors de l'élection de Pompidou où il va retrouver la vie civile dans les bras d'une femme .
Une suite de péripéties, de conversions et d'amitiés va modeler la nouvelle vie de Grégoire , pour son plus grand bonheur, mais pas toujours pour celui de ceux qui l'entourent.
Des dialogues Irrévérencieux, blasphématoires et parfois antiféministes, l'excuse que l'on peut avancer, ce roman fut écrit en 1973, mais qui donne une bouffée d'air frais justement au regard de certaines productions du 21ème siècle où l'on ne peut plus rire de rien.
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Je dois avouer que, à la vue de la couverture, j'ai longtemps hésité à entamer ce livre.

Mais je le regrette aujourd'hui. J'y j'avais su, je l'aurais ouvert beaucoup plus tôt.

Un petit livre sans prétention.

Et cela fait du bien.

Drôle. Léger.

et surtout, sous ses airs de ne pas y toucher, c'est une sacré leçon qui est distillée dans ces pages : critiques de la religion et de la notion de péché, grande liberté de pensée, pouvoir de la foi qui déplace des montagnes... Un bon générateur de réflexion!

Premier livre lu de René Fallet, et surement pas le dernier.
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A la question « Votre oeuvre est abondante et variée. Peut-on y distinguer plusieurs veines ? », René Fallet a répondu : « J'en vois deux principales, la veine whisky et la veine beaujolais. La première plus mélancolique, plus britannique également. L'amour se marie assez bien au whisky. Comme un glaçon. La veine beaujolais est plus débridée, plus joyeuse, plus aérée aussi. En un mot, plus heureuse. » ‘'Le braconnier de Dieu'' relève sans conteste de la veine beaujolais…

Grégoire Quatresous, jeune homme, devient Frère Grégoire à l'Abbaye de Sept-Fons pour éviter un sort funeste. Après vingt-six ans de vie cloîtrée et paisible, il a un incident de parcours et une divergence d'opinion avec le père abbé sur la notion de péché : « J'ai fait l'amour. C'est là-dessus qu'il faut me juger. Pas sur l'oeuvre de chair. L'oeuvre de chair, d'accord avec vous, mon père, c'est laid, c'est sale. Pas l'amour. (…) On ne peut pas se repentir d'une chose qu'a été si belle et si propre. On se repent de ce qui est mal, pas de ce qui est bien. »
Menacé d'être chassé de l'ordre, il prend ses cliques et ses claques et redevient Grégoire Quatresous. Recherchant et retrouvant son copain de bamboche lorsqu'il était jeune homme, il trouve un emploi dans la ferme où travaille celui-ci.

Nous sommes au quart du livre et le décor est planté…

Si Grégoire n'est plus Frère Grégoire, il n'en reste pas moins un vrai croyant ; il va essayer de ramener à Dieu les brebis égarées qui l'entourent avec des méthodes pas toujours conformes aux règles enseignées à l'abbaye de Sept-Fons ; c'est bien connu, ‘'les voies du Seigneur sont impénétrables''… Il ne ménagera pas ses efforts tout en profitant des joies de la vie civile et ira même jusqu'à créer… mais je vous laisse découvrir l'apothéose finale de ce parcours épique rempli de bonne humeur et de truculence.

Parlant de René Fallet, Antoine Blondin comparait « sa délicatesse de facture (…) à un fabricant de porcelaine dans un magasin d'éléphants ». Ce roman en est une illustration.


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Véritable orgasme littéraire, le roman de René Fallet est une perle tant par la cocasserie des situations que par les expressions employées par les différents protagonistes. Les personnages sont hauts en couleur et ne manque pas de relief. Il n'y a pas une page où l'on s'ennuie même si l'on ne sait pas où l'auteur cherche à nous conduire, les voies du Seigneur ne sont-elles pas impénétrables ? C'est une très belle étude de la France beaujolpif et champêtre. A savourer sans aucune modération.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
(Sermonné par le père abbé de l’abbaye, frère Grégoire décide de quitter celle-ci)

- J’y vois bien qu’il faut que je m’en aille. Ça me manquera bien, ma maison, mais on pourra pas m’y faire dire, et j’y dirai jamais, que le bien, c’est le mal. J’y peux pas. Faire l’amour comme ça, c’est pas du péché, c’est du bonheur. C'est ce que je pense, pour une fois que je pense. Je vous comprends, mon père, ma place n’est plus ici. Ça fait vingt-six ans que je me traite, et qu’on me traite de pécheur tous les jours, du matin au soir et du soir au matin. Je m’aperçois que c’était pas vrai. Pour être pécheur, faut pécher. Eh bien, je vais pécher, et jusque là ! Si le péché ça s’appelle pouilly et Muscade, c’est pas grave. C’est pas ça qui me fâchera avec le bon dieu. On pourrait se brouiller, tous les deux, seulement si j’étais envieux ou méchant, si j’aimais l’argent ou si je l’aimais plus, lui.
- Ecoute. Je te parle comme à un soldat. Tu offenses ce dieu que tu as servi si longtemps. Si tu l’offenses, comment veux-tu qu’il t’aime encore ?
- C’est pas prouvé que je l’offense. On n’est que des serviteurs. Même vous, mon père, qu’êtes haut placé, vous pouvez pas causer pour lui. Vous avez beau être cent fois plus instruit et plus intelligent que moi, ça m’empêchera pas d’avoir maintenant ma petite idée là-dessus.
(…)
- Je veux pas dire que j’ai raison, mon père. Mais faut suivre ce qu’on croit être sa vérité, c’est ce que je me dis. Elle a été ici, pour moi, et je regrette pas ces vingt-six ans où j’ai été heureux comme pas deux. Maintenant elle est dehors, ça fait que je sors.
- Et où iras-tu, espèce de bourrique ?
- J’irai travailler dans une ferme, c’est tout ce que je sais faire. Comme y a des prêtres ouvriers, moi, je serai une espèce de prêtre cultivateur. Mes vœux solennels, je me les garde au fond de moi, même si vous estimez qu’ils sont rompus.
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Que, somme toute, le pêché n'est rien d'autre que l'oiseau rare du pêcheur.
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à mon avis, le dieu de tes parents, c'est le dieu tout puissant, celui qu'on a inventé pour foutre la trouille aux gens, une espèce d'adjudant du ciel, une sorte de flic qui ne veut pas qu'on fasse l'amour avec plaisir, et qui flanque du remords même dans le pinard. mon dieu à moi, à toi aussi, c'est un brave type qui a créée le monde mais qui a été dépassé par les évènements. un dieu sans défense, et qui peut plus rien contre la guerre, la maladie, la mort et les méchants. c'est pour ça qu'il faut l'aimer, parce qu'il est bien malheureux, le pauvre vieux. ça le fait pas rire, va, de voir toute cette misère et de rien pouvoir faire pour y soulager.
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— (...) Je peux pas comprendre (...) que le Dieu des bêtes à bon Dieu, ça soit le même que celui de mes parents quand ils vont à la cathédrale. Celui-là, il est pas marrant, il sent le renfermé, il est triste, il est tout noir.
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Ce fut en allant voter Pompidou que Frère Grégoire rencontra le péché.
Paradoxe des paradoxes, le suffrage universel chassa le saint homme du royaume des élus, l'immola sur les autels de la démocratie.
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Vidéo de René Fallet
22 janvier 1977 René Fallet, dans son bureau parle du chat en général et présente son chat Siamois, Bonnot. Pour lui il y a quelque chose de féminin chez le chat. Photographies de Georges Brassens.Photographie de chat.
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